BERTRAN DE BORN

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BERTRAN DE BORN. Troubadour. Né fort probablement aux environs de 1137/ 1140, mort peut-être au monastère de Dalon, en 1208 et certainement avant 1215. Quoi qu’il en soit, son activité, sur le plan de la politique et de la poésie, activité dont font foi les documents et les œuvres qu’il a laissés, peut se situer entre 1181 et 1194. C’est un des poètes les plus intéressants de la fin du XIIe siècle; Dante a fait de lui, dans l'Enfer (XXVIII, 130) — v. la Divine Comédie — un portrait assez effrayant et plein de puissance; il le montre, portant sa tête coupée parmi les fauteurs de désordre. Seigneur du château de Hautefort, en Périgord, il réussit à spolier son frère Constantin qui se mit sous la protection de Richard Cœur de Lion. Assiégé dans son château, Bertran de Born fut obligé de s’avouer vaincu, mais il redevint cependant un peu plus tard seigneur de Hautefort. Au reste, une biographie ancienne rapporte qu’il était toujours en guerre avec ses voisins. Dans les graves démêlés qu’eurent entre eux les membres de la famille royale d’Angleterre, Bertran de Born prit parti pour Henri Court-Mantel, et l’aida dans la lutte qu’il menait contre son père et son frère, Richard Cœur de Lion. Mais quand Henri Court-Mantel mourut en 1183, Bertran de Bom se rallia sans vergogne au parti de Richard Cœur de Lion qu’il soutint contre ses ennemis. Ses poésies, au nombre d’une quarantaine, comprennent des poèmes d’amour sans grand intérêt, et surtout des sirventes politiques, morales et guerrières, toutes embrasées par la passion qui agitait l’auteur dès qu’il s’agissait de guerre, de coups d’épée, de carnage et de riche butin — v. Sirventes. C’est par là que sa poésie, échappant aux motifs conventionnels et monotones de l’amour courtois, est originale et chargée d’intensité. Figure solitaire et indifférente aux joutes littéraires de son temps, il ne cherche pas la nouveauté dans des artifices de rhétorique; il a un style qui lui est propre : rapide, concis, plein de force dans l’expression et les images. La seule difficulté que présente son œuvre réside dans l’interprétation qu’il convient de donner à ses vers, dans l’identification des personnages et dans une compréhension claire des allusions faites aux événements historiques.