Bouthan

« 1 / 2 20 janvier 1965 Série N• 27 Fiche N• 318 Bouthan 1.

Ce petit royaume himalayen (47 000 km 1), limité au nord par le Tibet, au sud par 1 l'Inde, à l'ouest par le Sikkim et à l'est par les tribus primitives de la North East Fron- ~--.' tier Area (NEFA), n'est habité (700 000 habitants) que dans de hautes vallées enfer- mées par les montagnes les plus élevées du monde, alors que sa frontière méridionale · est une jungle.

Le nom de Bouthan, du nom indien Bothanta, signifie l'extrémité du 8oth (Tibet).

Le plus grand nombre de ses habitants, les Bathias, sont en effet des · bouddhistes de race tibétaine.

· 2.

Les Anglais avaient voulu faire du Bouthan un protectorat.

Leur traité de 1910 a été repris en 1949 par l'Inde.

Il stipule que« le Gouvernement de l'Inde s'engage à ne pas s'ingérer dans l'administration du Bouthan et (que), de son côté, le Gouvernement du Bouthan consent à être guidé par les conseils du Gouvernement de l'Inde en ce qui concerne les relations étrangères"· De plus, l'Inde verse au Bouthan un subside annuel de 500 000 roupies (1 00 000 dollars).

3.

Jusqu'à l'occupation du Tibet par la Chine en 1959, le Bouthan était " le royaume interdit ..

, isolé, fermé à toute influence occidentale, sans routes.

Il fallait cinq jours à dos de mule pour se rendre à Paro, le centre le plus proche de la frontière indienne.

J Mais d'importants échanges commerciaux s'étaient établis avec le Tibet.

Les mar- ~ chands vendaient à bon prix du riz et rapportaient du thé, du sel, de la laine et des dollars chinois en argent.

Comme, après l'occupation, ils ne rapportaient plus que de la monnaie de papier et des idées subversives, le Gouvernement du Bouthan a Interrompu ce commerce.

Les nouvelles routes vers l'Inde ne l'ont que partiellement remplacé et le· prix du riz s'est effondré.

4.

L'autorité au Bouthan, naguère encore partagée entre un chef spirituel, le Dharma­ Raja, et un chef temporel, le Deb-Raja, est, depuis 1907, concentrée entre les mains du souverain, le Druk Gvalpo.

Le roi actuel, Djigme Dorgué Tchounaggouk, gouverne avec un petit groupe de familles liées entre elles et qui, en fait, exercent héréditaire­ ment le pouvoir: le premier ministre, assassiné en avril dernier, était le beau-frère du roi et la charge était dans sa famille depuis trois générations (c'est son frère, d'ailleurs, qui lui a succédé).

5.

La situation du Bouthan est d'une grande importance stratégique pour l'Inde et ta Chine.

La construction de routes et l'effort récent de modernisation de ce pays pittoresque, arriéré mais non pas pauvre, où les monastères bouddhistes (dzongs) ont l'air de châteaux forts, tendaient à en faire une marche protégeant l'Inde contre d'éventuelles menaces chinoises.

Mais l'entrée du Bouthan dans le monde moderne devrait Je conduire à une indépendance complète.

6.

Les récentes crises politiques, depuis l'assassinat du premier ministre jusqu'à la fuite au Népal d'un groupe de chefs (dont le premier ministre), dépassent les rivalités féodales.

Les « émigrés ,.

de Kathmandou accusent J'Inde d'ingérence dans les affaires intérieures du Bouthan et déclarent le roi incapable d'assumer ses fonc, tions.

Il y a là une situation que les Chinois (qui ont sagement contourné le Bouthan quand ils ont attaqué l'Inde) ne peuvent maoquer d'exploiter. 2 / 2. »