Bien des écrivains ont goûté et célébré la solitude. Avez-vous vous-même éprouvé l'utilité et le charme de la solitude ? Qu'il en soit ainsi ou non, essayez de dégager très sincèrement ce que vous ressentez dans un moment de solitude. Vous éclairerez votre analyse en comparant votre propre expérience avec les réactions que vous inspirent des écrivains comme Montaigne, Descartes, Pascal, La Fontaine, Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, etc.
Publié le 09/12/2021
Extrait du document
On comprend mal Montaigne s'enfermant dans sa « librairie », plus mal encore le Chateaubriand des Mémoires d'Outre-Tombe qui coupe les contacts avec le réel, ci pas du tout Descartes lorsqu'il se réfugie en Hollande pour fuir la foule parisienne... La solitude est bonne pour le vieillard et non pour l'adolescent. Celui-ci veut connaître la vie la respirer à pleins poumons, brûler la chandelle par les deux bouts, tandis que le vieillard - celui qui a déjà existé - considère nui! assez vécu et peut précisément fuir les hommes pour s'enfermer dans sa tour d'ivoire. III. Nécessité de la solitude. La solitude est utile : 1. Elle permet une juste vision des choses - bien plus, une révision des notions, une remise en question des valeurs. Sans solitude, on est pris dans le courant même de la vie, et cet élan qui nous entraîne nous empêche de mesurer le juste équilibre de la vie. 2. Il est dans l'existence des périodes d'action où l'on aime à se plonger dans le réel, et à s'élancer dans la collectivité, et d'autres où l'on préfère la contemplation, la méditation, la réflexion solitaire.
«
Bien des écrivains ont goûté et célébré la solitude.
Avez-vous vous-même éprouvé l'utilité et le charme de la solitude ? Qu'il en soit ainsiou non, essayez de dégager très sincèrement ce que vous ressentez dans un moment de solitude.
Vous éclairerez votre analyse encomparant votre propre expérience avec les réactions que vous inspirent des écrivains comme Montaigne, Descartes, Pascal, La Fontaine,Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, etc.
Introduction : La solitude a inspiré ses Rêveries d'un promeneur solitaire à Jean-Jacques Rousseau, ses Méditations et ses Recueillements à Lamartine, la plupart de ses Contemplations à Victor Hugo.
Personne ne saurait nier son caractère profondémentpoétique.
La solitude paraît aussi nécessaire au poète que l'armure au chevalier, que le clair de lune à l'adolescent romantique, ou que letéléphone à l'homme d'affaires survolté.
Pourtant, je ne ressens pour ma part aucun goût pour l'isolement : volontiers, je dirais, après laCélimène de Molière :La solitude effraie une âme de vingt ans...Je ne me sens ni comme Montaigne qui ne rêvait que de sa « librairie », ni comme Vigny qui aspirait à sa «tour d'ivoire» ; je suis de monépoque, et à ce titre j'aspire à vivre intensément, en dévorant la vie à belles dents, en multipliant les contacts avec tous les groupeshumains, en voyageant en groupe, en visitant des pays étrangers, bref en communiant avec la foule innombrable sans jamais chercher àm'isoler des hommes...
I.
Eloge de la solitude.
Il n'y a pas que Rousseau pour goûter les Rêveries d'un promeneur solitaire ; moi aussi, j'aime souvent errer à travers champs, en pleinecampagne, humant à pleins poumons la fraîche odeur du foin coupé, me délectant de cette impression si sereine de n'avoir de comptes àrendre à personne..., car :
1.
Le charme de la solitude.
Il y a en effet un charme incantatoire, une magie de la solitude.
Autant être mélangé avec d'autres dans unefoule peut paraître pénible et vain, autant se retrouver seul avec soi-même nous rapproche en quelque façon de Dieu même.
C'estproprement « divin ».Odi profanum vulgus et arceo, disait Horace.
« Je hais la foule et je m'en écarte.»
2.
L'analyse de la solitude nous révèle que le sentiment de délectation que nous pouvons en retirer est fait d'une multiplicité d'élémentssubtils :la béatitude tranquille due à l'isolement ;la contemplation de la nature qui n'est entravée par rien d'extérieur à elle ;la fuite devant ce que le monde peut avoir d'hostile et de désagréable.
3.
Les réactions que nous inspirent les grands écrivains qui ont parlé de la solitude relèvent d'une sympathie toute symbolique à l'égardde leurs oeuvres.
C'est ainsi que nous éprouvons la violence de l'orage breton avec Chateaubriand, la délicatesse de la petite naturechampenoise avec La Fontaine, la chaleur du poêle allemand qui brûle l'imagination de Descartes, la profondeur des vallons et des lacsbourguignons de Lamartine.
II.
Les limites de la solitude.
La solitude n'est agréable pour un jeune homme ou une jeune fille de dix-sept ans que lorsqu'elle dure peu de temps.
