Benito Juárez
Publié le 16/05/2020
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Benito Juárez
Benito Juárez, symbole du patriotisme mexicain et du panaméricanisme, est né dans les premières années du XIXe siècle, dans unpetit village de la haute montagne d'Oaxaca.
Le petit berger indien dut à une brebis perdue, et à la peur du châtiment, d'échapper à lavie monotone qui l'attendait.
Il courut se réfugier à la ville, chez sa sœur, qui travaillait comme cuisinière dans une maison bourgeoise.De là, il passa au séminaire, puis à l'Institut de l'État dont il devint par la suite directeur.
Avocat, il a quarante ans lorsqu'il est porté augouvernement de l'État d'Oaxaca (1847-1853).
Au cours de cette période, Benito Juárez, qui entre-temps a épousé une créole, ne sedistingue en rien des hommes de son temps et de son groupe professionnel : catholique modéré, libéral modéré, serviteur honnête etconsciencieux de l'État et de ses administrés, sa seule originalité réside en ses origines modestes et dans la couleur cuivrée de sapeau.
En 1854, commence la révolution dite de la Réforme, qui se termine en 1867, après la terrible guerre civile des Trois Ans (1857-l860),l'intervention française (1862-1866) et l'éphémère Empire de Maximilien (1864-1867).
Dans cette lutte qui vit triompher les libérauxdes conservateurs et de l'Église, le modéré et obscur Juárez devint le personnage principal.
Un coup d'État conservateur en 1857 éliminait le président Comonfort tandis que Juárez, comme président de la Cour suprême,refusait de reconnaître le fait accompli et se proclamait défenseur de la légalité républicaine.
Chef discuté des libéraux (faction qui rassemblait une pléiade d'individus brillants, plus brillants que lui), Juárez s'imposa par saténacité indomptable et une persévérance digne de Guillaume d'Orange.
Rescapé miraculeux du peloton d'exécution, il s'embarque surla côte Pacifique, traverse l'isthme de Panama et, de la Nouvelle-Orléans, gagne le port mexicain de Veracruz où il réside contre ventset marées de 1858 jusqu'à la victoire de janvier 1861.
A un moment où les conservateurs étaient à deux doigts du triomphe, Juárez accepta le traité négocié par son ministre des Affairesétrangères avec les États-Unis ; contre une série de concessions très importantes (entre autres le droit perpétuel pour les Américainsde traverser l'isthme de Tehuantepec et le droit de police dans le pays), Juárez recevait l'appui américain.
"Un homme qui se noie seraccroche à un serpent", aurait pu dire le président.
Heureusement pour lui, le Sénat américain refusa de ratifier le traité MacLane-Ocampo, œuvre du groupe sudiste.
Juárez a été fort critiqué pour cette faiblesse et les conservateurs en ont tiré tout le parti possible.
La qualité première de Juárez n'était pas l'intelligence, mais le caractère.
Quand tous désespéraient de la cause libérale, il allaitmanifester sa grandeur.
En 1862, un an à peine après la défaite des conservateurs, la France se lançait dans l'expédition du Mexique,au moment où l'allié américain était paralysé par la guerre de Sécession.
Le président Juárez disait à la France : "Même si Mexico estoccupée, la guerre ne fera que commencer.
Dieu veuille que je me trompe, mais il est maintenant inutile d'essayer de faire entendreau gouvernement français la justice de notre cause.
Ne nous abusons pas : le gouvernement impérial a décidé d'humilier le Mexique etde lui imposer sa volonté.
Il ne nous reste qu'à nous défendre.
Mais je puis vous assurer que le gouvernement impérial ne pourrasubjuguer les Mexicains et que ses armées n'auront pas un jour de repos." (28 août 1862, à Montluc.)
Sans jamais perdre courage, Juárez promena son gouvernement à travers tout le pays, échappant aux troupes françaises et auxguérillas conservatrices.
En octobre 1864, le consul américain de Chihuahua notait : "La situation est très mauvaise et désespéreraitquelqu'un de moins fidèle et de moins optimiste que le président Juárez." L'empire de Maximilien semblait l'emporter quand leprésident, avec quelques fidèles, devait passer la frontière du Nord.
Les républicains furent alors sauvés par le renversement de laconjoncture internationale : la France menacée par la Prusse se dégageait de l'affaire mexicaine, au moment où les États-Unis, une foisterminée la guerre de Sécession, allaient intervenir.
Le départ de l'armée française laissait Maximilien seul, sans argent, sans armes,sans parti, la majorité des conservateurs ne lui ayant pas pardonné sa politique libérale.
L'empereur, malgré l'intervention de VictorHugo, admirateur de Juárez, était fusillé en 1867 à Queretaro.
Juárez, soumis aux pressions des ambassades européennes et de lafranc-maçonnerie, dont il faisait partie comme Maximilien, ne cédait pas : "Si tous les rois et toutes les reines d'Europe étaient à votreplace, dit-il à la princesse de Salm-Salm qui lui embrassait les genoux, je ne pourrais épargner cette vie.
Ce n'est pas moi qui laprends mais le peuple et la loi, et si je ne le faisais pas, le peuple prendrait sa vie et la mienne."
Ayant restauré la république, Juárez fut immédiatement menacé par la révolte de tous les ambitieux, dont le moindre n'était pas legénéral Porfirio Díaz.
Tout en respectant les formes, le président régna de manière implacable : de 1867 à 1872, il écrasa tous lesgénéraux putschistes, combattit vigoureusement l'anarchie et noya dans le sang toute opposition.
Ayant le sens des réalités, il sut ajuster sa politique nationaliste à l'impérialisme nord-américain, faisant les concessions nécessairespour sauver l'essentiel une base pour la marine américaine à Acapulco, une concession sur la Basse Californie, une autre sur l'isthmede Tehuantepec en vue du canal et du chemin de fer interocéanique.
Lorsqu'il mourut brusquement en 1872, son autorité était incontestée.
Depuis, il est entré au Panthéon national et américain, devenantle Héros suprême qui a implanté la démocratie au Mexique et empêché la monarchie d'envahir le continent.
On a divinisé Juárez, quide son vivant s'est heurté à une très forte opposition, pour rabaisser Porfirio Díaz et aussi pour donner un ancêtre glorieux à larévolution mexicaine.
La légende de Juárez, même si elle ne correspond pas à la réalité, est un fait historique, tout comme celle d'unSaint Louis ou d'un Henri IV en France : son culte est un des éléments de la nationalité mexicaine telle qu'elle s'est forgée au XXesiècle..
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