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Bérénice racine

Publié le 31/03/2022

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« A la fin du XVIIe siècle, Racine écrit Bérénice.

Dans cette pièce composée de cinq actes et écrite en vers, les trois personnages principaux que sont Titus (empereur de Rome), Bérénice (promise de Titus) et Antiochus (ami de Titus) interagissent et tendent à dresser un hommage à Louis XIV à travers le reflet de la monarchie absolue.

Bérénice s’inscrit donc dans les nombreuses tragédies écrite par Racine et ce notamment en raison de sa structure en 5 actes mais aussi de son respect des principales règles de la tragédie telles que l’unité de lieu (Rome) de temps (une journée) et d’action. Ainsi, la dimension tragique de cette pièce repose sur de nombreux éléments et notamment sur le triangle amoureux constitué des trois principaux personnages. En premier lieu, Racine explique dans sa préface que dans une tragédie, il faut que les personnages soient « héroïques » et cela va être le cas dans son œuvre Bérénice.

A ce titre, la dimension tragique de la pièce repose en partie sur cet héroïsme des personnages.

Dans un premier temps, Antiochus, en fidèle ami de Titus, renonce à son amour pour Bérénice « d’un voile d’amitié j’ai couvert mon amour » (acte I, scène 2).

C’est un acte douloureux pour ce roi qui aime Bérénice depuis cinq ans déjà.

Cependant il ne trahira à aucun moment cette amitié et cela va contribuer faire de lui un personnage triste qui ne sera au final que le messager de Titus.

De cette manière, son image auprès de Bérénice se résumera simplement à celle d’un annonciateur de tristes nouvelles et cela va lui valoir d’être rejeté par cette dernière « Pour jamais à mes yeux, gardez vous de paraître » (acte III, scène 3).

Antiochus porte donc cette dimension tragique à travers son amour rendu impossible par l’amitié qu’il entretient avec Titus.

Titus lui est face à un dilemme.

Il est désormais empereur de Rome et cela implique de fortes responsabilités.

En effet, il a d’une part l’opinion publique qui s’oppose à son mariage avec Bérénice et de l’autre son amour pour cette dernière.

A ce titre, il fait le choix d’aller dans le sens des romains et de son statut d’empereur en renonçant lui aussi à son amour pour Bérénice « je connais mon devoir, c’est à moi de le suivre / je n’examine point si j’y pourrais survivre.

» (acte II, scène 2).

Ce choix fort se confronte à la volonté initiale de Titus.

Son statut ne lui permet pas d’aimer officiellement Bérénice et il est donc contraint de renoncer à cette relation.

A ce titre, il évoque même la mort à travers « si j’y pourrais survivre » ce qui appuie sur sa peine.

Enfin, Bérénice est fidèle à sa passion.

Elle est dévastée par l’annonce de Titus comme en témoigne la longue tirade de cette dernière à l’acte II scène 5 dans laquelle on retrouve notamment le registre élégiaque qui vient ici symboliser le malheur et le désespoir de Bérénice.

Néanmoins, elle reste de marbre face aux remords de Titus à la fin de la pièce « Vous m’aimez, vous me le soutenez, / Et cependant je pars, et vous me l’ordonnez ! » (acte V, scène 6).

Ce qui montre bien qu’elle s’est résolue à mettre un terme à sa relation avec Titus malgré l’amour qu’elle éprouve encore pour ce dernier. Par ailleurs, la préface nous renseigne une nouvelle fois sur la vision de la tragédie qu’a Racine « Ce n’est point une nécessité qu’il y ait du sang et des morts dans une tragédie ».

En effet, Bérénice semble se distinguer des autres tragédies raciniennes de part son dénouement qui n’admet pas de violence comme cela pourrait être le cas dans Médée de Corneille qui s’achève par exemple sur la mort d’une grande partie des personnages.

Dans le cas de Bérénice, la dimension tragique du dénouement s’exprime plutôt à travers des amours impossibles.

Les trois personnages se quittent dans une atmosphère tendue signifiée notamment par les révélations d’Antiochus à Titus «Mais le pourriez-vous croire en ce moment fatal,/ Qu’un si fidèle ami était votre rival ? » (acte V, scène 7) De plus, le personnage de Bérénice s’affirme en quelque sorte comme étant l’élément déclencheur de cette séparation « Adieu : servons tous trois d’exemple à l’univers/ De l’amour la plus tendre et la plus malheureuse/ Dont il puisse garder l’histoire douloureuse.

» (acte V, scène 7).

Par cela, elle semble montrer l’exemple à Titus et Antiochus et on peut même penser qu’elle s’adresse également au public ce qui viendrait constituer une mise en abîme du genre théâtral.

De cette manière, tous les efforts consentis par les personnages aboutissent à cette finalité tragique.

La situation est clair, les trois personnages sont résolus à admettre leur séparation sans pour autant considérer que la mort est la seule option.

Enfin, la pièce s’achève par un « Hélas » d’Antiochus ce qui vient étoffer une dernière fois cette dimension tragique bien particulière et qui a été contestée notamment par Théophile Gautier qui considère que Bérénice est une élégie dramatique et non une tragédie.. »

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