Bertrand de Bornvers 1150-avant 1215S'il était question de donner la palme à l'un de nos grands poètes méridionaux des XIIe etXIIIe siècles, Bertrand de Born, à coup sûr, serait sur les rangs.
Publié le 22/05/2020
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Bertrand de Born
vers 1150-avant 1215
S'il était question de donner la palme à l'un de nos grands poètes méridionaux des XIIe et
XIIIe siècles, Bertrand de Born, à coup sûr, serait sur les rangs.
Du moins apparaît-il
comme le type achevé du troubadour politique et guerrier.
Il naquit vers le milieu du XIIe siècle à Hautefort — Born étant le nom d'un étang et d'une
forêt, non loin de là.
Il n'est que de se référer à la vieille biographie provençale d'Uc de
Saint-Circ, miroir grossissant peut-être, mais où se réfléchit grossièrement la figure du
poète, telle qu'ont pu la voir les contemporains :
“ Bertrand de Born était seigneur d'un château appelé Hautefort, dans l'évêché de
Périgord.
Toujours il fut en guerre avec ses voisins et avec le comte de Périgord, tant que
celui-ci resta comte de Poitiers.
Il fut bon chevalier, bon guerrier, bon troubadour, et avisé,
et galant.
Et il était l'hôte, chaque fois qu'il le voulait, du roi d'Angleterre et de son fils…
Mais il voulait toujours qu'ils fussent en guerre entre eux… ”
Sur toutes choses, dès l'abord, un fomenteur de disputes.
Il faut, pour comprendre cette activité essentielle de Bertrand, se rappeler que l'Aquitaine
était alors le théâtre des rivalités des trois fils de Henri II d'Angleterre : Henri au Court
Mantel, Richard C œ ur de Lion, comte de Poitiers, et Godefroy ; rivalités qui armèrent
bientôt, contre le roi et le comte, l'aîné et le benjamin jaloux.
Il faut savoir, d'autre part, que
Bertrand de Born avait eu maille à partir avec son propre frère Constantin, par lui accusé
de l'avoir lésé dans le partage des biens paternels, et que Richard C œ ur de Lion avait pris,
au moment critique, le parti de Constantin : de là, l'empressement du troubadour à verser
une huile périgourdine sur le feu des querelles anglaises, et cette rage, notamment,
d'animer contre le vieux roi celui qu'on appelait le “ Jeune roi ”, rage qui lui a valu si belle
place au Chant XXVIII de L'Enfer de Dante : “ J'ai vu, et il me semble que je le vois encore,
un buste décapité, marchant, ainsi que marchaient les autres dans ce groupe funèbre.
Il
tenait sa tête par les cheveux, suspendue à sa main, en guise de lanterne…, et cette tête
nous regardait et disait : — Hélas !… Parce que j'ai séparé des personnes que le sang
unissait, je porte mon cerveau séparé du buste sur lequel il devrait reposer… ”
Dès la terre, d'ailleurs, sa passion de faire battre les murs valut à Bertrand de Born certains
revers.
C'est ainsi que, Henri au Court Mantel étant mort de maladie à Martel, en 1183, au
cours de sa guerre monstrueuse, le troubadour vit sa propre terre de Hautefort occupée
par l'ennemi même qu'il avait suscité.
Une belle légende le montre assez piteux aux pieds
du roi Henri, au reste aussi habile, pour se tirer de difficulté, à faire vibrer chez le père la
corde paternelle, qu'hier, chez le fils, la corde parricide.
“…Et toujours il voulut aussi, ajoute Uc de Saint-Circ, que le roi d'Angleterre et le roi de
France fussent en guerre entre eux… ” En fait, qu'il s'agisse de mettre aux prises le vieux
roi d'Angleterre et ses enfants, ou bien Richard et Philippe Auguste, ou encore Richard et
Alfonse II, notre Bertrand est toujours là ; ce petit seigneur ne rêve que grandes plaies et
grandes bosses..
»
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