BEN JONSON
Publié le 18/05/2020
Extrait du document
«
BEN JONSON
1573 -1637
N'EÛT-IL été que le dramaturge, le poète, le prosateur, le pamphlétaire et le critique qu'il
fut, Ben Jonson ne se différencierait guère de bon nombre de ses contemporains, et un Middleton,
un Massinger, un Fletcher ou quelque autre ferait peut-être aujourd'hui - aussi justement,
sinon plus justement -figure de « plus grand après Shakespeare ».
Mais il s'est trouvé que, dès
le
début de sa carrière littéraire, les pédants de tous ordres reconnaissant en lui l'un des leurs,
ce très
estimable auteur de quatre excellentes comédies a pu sans trop d'efforts usurper à jamais
la place de confrères plus ou aussi méritants, et devenir non seulement le premier dictateur littéraire
et le premier poète lauréat de l'Angleterre, mais aussi et surtout l'un des grands noms de la
littérature universelle ...
Il avait,
il le dit lui-même quelque part, une montagne pour ventre et, pour démarche, un
disgracieux dandinement de l'arrière-train, et son portrait montre une face puissante, de vigou
reuses mâchoires, des yeux enfoncés
et durs, un cou de taureau tout couturé, paraît-il, par le
scorbut.
Voilà pour le physique ...
Quant au moral, le poète écossais William Drummond, qui hébergea pendant un mois
Ben
Jonson au cours du dernier voyage que fit celui-ci - à pied, de Londres en Ecosse et vice
verq, promenant sa bedaine humaniste de manoir en manoir - a laissé sur un hôte vraisem
blablement quelque peu éprouvant, des notes dépourvues de tendresse mais qui sonnent singuliè
rement juste.
« Ben Jonson, écrit Drummond, était grand amoureux et louangeur de lui-même,
plein
de mépris et de dédain pour autrui, plus volontiers disposé à perdre un ami qu'à renoncer à
un jeu de mots, jaloux de tout ce qui se faisait ou se disait autour de lui (surtout après avoir bu
du vin, lequel était l'élément ordinaire de sa vie) ...
faisant peu de cas des qualités qu'il possédait
et se vantant de celles qu'il n'avait pas ...
ne trouvant rien de bon que ce que lui ou ses amis ou ses
compatriotes avaient fait ...
»
Cette masse de tripes en mouvement, ce rire outrecuidant et, au fond, amer, cette inégalité
d'humeur portant aussi bien à l'hypocondrie qu'aux joyeusetés de taverne, tout cela vous a un
petit côté Falstaff que vient encore accentuer ce parallèle établi entre Ben Jonson et Shakespeare
par un contemporain qui les voyait souvent discuter autour d'une bouteille à la taverne de la
Sirène : « L'un est comme un grand galion espagnol et l'autre comme un vaisseau de guerre
anglais : .Jonson étant le galion solide mais lourd dans ses évolutions, Shakespeare, le vaisseau
anglais, plus léger,
virant de bord soudainement et profitant de tous les temps grâce à la vivaeité
de son esprit et de son imagination.
» Et, de fait, le falstaffien Jonson avait beau tirer de puis
santes bordées,
au nom des trois unités et des classiques grecs, le dernier mot restait - et reste -
à son
contradicteur qui, aux savantes théories, opposait le simple génie.
On trouve, du reste, comme
un écho perfide de ces discussions dans le prologue de la seconde version d' Every man in his humour,
BEN JONSON par G.
Honthorst.
National Portrait Gallery, Londres.
Photo du Mu.sét..
»
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