Baudelaire est-il le poète de la boue ?
Publié le 27/03/2022
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Dissertation de Français
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Aux alentours de 1861, le poète Charles Baudelaire écrit un épilogue pour la deuxième, et officielle,
édition des Fleurs du Mal, il y écrit "Comme un parfait chimiste [...] Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de
l'or" en voulant clamer son amour pour la ville de Paris la "capitale infâme".
Baudelaire se revendique-il
comme un alchimiste au grand cœur, changeant le chaos du monde, en belles fleurs dorés, étrangères à la
réalité ? Et si c'est le cas, de quelle façon transfigure-t-il la réalité pour transmuter le laid en beau ? Nous
verrons quelle boue hideuse se métamorphose en or poétique radieux, puis dans un second temps, la
modernité de l'œuvre de l'artiste sublimant le réel qu'est Baudelaire dans les Fleurs Du Mal .
Baudelaire aime voir le sombre de la vie, chaque détail macabre et dérangeant arborant les ruelles et
autres allées.
Il tirait son imagination de ce qui le fascinait, la débauche, les imperfections, le malheur, et
l'abstraite boue.
Dans des sections comme "Tableaux Parisiens" ou "Vin", la brume ou l'horrible odeur de
ferraille peuvent être aussi ce qu'il qualifie de "boue".
Un autre exemple serait le "spleen" qui est si cher à
Baudelaire, ce spleen est une représentation de l'ennui fatal, qui fait sombrer quiconque s'y aventure, on peut
voir ce spleen comme une forme de cette "boue" car il transforme ce spleen en poésie.
Le thème de la "boue"
est omniprésent dans cette œuvre de Baudelaire, certaines fois apparaissant clairement, comme dans "Sept
Vieillards" (vers 26) avec "Dans la neige et la boue", ou dans "Brumes et pluies" au premier vers même du
texte dans "printemps trempés de boue".
Plus généralement, le terme "boue" désigne dans le recueil tout ce
qui est mauvais, tout ce qui répugne, visible tout particulièrement dans "Une Charogne" ou le mauvais et le
dérangeant sont directement représentés par l'atmosphère répugnante qu'instaure l'auteur dans le texte, des
mots comme "charogne infâme", "exhalations", "ordure" ou finalement "vermine".
La boue est d'un certain
coté sale physiquement, d'un autre, répugnant moralement, cette boue représente tout ce qui est mal.
Cependant cette même boue est transformée, métamorphosée, en quelque chose de plus beau,
Baudelaire avait écrit dans sa préface "un parfait chimiste".
L'auteur met en place une transformation par les
inverses, par un principe de dualisme, il met en oppositions des opposés pour les rapprocher, l'écart entre la
boue et l'or est gigantesque, il utilise cette correspondance pour commencer la métamorphose en or.
Pour
reprendre l'exemple de "Une Charogne", il fait un certain oxymore qui attire l'œil, "carcasse superbe" cette
citation représente parfaitement cette transformation, en associant le splendide à l'horrible dans ses vers,
Baudelaire rend cette métamorphose cohérente, quasiment croyable...
réaliste, il attire notre regard sur
l'aspect de continuité de la nature "et le rendre [...] à la grande Nature" quelques strophes plus haut.
Dans "A
une passante rousse" il utilise cette même opposition pour changer la pauvreté en beauté, encore, dans "Le
Cygne" il met en opposition la blancheur du majestueux cygne et le décor triste qui l'entoure.
Le titre de
l'œuvre, " Les Fleurs du mal " est à lui tout seul le représentant de ce principe de dualisme, les fleurs ayant une
connotation douce et gracieuse, et le mal étant à l'opposé, Baudelaire essaye de faire naître les douceurs des
fleurs et de leurs pétales de poésie dans le mal ambiant qu'il ne fait que souligner.
Le poète ayant lui-même.
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