Bonjour TRISTESSE de Françoise Sagan (fiche de lecture et critique)

« BONJOUR TRISTESS E.

Roman de Françoise Sagan , pseudonyme de Fran çoise Quoire z (née en 1935), publi é à Paris chez Julliard en 19 54.

Cécil e, après une enfance en pension.

vit depuis deux ans avec son père Raymond, un quadragénai re veuf, aux nombreuses maîtresses dont elle s'accommod e sans ma l.

L'été de ses dix-sep t ans, elle part sur la Côte d'Azur avec son père et la ma?tre sse d.u mo ment.

Elsa, jeu ne et friv o le.

Ma is son père a au ssi invité Anne , une amie de sa femme, é légan te e t int elligente.

Dès son arrivée, l'atmosphè re cha nge.

Anne veut faire travailler Cécile.

qui a raté son baccalauréa t et voit d'un mauvais œil ses rela tions avec Cyril.

un étudiant en vacances dans les environs.

B ie ntô t Elsa est délaissée, et le père de Cécile déc ide d'épouser Anne .

Cé cile.

révoltée.

encourage Elsa à rendre jaloux son père, en feigna nt une liaison avec Cyril.

Raymond, qui aime Anne, et est déterminé à change r de vie pour elle , ne peut cepenclant résister à une telle provoc ation.

Anne le surprend par h asard avec Elsa.

et désespérée, part aussitôt E lle meurt d'un accident de voiture.

Cécile et son père reprennent leur vie insou ­ ciante.

Mais la jeune fille a fait connai ssance avec la tristesse.

Bonjour tristesse, ce roman écrit à dix­ huit ans, est sans doute celui qui contie nt, à .l'état le plus pur, tous les éléme nts de ce qui allait devenir le • myth e ,.

Sagan : la vie facile , l'amour du soleil, des voitures rapides, de l'alcoo l, un mélange de cynis me, de sensualité et d'indi fférence.

Et le succès immédiat rencontré par ce roman, "best-seller » de l'année 1954, était avant tout un su ccès de scandale : Franço is Mauriac voya it en l'au teur un "cha rmant petit m ons tre ,., la pre .sse i n sistai t s ur son étonnante amoralité.

Que lques années plus tard , la vie et le roman semblaient se re joind re : la célè­ bre photographie de l'écriva in, debout près de son Aston Mar tin fracassée dans un accident, un so urir e ingénu et narquois sur les l èVTes, la mo ntrait pareille à ses héro ïne s, et faisait d'elle une sorte de « hussard ,.

féminin .

Et certes, on trouvait bien, dans Bonjou r tristesse, annonç ant les audaces des année s so ixant e, de quoi alimenter la presse à scandale.

La morale de l'époque y était en effet maltraitée : n on seule m en t Cécile n'est pas ch oquée par l es liaisons de son père, mais elle en évoque sa ns gêne apparen te les détails les plus scabreu x; non seulement elle cède immédiate­ ment aux avances du beau Cyril et n'est pas déçue pa r cette premi ère expérie nce amour eu se, mais elle se m oque des projets honorables de ce dernier qui v eut l'épo use r.

Le" go ût du plaisir, du bonheur ,.

est pour Cécile le " seul côt é cohérent ,.

de son caractère , et si elle avoue devoir to us ses plaisirs à l'a rgen t, elle n'en a pas honte, et ne l es appelle « faci les » que pour suivre l'usage.

La sensuali té est sa seule vale ur, so n seul point de repè re : bon­ heur du fruit dans le quel on m ord, bonheur de l'amour avec Cy ril, bon­ he ur de l'é té surto ut.

La • prés ence de la mer, son rythme incessant, le soleil ,.

sont le s éléments indispensab le s, aux yeu x de Cécile, à la co mpréhension du drame qu ' elle racon te: ne déteste-t -ell e pas Anne parce qu'elle l'enferme dans sa ch ambre, en pleine chaleur, pou r l ' ob liger à lir e Ber gson? Si ell e v eu t empêc her le rema riage de son père , tout en a d mirant la maîtrise et l'intelli ­ gence d'Anne, c'est avant tout parce qu' il mettra fin à le ur vie heureuse et désordonnée .

Pou rquoi, ce pendant , le. »