Bougainville
Publié le 18/05/2020
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«
Diderot Le Supplément au voyage de Bougainville : incipit ; le préambule (p23-27)
I) Jugement du voyage de Bougainville
I) De la conversation au dialogue philosophique
1.
une conversation entre deux intellectuels du XVIII è siècle
La situation d’énonciation.
Il s’agit d’un dialogue entre deux personnages dési gnés seulement par les lettres A et B.
L’espace où se tient la
discussion reste imprécis : les personnages se trou vent sans doute à l’extérieur (ou ont une vue sur l ’extérieur)
« sous la voûte étoilée », assis près d’une table.
Seule l’époque est asse z marquée puisque A et B devisent du
voyage de Bougainville et du récit de voyage qu’il a publié en 1771 mais la date de la rencontre et ses
circonstances restent floues.
Difficile enfin de pr éciser le moment de la journée où situer le dialogu e : on suppose
cependant qu’il a lieu le matin comme l’indique la mention de la présence d’un brouillard qui risque de se lever au
début de la conversation.
Les personnages et leurs relations
Des personnages anonymes sans épaisseur romanesque
Les deux personnages encadrent et conduisent l’ense mble du Supplément ; ils ne sont pourtant que désignés par
les deux premières lettres de l’alphabet, A et B.
N ous pouvons juste déduire quelques caractérisations à partir de
leur situation d’énonciation : ils sont européens, ont la curiosité d’esprit, les connaissances et les lectures des
Philosophes.
Leur état civil réduit à une lettre, A et B semblent être les représentants-type d’un mi lieu comme si
leur discours n’avait pas forcément valeur universe lle.
Cet anonymat limite aussi leur identification à des
personnages de fiction dotés d’une certaine épaisse ur psychologique.
Ils permettent essentiellement à Diderot de
faire passer ses thèses.
Des représentants des intellectuels du XVIIIè siècl e
A et B entretiennent des rapports qui renvoient à l a bonne société du XVIIIè siècle.
A évoque dans la première
phrase une promenade faite la veille avec B : on pe nse à ces séjours à la campagne entre gens de bonne compagnie,
invités dans un château provincial par un hôte de m arque pour jouir des bienfaits de la nature et de l’agréable
conversation de personnes cultivées.
Mais il s’agit ici plus qu’une simple conversation, immédiate, fortuite et l’impression de naturel ne résiste pas à
une analyse plus approfondie car elle présente des enjeux argumentatifs importants : il s’agit davantage d’une
discussion.
2.
Une discussion à visée dialectique et didactique
La dialectique
A et B apparaissent d’emblée comme ayant des points de vue divergents : l’opposition liminaire sur l’atmosphère
climatique est en ce sens significative.
Dans le pr emier sujet abordé, la prévision du temps de la jou rnée, A soutient
que le brouillard matinal annonce un journée couver te même si le ciel dégagé de la veille laissait présager une belle
journée.
B affirme pour sa part qu’il faut être plu s prudent et attendre car le brouillard peut encore retomber.
Cette
opposition se marque par des connecteurs logiques i ndiquant l’opposition : « Il est vrai ; / mais » ; « Mais si au
contraire… ».
Mais si on l’analyse de plus près, on remarque que A commence par énoncer avec certitude son
observation du ciel et que B apporte le doute ( « Qu’en savez-vous ? »).
Autrement dit B apparaît comme celui qui
se méfie des apparences et des certitudes.
Il ne ch erche pas à imposer son hypothèse et s’en remet pru demment au
temps : « Il faut attendre .
».
Le dialogue se poursuit sur le mode dialectique ave c un second débat autour de la figure de Bougainvil le : A ne
comprend pas les contradictions du personnage, gran d mondain intéressé par les mathématiques et les explorations,
alors que pour B elles révèlent en fait le mode de vie d’un philosophe des Lumière .
L’opposition se m arque ici par
l’adverbe « nullement » à la ligne 22.
Leur relation semble très équilibrée comme en témoi gne le volume des répliques identiques entre A et B.
Cependant une certaine supériorité de B qui se conf irmera par la suite semble s’installer.
C’est lui qui a le dernier
mot dans chacun des débats et il est mieux informé que A puisqu’il est en train de lire le voyage.
Sa dernière tirade
consacre son avantage.
B est celui qui sait, A est dans le rôle du questionneur qui interroge B, celui qui a lu le
Voyage de Bougainville , ses questions ou remarques orientent la conversat ion : « Je n’entends rien à cet homme
là.
» ; « Que pensez-vous de son Voyage ? »..
»
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