Bossuet considérait le genre romanesque comme dangereux pour les moeurs. Le roman contemporain justifie-t-il encore ce jugement ?
Publié le 20/12/2021
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Bossuet considérait le genre romanesque comme dangereux pour les
m œ urs.
Le roman contemporain justifie-t-il encore ce jugement ?
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet invite à considérer dans quelle mesure un jugement du XVIIe siècle peut
s’appliquer au roman contemporain.
Le jugement est celui de Bossuet écrivain et prédicateur du XVIIe siècle célèbre
pour ses Sermons .
Bossuet considère le genre romanesque comme dangereux pour les
mœurs.
Le terme de m œurs mérite ici une attention plus précise du fait de ses multiples
significations.
Par m œurs on entendra d’une part des habitudes sociales ou individuelles
propres à une époque ,et, d’autres part une conduite morale codifiée par la société.
Dire
que le roman est dangereux pour les m œurs c’est le considérer comme un genre amoral
mettant en cause les habitudes d’une société.
Par roman contemporain, on entendra le roman du XXe siècle (essentiellement à
partir de la deuxième moitié) à nos jours.
Problématique : Le roman contemporain peut-il être considéré comme
source d’immoralité ou comme remettant en cause les habitudes sociales et
individuelles des XXe et XXIe siècle ?
I) La remise en cause des m œ urs par le roman contemporain
1) Un regard critique sur la société
Le roman contemporain, dans la continuité du roman réaliste et naturaliste du XIX
siècle propose une vision très critique de la société, appelant à une remise en cause
de(voire à une révolte contre) l’ordre moral, social et politique.
Les deux guerres mondiales
et l’expérience totalitaire nourrissent ce sentiment de révolte.
à étudier ici la littérature
concentrationnaire ( certaines œuvres non fictives prennent une forme romanesque ; le
roman apparaît comme la forme adéquate pour dire l’indicible.
Cf. Si c’est un homme de
Primo Levi ou La Nuit d’Elie Wiesel).
On peut noter par ailleurs le développement au XX esiècle d’un nouveau genre de
roman, la dystopie ou anti-utopie.
Ces romans, dont la dimension politique est essentielle,
décrivent un monde livré à l’arbitraire de la dictature et dénoncent la mise en place de
mœurs dangereuses.
à cf. 1984 d’Orwell ou Le meilleur des mondes d’Huxley
2) Un regard désenchanté sur le monde
Le roman contemporain remet en cause les m œurs en portant un regard
désenchanté sur le monde et en dénonçant des modes d’existence absurdes.
Le roman se
fait plus personnel, plus intime interrogeant non seulement les m œurs, mais, à travers
elle, les fondements de l’existence.
Au XXe siècle, la philosophie existentialiste, telle qu’elle
a été créée par Kierkegaard et qu’elle est véhiculée en France par Sartre, joue un rôle dans
l’évolution du genre romanesque.
Ainsi peut-on observer l'émergence dans les années
1930 de romans faisant écho aux concepts de la philosophie existentialiste, romans
prenant souventl a forme d’un récit à la première personne, voire d’un journal et
développant les thèmes de la solitude, de l’angoisse, de la difficulté à communiquer et à
trouver un sens à l’existence.
On trouve également dans ces roman une certaine critique
de la modernité et de l’optimisme humaniste.
Le roman contemporain a donc tendance à
remettre en cause les assises stables de l’existence que sont les m œurs, en révélant leur
caractère absurde.
Ex :La Nausée de Sartre, L’Etranger de Camus.
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