Blues

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Introduction Depuis plusieurs siècles, les cultures se mélangent de plus en plus sur le plan international. En effet, dès la découverte du Nouveau Monde en 1492, la culture européenne est entrée aux États-Unis, et notamment la culture musicale avec ses menuets, sonates, suites, symphonies ou encore ses opéras mais aussi les instruments comme le clavecin, le cor anglais, l’épinette ou encore le hautbois d’amour. C’est également le cas pour la culture africaine lors de la traite négrière, dès 1674. Transportée de force en Amérique par les européens, la population africaine s’est vue dispersée, séparée et réduite en esclavage. Le blues tire ses origines de cette partie de l’histoire. Il va se développer dans les champs de travail, commencer à se structurer vers la fin du XIXème siècle avec l’industrie de l’enregistrement notamment grâce à William Christopher Handy, et par la suite, traverser les océans et impacter les musiques d’autres genres, comme le rock, la soul, le RnB ou encore la musique dite classique. Dans ce travail, nous allons tenter de retracer l’histoire du blues avec son évolution, de comprendre son développement et son impact. La naissance du blues « On me demande toujours d’où vient le blues. Tout ce que je sais, c’est que quand j’étais petit, on passait notre temps à chanter dans les plantations. Enfin, chanter, c’est beaucoup dire, psalmodier à pleine voix plutôt. On s’inventait nos chansons à nous qui parlaient de ce qui nous arrivait en ce temps-là et je crois bien que c’est de là que vient le blues. » Son House (1902-1988), 1965 1 Après la découverte de l’Amérique en 1492, on voit arriver les premiers africains par bateaux dès 1511. Pendant plusieurs siècles, il y aura des échanges entre les trois continents : l’Europe, l’Afrique et l’Amérique. La « main d’œuvre » africaine sera amenée par les européens en Amérique dont les productions, comme le coton, le sucre ou encore le café, 1 COHN, Laurence, Nothing but the blues, Abbeville, 1997, p. 13. 3 / 23 seront envoyées en Europe. C’est en 1807 que les États-Unis décide légalement de mettre fin à la traite négrière, c’est-à-dire qu’ils interdisent l’achat et le transport des esclaves mais se permettent toutefois de continuer à les faire travailler. Entre 1861-1865, causée par la fin de la traite négrière, éclate la guerre de Sécession entre les états américains du nord, l’Union, et les états du sud, la Confédération. Plusieurs de ces chants venant de cette époque sont encore aujourd’hui interprétés régulièrement, comme Oh Freedom qui n’a pas d’auteur précis, mais est né de la conscience collective. L’esclavage va être finalement abolit et environ plus de 4 millions de descendants africains vont devenir citoyens américains, mais vont subir les lois de la ségrégation instaurées de 1875 à 1968. Les racines du blues sont étroitement liées avec ce climat d’esclavage, de travail et conditions de vie difficiles du peuple africain. Dès leur arrivée sur le sol américain, les Noirs sont divisés, séparés de leur famille, de leur clan ; leurs politiques, leurs religions et leurs langues sont par conséquent étouffées afin d’éviter toute tentative de révolution. Leur savoir-faire comme le travail du fer, du bois, du tissage disparaissent également2 . Seuls les biens non matériels échappèrent à ces disparitions comme la danse, leur foi et la musique. Dans un premier temps, la pratique musicale fut interdite : les blancs confisquent et détruisent les instruments rapportés d’Afrique ou reconstitués. Cependant, les Blancs encouragent progressivement la pratique de la musique, puisqu’elle favorise le rendement au travail grâce notamment au rythme et aux chants traditionnels africains, composés d’un soliste et d’un chœur avec le répons. Cette musique est appelée les « Work songs ». Elle scande le travail dans les champs ou sur les constructions des chemins de fer par exemple. Cette pratique s’étend au-delà de l’abolition de l’esclavage, comme dans les pénitenciers. Seuls les tambours et les flûtes sont strictement interdits car, comme le site le Black Code of Mississippi, ils « pourraient être utilisés comme en Afrique, en tant que moyens de langage et de communication… et pourrait servir à inciter à la révolte » 3 . Un autre style de musique se développe suite à l’évangélisation des Noirs américains au XIXème siècle, les « negro spirituals ». Contrairement au Gospel qui se développe à la même période et traite de l’Évangile – le Gospel signifiant Évangile en anglais –, les negro spirituals sont des chants profanes et ne font pas parti de la musique liturgique. Il faut noter toutefois que la frontière entre ces deux genres est assez floue : certains groupes de Gospel interprètent 2 JONES, LeRoi, Le peuple du blues, Gallimard, 1968, p. 27. 3 HERZHAFT, Gérard, Le blues, Puf, Paris, 2015, p. 15. 4 / 23 des chants provenant des négros spirituals, et réciproquement. On y évoque les conditions de vie et le lien à Dieu notamment. Dépouillés de tous leurs biens matériels, ils se sont tournés vers Dieu en chantant leurs espoirs d’une vie meilleure. On retrouve que l’une des techniques de chant utilisée est la même que pour les « work songs » : la mélodie à la voix soliste suivit du répons du chœur. La communauté noire américaine, empreinte de toute l’histoire de l’esclavage, de la ségrégation, des « work songs », du gospel, des negros spirituals, développe et forme le blues, entre le XIXème et XXème siècle. Nous avons pu mieux déterminer les origines du développement du blues. Essayons d’en proposer une définition : le blues, de quoi s’agit-t-il ?