D'une manièregénérale :La solitude effraie une âme de vingt ans et nous n'éprouvons pas toujours les mêmes sentiments que ceux qui l'ont chantée.
D'où :
1.
La solitude prolongée provoque l'ennui.
A notre âge, nous aimons le mouvement, le changement d'occupation, les contacts avec lesautres hommes, avec les autres groupes.
D'ailleurs, Pascal lui-même n'a-t-il pas dit que :Le silence éternel des espaces infinis m'effraie ? Il n'adorait donc pas exclusivement la solitude...
Lamartine n'a-t-il pas bien souventabandonné « l'isolement » pour entrer dans l'arène politique, en allant jusqu'à dire : la poésie, c'est de la graine de niais !
Et le bon La Fontaine n'a-t-il pas lui aussi souvent fui la solitude pour fréquenter la cour, ses intrigues et sa multitude bigarrée ?
2.
Les réactions que nous inspirent les forcenés de la solitude sont plus négatives.
On comprend mal Montaigne s'enfermant dans sa «librairie », plus mal encore le Chateaubriand des Mémoires d'Outre-Tombe qui coupe les contacts avec le réel, ci pas du tout Descarteslorsqu'il se réfugie en Hollande pour fuir la foule parisienne...La solitude est bonne pour le vieillard et non pour l'adolescent.
Celui-ci veut connaître la vie la respirer à pleins poumons, brûler lachandelle par les deux bouts, tandis que le vieillard — celui qui a déjà existé — considère nui! assez vécu et peut précisément fuir leshommes pour s'enfermer dans sa tour d'ivoire.
III.
Nécessité de la solitude.
La solitude est utile :
1.
Elle permet une juste vision des choses — bien plus, une révision des notions, une remise en question des valeurs.
Sans solitude, onest pris dans le courant même de la vie, et cet élan qui nous entraîne nous empêche de mesurer le juste équilibre de la vie.
2.
Il est dans l'existence des périodes d'action où l'on aime à se plonger dans le réel, et à s'élancer dans la collectivité, et d'autres où l'onpréfère la contemplation, la méditation, la réflexion solitaire.
Volontiers, l'on dirait avec le Moïsede Vigny :Seigneur, vous m'avez fait puissant et solitaire, Laissez-moi m'endormir du sommeil de la terre.
3.
II est utile de pouvoir se réserver des moments de travail personnel où l'on se livrera à des tâches d'autant plus efficaces qu'on seraseul à les assumer.
Dans ces cas-là, la solitude n'est pas seulement nécessaire, elle est indispensable.
Conclusion : Il y a deux visages de la solitude : celui riant, exubérant, alerte et vif du jeune enfant qui joue dans son parc ; et ce côté grave, sérieux, triste, voire un peu sinistre, de la solitude du vieillard, du méditatif qui se répand en plaintes amères.
Si le jeune hommeaffectionne le premier aspect d'une solitude agréable, en revanche, il n'est pas pensable qu'il puisse apprécier la solitude intellectuelle etcréatrice d'un Chateaubriand vieillissant...
Si des écrivains chevronnés ont goûté et célébré la solitude, ce fut leur droit le plus strict ; maisc'est aussi le nôtre de ne vouloir recourir à elle qu'à partir du, moment où nous n'aurons plus rien à perdre ni à attendre d'une vie trèsactive qui nous fera horreur...
La grande leçon de la solitude n'a-t-elle pas été tirée par Vauvenargues lorsqu'il a soutenu non sansvigueur : La solitude est à l'esprit ce que la diète est au corps : mortelle quand elle est trop longue, quoique nécessaire ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Avez-vous vous-même éprouvé l'utilité et le charme de la solitude ?
- Pascal a beaucoup utilisé les Essais de Montaigne, qui, cependant, lui était antipathiques par certains côtés. Vous comparerez les deux écrivains et vous direz ce qui plaisait à l'auteur des Pensées et ce qui le choquait dans l'ouvrage de Montaigne ?
- MACHIAVEL - MONTAIGNE - HOBBES -DESCARTES - PASCAL - SPINOZA (fiche bac)
- Dans le texte la souris Algernon se trouve confrontée à une expérience angoissante. Vous-même, avez-vous déjà éprouvé un sentiment de même nature face à une situation réelle, ou à la lecture d'un roman, ou lors de la vision d'un film d'horreur ? Décrire les circonstances et analyser vos réactions.
- Jean-Claude Renard, rendant compte de son expérience de poète, analyse dans les lignes qui suivent la relation qu'il entretient avec son propre langage :« Il a ses racines en moi comme j'ai mes racines en lui. Il est un miroir à double réflexion où je reconnais ce que je suis et ce que je ne suis pas. Par suite, c'est un miroir qui me trahit- aux deux sens de ce verbe. Car il donne de moi une image à la fois plus vraie et plus fausse que celle que je puis, consciemment ou inconsciemmen