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BERGSON (Henri)

Publié le 06/12/2021

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BERGSON (Henri), philosophe français (Paris 1859 - id. 1941). Répondant en 1924 à une enquête sur ce que peut ou doit être l'écriture des philosophes, Bergson affirme que, pour toute prose de même que pour tout art, « l'expression parfaite est celle qui est venue si naturellement ou plutôt si nécessairement, en vertu d'une si impérieuse prédestination, que nous ne nous arrêtons pas à elle et que nous allons tout droit à ce qu'elle a voulu exprimer, comme si elle se confondait avec l'idée : elle devient invisible, à force d'être transparente ». On aurait tort d'en déduire qu'à ses yeux le langage est toujours un outil idéal : dans le cadre général de sa critique d'une intelligence à laquelle il reproche d'être trop encline à l'abstraction, le mot ne peut être en effet qu'une étiquette conceptuelle, plaquée sur la chose et la masquant plus qu'elle ne la révèle. Dès 1888, Y Essai sur les données immédiates de la conscience affirme que « la pensée demeure incommensurable avec le langage » — trop socialisé, trop commun pour exprimer ce qui gît d'irréductible en chaque individu, malgré la « mobilité » des mots, capables de glisser d'une désignation à une autre. C'est en jouant particulièrement de cette mobilité que Bergson a mis au point, dans ses propres ouvrages, un style philosophiquement rare, dont la dimension littéraire n'est pas contestable : par méfiance à l'égard de la rigidité conceptuelle, il use de

 

constantes métaphores, « détourne le mot de son sens habituel, et l'adosse à d'autres, capables de l'entraîner vers une signification nouvelle ». Ainsi l'écriture est-elle en accord avec le fond même de sa pensée, qui insiste sur le flux ininterrompu, hétérogène aux seuls repères « spatiaux » dont use ordinairement l'intelligence mais repérable par l'« intuition », qui constitue la vie elle-même dans son effervescence créatrice. C'est dans les Deux Sources de la morale et de la religion (1932), où culmine sa réflexion, que Bergson repère l'existence d'une « fonction fabulatrice » initiale, dont « relèvent le roman, le drame, la mythologie », « poèmes et fantaisies de tout genre étant venus par surcroît, profitant de ce que l'esprit savait faire de fables ». Une telle fonction serait capable d'équilibrer l'action dissolvante de l'intelligence, en particulier sur la cohésion sociale. Ainsi la fiction peut-elle avoir dans son ensemble un rôle non négligeable pour Bergson : alors que certaines tendances de l'esprit éloigneraient du réel par excès d'analyse desséchante, « la fiction, quand elle a de l'efficace, est comme une hallucination naissante : elle peut contrecarrer le jugement et le raisonnement » et ainsi ramener vers la réalité de l'« élan vital ». Il est dès lors compréhensible que l'artiste puisse connaître la joie véritable, qui sanctionne la création et le place « au-dessus de la gloire », même si le créateur au sens plein du terme, plus encore que l'écrivain, « est celui dont l'action, intense elle-même, est capable d'intensifier aussi l'action des autres hommes, et d'allumer, généreuse, des foyers de générosité ».

 

On a fréquemment affirmé une convergence de la philosophie bergsonienne et de l'œuvre de Proust, qui réaliserait ainsi la figure, annoncée par les Données immédiates, d'un « romancier hardi », déchirant « la toile habilement tissée de notre moi émotionnel » pour nous montrer « sous cette logique apparente une absurdité fondamentale » et nous remettre « en présence de nous-mêmes ». C'est en fait moins leur conception de la durée que celle de la mémoire qui rapproche les deux textes. Dans Matière et Mémoire (mais on sait que Proust ne l'a pas lu), Bergson affirme en effet qu'il y a un être en soi du passé, qu’il ne s'agit en rien de reconstituer à partir du présent — mais il ne se demande pas comment nous pouvons le préserver : ce sera au contraire le problème fondamental de Proust, ainsi que l'a en particulier montré Gilles Deleuze.



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