Bhave (Vinoba)

« 1 / 2 12 mai 1965 Série No 43 Fiche No 507 Bhave (Vinoba) 1.

Vinoba Bhave, promoteur d'une révolution non violente en Inde (essentiellement au moyen d'une juste répartition des terres), est né en 1894, à Gangida, dans l'Etat de Baroda, d'une famille de brahmanes (la première des castes hindoues).

2.

Très jeune, il est déjà un fervent adepte de l'hindouisme, il fait vœu de célibat et décide de marcher pieds nus.

A 20 ans, il s'enfuit de l'Université de Bombay et se réfugie à Bénarès, la ville sainte, pour étudier le sanskrit, la philosophie et la théologie hindoue.

Sa participation à une retraite organisée par Gandhi va en faire le disciple préféré du mahatma.

On l'appellera " le fils de Gandhi "· 3.

Arrêté en 1932 par les Anglais lors du mouvement de désobéissance civile déclenché par Gandhi, Vinoba Bhave ira six fois en prison pour une période totale de deux ans.

Après la mort de Gandhi en 1948, il se retire à Sewagram, quartier général de son maître, se bornant à écrire de temps en temps un article pour dénoncer le rôle néfaste de l'argent et préconiser l'emploi de l'heure de travail comme nouvelle unité monétaire.

4.

Les troubles sanglants qui éclatent en 1951 dans le Hyderabad incitent Bhave à se rendre dans cette région pour prêcher la non-violence(« ahimsa »).

Estimant que l'une des causes de la guerre civile réside dans l'inégale répartition des terres, il lance une vaste campagne, qui dure encore, pour inviter les grands propriétaires à donner une partie de leurs terres aux pauvres.

Bhave rassemble environ 35 000 acres (un acre vaut 40 ares et demi), qu'il redistribue aussitôt à raison d'un acre par membre d'une famille.

La révolte s'apaise peu à peu.

Impressionné, le gouvernement indien sollicite les conseils du réformateur.

Les Américains commencent à le considérer comme la plus forte personnalité de la lutte contre le communisme en Inde.

5.

Chaque jour, Vinoba Bhave reprend sa marche à travers l'Inde (il aurait déjà parcouru près de 60 000 km.

à pied), conférant avec les chefs de villages, dispensant son enseignement à ses disciples, arbitrant les conflits et visitant les grands proprié­ taires pour leur demander des terres.

Jusqu'à présent, il a collecté quelques milliers d'hectares (son objectif est de redistribuer un sixième des terres cultivables, mais il n'a pu en répartir que le quart en raison de multiples difficultés juridiques et aussi parce que, souvent, les terres qu'il reçoit sont de mauvaise qualité.

Pour éviter un échec de la campagne, depuis 1963 les donateurs sont invités à distribuer eux­ mêmes les terres aux pauvres de leurs villages.

6.

Presque unanimement approuvée au point de vue moral, la campagne de Vinoba Bhave est critiquée au point de vue économique.

On lui reproche d'aggraver l'extrême fragmentation des terres et d'encourager les résistances à l'industrialisa­ tion.

Bhave, qui s'emploie également à introduire le système coopératif dans les villages, s'oppose par exemple aux grands projets d'irrigation, jugeant plus utile de multiplier les puits dans les campagnes.

Les économistes gouvernementaux, qui ont déjà beaucoup de mal à imposer leurs vues, voient là une action des plus néfastes. 2 / 2. »