Birmanie (Myanmar) - 1985-1986: Ne Win prépare sa succession
Publié le 12/09/2020
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Birmanie (Myanmar) 1985-1986
Ne Win prépare sa succession
Immobilisme et rébellions, culte du secret et xénophobie, telles s
ont les caractéristiques de la Birmanie
depuis son indépendance en 1948, qui lui ont valu le surnom mérité
de "pays ermite".
Le système politique birman est à la fois simple et très curieu
x.
Le général Ne Win, depuis sa prise du
pouvoir par un coup d'État en 1962, est véritablement l'homme fort
, le guide qui dirige tout par lui-
même.
Mais, en raison de son âge (soixante-quinze ans en 1986),
il prépare la succession.
En 1981, il
s'est fait remplacer à la présidence de la République par le gé
néral San Yu, tout en conservant le poste
clé de président du parti unique, le Parti du programme socialiste
birman (PPSB), qui lui confère la réalité
du pouvoir.
Lors du Ve congrès du PPSB, en août 1985, San Yu a é
té officiellement désigné comme
successeur de Ne Win en accédant à la vice-présidence du parti,
alors que les généraux en retraite, Aye
Ko et Sein Lwin, étaient réélus comme secrétaire génér
al et secrétaire général adjoint, respectivement.
Secondé par ces trois disciples qu'il connaît depuis bientôt qu
arante ans, Ne Win tire les ficelles de
l'armée, la seule force structurée du pays.
Les députés du C
ongrès national du peuple, élus en octobre
1985, ne jouent aucun rôle, le peuple entérinant le choix du candi
dat unique présenté par le parti unique,
et le Premier ministre Maung Maung Kha ne fait office que de figurant.
Le mot "socialiste" recouvre moins une idéologie qu'une attitude xé
nophobe, et n'a servi de prétexte que
pour nationaliser le commerce tenu par les Indiens et les Chinois ainsi
que les firmes étrangères
contrôlées par les Occidentaux.
Le régime est avant tout nation
aliste et bouddhiste, donc contre les
manipulations d'argent et pour une sage austérité ; quant au gé
néral Ne Win, âgé et malade, il consacre
autant de temps à se réconcilier ses anciens ennemis ou à distr
ibuer des dons pour racheter ses péchés
et préparer sa prochaine réincarnation, qu'à s'occuper des affa
ires politiques.
Guérillas tous azimuts
Les Birmans proprement dits vivent dans la plaine centrale mais sont cer
nés par des minorités habitant
dans les montagnes qui couvrent 47% du territoire national.
Dès 1948,
les Karen sont entrés en révolte,
suivis par les Shan (plus d'un million), qui en 1958, lorsque leurs ch
efs traditionnels refusèrent de
renoncer à leurs privilèges, organisèrent une armée de l'É
tat shan, forte de 2 000 hommes en 1986.
Utilisant le paravent de la lutte nationale, des groupes de bandits diri
gés par d'anciens membres du
Kuomintang ont créé d'autre part des prétendus mouvements de li
bération, comme l'Armée unifiée shan
ou l'Armée révolutionnaire de l'État shan, pour camoufler leurs
activités de trafiquants de drogue.
Toutes
les autres minorités, les Pa-O (200 000), les Wa coupeurs de têt
es (400 000), les Lahu (100 000) ont
copié ce modèle pour se lancer dans des guerres dites d'indépen
dance, mais en réalité pour s'emparer
d'une part de ce gâteau fabuleux que représente l'héroïne du
Triangle d'or.
En 1986, l'anarchie était à
son comble dans l'État shan, tous ces brigands ne s'alliant que pour
mieux s'entretuer.
L'Armée pour
l'indépendance Kachin (AIK), fondée par des chrétiens baptist
es, s'est soulevée en 1961 contre
l'instauration du bouddhisme comme religion d'État.
Bien que peu nomb
reux (environ 500 000), les
Kachin, surnommés les "aimables assassins" pour la férocité joy
euse qu'ils montrent dans la guerre, sont
des adversaires redoutables pour Rangoun, et ils frappent jusque dans My
itkyina, où ils ont assassiné un
général de l'armée birmane en octobre 1985.
Sur la frontière
de l'Inde et du Bangladesh, les Chin (500
000) et les Mizo (100 000) sont aussi en révolte, comme les Môn
(400 000) et les Karenni (100 000) sur
la frontière de Thaïlande.
Si l'Inde, depuis juin 1984, a passé des accords de coopération mi
litaire avec Rangoun pour empêcher la
Chine d'envoyer des armes à ses propres minorités - en utilisant l
es Kachin et les Mizo comme
intermédiaires -, la Thaïlande en revanche a continué de fourni
r de l'aide aux rebelles et, pour cette
raison, n'est pas parvenue à nouer des liens étroits avec la Birma
nie, malgré la visite de conciliation qu'a
effectuée à Rangoun, en février 1986, le Vice-Premier ministre
et ministre des Affaires étrangères de
Thaïlande, Sitthi Savétasila.
Par contre, les relations avec la Ch
ine se sont améliorées depuis la visite, en
mars 1985, du président Li Xiannian à Rangoun et celle de Ne Win e
n mai suivant à Pékin.
Par voie de
conséquence, les activités du Parti communiste de Birmanie prochin
ois ont décliné..
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