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Bolivie

Publié le 16/05/2020

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« 1 / 2 Bolivie 1.

Au cœur de la Cordillère des Andes, à plus de 4500 mètres d'altitude, la zone des mines d'étain de Bolivie constitue un embryon d'Etat socialiste autonome.

L'ordre y est maintenu par des ouvriers armés et le seul pouvoir politique effectif appartient au syndicat des mineurs, fortement influencé par les éléments communistes prochinois.

L'existence de cette enclave révolutionnaire au milieu d'un pays gouverné depuis novembre 1964 par une junte militàire n'est que l'une des singularités de la Bolivie.

Il en existe d'autres, non seulement politiques, mais aussi géographiques, historiques, sociales et économiques.

2.

Les deux tiers de la Bolivie (superficie totale: 1 098 580 km 2 ) sont occupés par ·des terres basses (jungle, forêts, marécages) au climat tropical, qui bordent le bassin de l'Amazone.

Leur fertilité est exceptionnelle (quatre récoltes de blé par an autour de Santa Cruz) quand elles sont exploitées, mais leur mise en valeur est à peine ébau­ chée, faute d'un peuplement suffisant.

Au contraire, sur les étendues désolées des hauts plateaux (Aitiplano), dont l'altitude moyenne dépasse 3500 mètres, vit une popu­ lation trop nombreuse (les deux tiers des 4 millions de Boliviens) qui tire sa subsis­ tance d'une maigre agriculture et de l'élevage du lama.

3.

La Bolivie est le pays le plus pauvre de l'Amérique latine après Haïti en ce qui concerne le revenu moyen par habitant.

70% des Boliviens sont illettrés; en dehors des villes, la moitié seulement des enfants vont à l'école.

Sur les hauts plateaux, la durée de vie moyenne n'excède pas 32 ans.

Ce sous-développement résulte essentiel­ lement des inégalités sociales: les 10% de Blancs, qui dominent toute la vie boli­ vienne, jugent en général inutile d'améliorer le sort des 60% d'Indiens et des 30% de « cholos" (métis) composant le reste de la population.

4.

Pourtant, en 1952, la Bolivie a été le premier pays latino-américain à entreprendre une révolution sociale: les " barons de l'étain" (Patino, Rothschild, Aramayo) ont été ·expulsés, leurs mines remises aux ouvriers sous le contrôle du gouvernement, les grandes propriétés agraires distribuées aux paysans.

Pour prévenir un bouleversement plus violent de l'ordre ancien et barrer la route du pouvoir aux communistes, les Etats­ Unis ont soutenu financièrement le nouveau régime, lui accordant en douze ans un crédit de 300 millions de dollars.

5.

Mal administrée, se heurtant à d'énormes résistances intérieures, l'expérience s'est avérée peu positive.

La Bolivie souffre de son manque d'unité géograPhique, raciale et économique.

La mise en valeur des basses terres est subordonnée à la créa­ tion d'un réseau de communications (ni routes, ni voie ferrée entre l'ouest et l'est du pays).

L'industrie devrait être diversifiée (actuellement les ventes d'étain fournissent 90 % des recettes en devises).

Un débouché sur l'océan Pacifique (dont sa défaite dans la guerre contre le Chili a privé la Bolivie en 1880) n'est pas moins indispensable.

6.

Depuis l'éviction du président Victor Paz Estenssoro par les généraux rebelles, la situation politique de la Bolivie est extrêmement confuse.

Le pouvoir s'y trouve partagé entre des forces contradictoires, parmi lesquelles la version bolivienne du castrisme semble la plus dynamique.

Des élections doivent avoir lieu en mai 1965.

Washington fera tout pour qu'elles donnent la victoire à des conciliateurs. 2 / 2. »

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