BERNARD BLIER.

« BERNARD BLIER.

44 ans de carrière (et elle n'est pas finie !), plus de 180 films depuis 1938, d'innombrables succès au théâ tre (dont LE NOMBRIL de Jean Anouilh)...

Comment, dans ce foison- nement, résumer Bernard Blier, comment le définir, lui qui a tout joué, les durs et les tendres, les veules et les généreux ? Sa rondeur, sa bonhomie apparente (dissimulant souvent mesquineri e ou méchanceté) pourraient être la clé du per - sonnage.

Et pourtant, Blier ne présente cet aspect physique que depuis la fin des années cinquante et des films comme LES BARBOUZES ou LES TONTONS FLINGUEURS, où, visiblement le comédien s'est beaucoup amusé d ans la caricature.

Mais, dans ce domaine, le meilleur a côtoyé le pire.

Faut -il alors remonter plus loin, vers un Blier plus jeune, plus svelte, celui d'ENTRÉE DES ARTISTES, HOTEL DU NORD ou ROMANCE A TROIS ?..

En réalité, de l'en- semble de cette carrière si riche, nous restent surtout des moments exceptionnels, peut -être ceux où Blier ressemble le moins à Blier : le jaloux de QUAI DES ORFÈVRES, le leinistre et tenace Inspecteur Javert des MISÉRABLES (en 58), le petit héros de LA GRANDE GUERRE (Monicelli), le premier ministre prêt à toutes les bassesses face au PRÉSI - DENT Gabin (Henri Verneuil, 1960), le vieux retraité rusé de CE CHER VICTOR, le grand -père silencieux d'EUGE - NIO, le locataire frileux et apeuré de BUFFET FROID...

Dans tous ces rôles, ce grand comédien formé par Louis Jouvet n'a jamais oublié la leçon du maître : il faut jouer léger pour avoir du poids.

GEORGES COHEN. »