Brésil (1991-1992): La tentation du populisme économique
Publié le 12/09/2020
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Brésil 1991-1992
La tentation du populisme économique
Le président Fernando Collor a inauguré, en mars 1992, la troisième année de son
mandat par un profond remaniement ministériel.
Longtemps isolé, il s'est
construit une base parlementaire en se rapprochant des partis de droite.
Plusieurs des ministres du nouveau cabinet ont occupé des postes à
responsabilité pendant la dictature militaire qui a régné sur le pays entre 1964
et 1985.
La situation économique est demeurée catastrophique: la croissance en 1991 a été
quasi nulle (1,2%) et l'inflation dans les premiers mois de 1992 s'était
"stabilisée" au-dessus de 23%.
Les ventes au détail sont tombées au niveau de
1985.
Le salaire minimum, qui constitue la base de la rémunération de près de
70% des travailleurs dans les régions les plus pauvres, a oscillé entre 40 et 80
dollars au rythme des réajustements décrétés, soit son plus bas niveau depuis sa
création, en 1940.
Seule l'agriculture s'est bien portée; la récolte de 1992
aura été la meilleure de l'histoire du pays.
Les problèmes d'infrastructures sont criants.
Les insuffisances des systèmes de
traitement des eaux ont facilité la progression du choléra qui s'est rapidement
propagé dans le nord et le nord-est du pays.
Fin avril 1992, 227 municipalités
étaient touchées et près de 22000 cas étaient déclarés.
Les enfants des rues et
les sans-abri ont pris possession des places, des parcs et des viaducs, étalant
leur misère et provoquant la peur.
A São Paulo, la violence policière a fait
1074 victimes en 1991.
Tandis qu'à Rio de Janeiro les autorités ont restauré la
vitrine défraîchie de la "ville merveilleuse" pour recevoir, en juin 1992, la
conférence mondiale sur l'environnement et le développement organisée par les
Nations unies.
Le discours écologique brésilien a toujours placé la Nature au
service de la croissance et du développement et les débats sur l'environnement
se sont situés dans le contexte plus large des relations Nord-Sud.
Avec une
classe politique presque unanime sur ce point, c'est le réflexe nationaliste qui
a primé, les Brésiliens ne voulant pas que les États-Unis leur dictent les
conditions d'exploitation de la bio-diversité amazonienne.
Dans les bras de la droite
L'isolement politique du président - élu sous une bannière de convenance, le
Parti de la reconstruction nationale (PRN) - n'a pas tardé à provoquer la
paralysie du gouvernement et de l'administration.
En octobre 1990, les premières
dénonciations de trafic d'influence, contrats illicites et surfacturation sont
apparues dans les médias.
Les scandales ont pris de l'ampleur en 1991, allant
jusqu'à mettre en cause la femme du président, Rosane, qui dirigeait alors un
organisme public d'assistance sociale.
Même l'armée a été incriminée dans une
affaire d'achat illicite d'uniformes.
Fin 1991, le ministre de la Santé, Alceni
Guerra, est tombé, puis, quelques semaines plus tard, le ministre du Travail,
l'ancien chef syndical, Antonio Rogerio Magri, est pris en flagrant délit de
corruption.
Le secrétaire à l'Environnement, José Lutzenberger, a été démis à
son tour en mars 1992 après avoir accusé les fonctionnaires de l'Ibama,.
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