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Commentaire du début du chapitre IIIPar quels moyens Voltaire dénonce-t-il le spectacle de la guerre ?

Publié le 08/12/2021

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Commentaire du début du chapitre III

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Commentaire du début du chapitre III

Par quels moyens Voltaire dénonce-t-il le spectacle de la guerre ?

INTRO

I. La scène tragique.

Voltaire exprime une gradation croissante du nombre de victimes: \"6000\", \"9 à 10000\", \"une trentaine de mille\". Les chiffres sont exagérés par rapport à la guerre de sept ans, mais plausibles en soi. L'ordre d'intervention des différents corps de bataille évoqués est, quand à lui, vrai, ce qui rend la guerre plus réaliste.

Les victimes sont des innocents: des femmes, des enfants, des vieillards, des civils. Grâce aux connecteurs \"ici\", \"là\", \"d'autres\" la désolation semble être partout, ici il y a une référence au registre pathétique.

Les champs lexicaux de la mort et de la violence sont omniprésents: dérivation \"mort\"-\"mourant\", multiplicationdes participes passés \"criblés\", \"égorgées\", \"éventrées\", \"à demi-brulées\"; avec une assonance en \"é\" qui crée un effet de rime interne, montrant à la fois la position de victimes et la barbarie des massacres. On peut également noter un réalisme très cru de certains détails anatomiques: \"membres palpitants\", cervelles à terre, ou situation: gens qui réclaments de mourir. Avec une surenchère dans l'horreur: Homme réduit à l'état de cadavre disloqué, comparaison à l'\"enfer\".

Voltaire emploi des mots relatifs aux animaux: les seins deviennent des \"mamelles\", \"boucherie\". La barbarie prive d'identité, ramène à l'état sauvage. Il évoque les conséquences du mal moral: ce que l'homme inflige à l'homme, par opposition au mal physique qui vient de la nature. Il séshumanise les êtres humains

Ici la guerre est rendue absurde: bataille sans motif \"pour quoi se bat-on ?\", objet de la discorde non mentionné, pas de vainqueur. Il y a une exacte symétrie entre les deux camps qui est soulignéé: \"chacun dans son camp\", \"l'avaient traité de même\"; les noms des deux adversaire son phonétiquement proches (paronomase). Il y a le même nombre de morts, la même foi en la victoire, le même comportement de soudards, la même absence de considération de l'adversaire.



II. Une mascarade.

La guerre est esthétisée: nous sommes dans la théâtralisation, la mise en scène, l'apparat, \"Dieu que la guerre est jolie\" d'Apollinaire: c'est la séduction visuelle de ce spectacle. Il y a un écart entre la réalité et l'interprétation de Candide, il est au spectacle:

-la scénographie: il y a une énumération d'adjectifs laudatifs soulignée par une anaphore en \"si\" qui signale l'émerveillement de Candide: les costumes, le décor, le cérémonial, ballet bien réglé

-l'importance de la musique: la présence d'une accumulation d'instruments (gaîté d'une fanfare: ouverture au sens musical du texte) avec une note dissonante: les \"canons\" comme instruments de musique

-le jeu sur le double sens qui crée un rythme alerte, entraînant: nous sommes à un concert

-le double sens du mot \"théâtre\": c'est un lieu où se déroule un événement (\"théâtre d'opération\") et \"théâtre\" comme mot appartenant au champ lexical du spectacle

Le terme \"héros\" est employé ironiquement: c'est un discours de propagande destiné à galvaniser l'ardeur guerrière, en opposition avec les actes commis: viols si présent dans Candide, avec une minimisation grâce à l'euphémisme \"après avoir assouvi les besoins naturels\" → critique de l'héroïsme guerrier. Ici, Voltaire parodie le registre épique. La guerre est légitimée \"selon les lois du droit public\" : perversion des valeurs, l'état de guerre justifie les pires actions. Voltaire vise des philosophes politiques comme Grotius qui légitimaient les ravages de la guerre.

L'indifférence au sort des soldats: décompte aproximatif \"à peu près\", \"environ\", \"quelques\", \"le tout\", les soldats sont comme une masse indistincte: on parle de quantité, de statistiques ( \"âmes\" comme dans un village de trentes âmes, \"des tas de\"). Il y a une absence d'émotion dans le décompte des victimes, qui crée un décalage entre le sort terrible et la manière dont il est formulé. Voltaire parle d'\"automates\", le cynisme de \"la chair à canon\", soldats de plomb.

La complicité de l'Eglise: présence des prêtres avec les \"Te Deum\". De nombreux passages dans Candide met l'Eglise en accusation: autodafé, pratiques sexuelles,... Cela tient du registre polémique. Voltaire ne comprend pas comment l'on peut remercier Dieu du massacre de milliers d'hommes.

L'optimisme: le terme péjoratif \"coquin\" et la métaphore \"infestaient\" reflètent la vision de Candide selon laquelle la guerre opèrait un tri voulu par Dieu: le massacre est moralement justifié.

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