Barberousse
Publié le 16/05/2020
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Barberousse
Neveu du roi des Romains Conrad III, Frédéric de Souabe (ou de Hohenstaufen) accède à la royauté par l'électiondes princes allemands le 4 mars 1152.
Il a, à ce moment, atteint la trentaine ; de taille moyenne, avec des cheveuxet une barbe d'un blond-roux qui lui fit donner par les Italiens le nom de Barberousse, il était un excellent guerrier.Généreux pour ses amis, dur et parfois cruel à l'égard de ses adversaires, esprit ouvert, animé au plus haut point parla volonté de restaurer la grandeur de l'Empire, il mit au service de ce programme des qualités éminentes : lucidité,persévérance, possibilité de s'adapter à toutes les circonstances, mesure (dont il lui arriva parfois de se départir) etpar-dessus tout un sens profond de la justice et du droit qui fut l'un des principes directeurs essentiels de sonaction.
Afin de la comprendre, il importe de rappeler sommairement la situation de l'Empire vers le milieu du XIIe siècle.
Onsait que l'Empire correspondait à l'union des royaumes d'Allemagne, d'Italie et de Bourgogne sous l'autorité du roi éluen Allemagne.
Le "roi des Romains" était depuis 962 candidat-né au titre impérial : empereur il le devenait enrecevant à Rome, des mains du pape, la couronne qui symbolisait la dignité suprême.
Or, depuis la seconde moitié duXIe siècle, l'Empire avait subi une crise profonde dont la cause essentielle fut la réforme de l'Église, dite du nom deson promoteur, Grégoire VII, la Réforme Grégorienne, qui fit perdre à l'empereur toutes les prérogatives d'ordreecclésiastique dont il avait joui jusqu'alors : contrôle de l'élection du pape, désignation et investiture des évêquesen Allemagne et en Italie.
Cette situation était d'autant plus grave qu'au cours de la longue période de troubles,connue sous le nom de Querelle des Investitures, que déchaîna dans l'Empire la réforme de l'Église, les anciennesstructures territoriales et politiques de l'Allemagne devaient être détruites et que, sur leurs ruines, les lignages lesplus importants de l'aristocratie avaient entrepris d'imposer leur domination sur la terre et les hommes.
EnBourgogne, dont le lien avec l'Empire s'était singulièrement amenuisé, une féodalité envahissante affaiblissaitconsidérablement le pouvoir royal.
En Italie, les villes de Lombardie et du centre s'étaient, au cours de la crise,émancipées des évêques ou des comtes qui jusqu'alors les avaient régies au nom de l'empereur : elles étaientdevenues des communes s'administrant elles-mêmes par des consuls qu'élisaient les habitants ; elles avaient usurpéles droits régaliens ; chacune s'occupait à conquérir le plat-pays environnant et se trouvait par le fait même encompétition avec ses voisines.
De pareilles conditions imposaient à Frédéric Barberousse deux tâches principales : reprendre en main la hautearistocratie en Allemagne et en Bourgogne et, de façon générale, incorporer la féodalité à l'État ; définir la situationdes communes italiennes dans l'Empire.
Ces deux tâches s'inscrivent d'autre part dans les problèmes posés par lesrelations de l'Empire avec la Papauté et les royaumes voisins (Angleterre, France, Sicile en particulier).
C'est doncune action complexe que Frédéric s'efforcera de réaliser au cours de son règne de trente-huit ans.
Au cours des premières années du règne (1152-1157), le programme de restauration de l'Empire s'accomplit pointpar point.
Placé en Allemagne devant la guerre civile qui avait éclaté sous le règne précédent entre son proprelignage et celui des Welf, il réussit à y mettre fin en concédant en 1154 à son cousin Welf Henri le Lion, duc deSaxe, des droits de souveraineté considérables sur les pays de la rive droite de la basse Elbe (Mecklembourg actuel)et en lui reconnaissant la possession du duché de Bavière dont il avait été naguère dépouillé par Conrad III.
Mais laBavière fut en la même occasion amputée de la marche d'Autriche et celle-ci élevée au rang de duché que Frédéricattribua à l'ancien compétiteur du Welf, Henri de Babenberg (1156).
Ce compromis, outre qu'il mit fin à un graveconflit intérieur, annonçait l'entente que le roi recherchait avec la haute aristocratie.
Simultanément, il entreprit ungros effort pour asseoir son pouvoir sur des bases domaniales solides.
On oublie trop cette reconstruction d'undomaine royal qui, menée énergiquement, aboutit à la fin du règne à des résultats appréciables : des bienspatrimoniaux des Hohenstaufen en Souabe et en Alsace, il s'étire dans la vallée moyenne et inférieure du Rhin, enFranconie (Nuremberg), dans le Vogtland et jusqu'en Lusace.
Réparti en circonscriptions administrées par desministeriales, il était cependant trop dispersé à travers l'Allemagne pour pouvoir jouer un rôle comparable à celui duDomaine royal dans la France capétienne.
Cette association d'une politique domaniale à la recherche d'un accord avec la haute aristocratie reparaît dans leroyaume de Bourgogne.
Le mariage de Frédéric avec Béatrice, héritière du comté de Bourgogne, fit entrer en 1156ce dernier dans le patrimoine des Hohenstaufen : ainsi se forma une "zone impériale" groupant la Franche-Comté,l'Alsace et la Souabe et se prolongeant dans la plaine suisse d'où le roi réussit à éliminer le pouvoir concurrent desZähringen.
Dans la partie méridionale du royaume de Bourgogne, il parvint à ressaisir l'autorité sur les évêques enleur concédant systématiquement les droits régaliens moyennant l'hommage féodal et le serment de fidélité : ladiète de Besançon de 1157, où les archevêques de Lyon et de Vienne vinrent faire acte de vassalité, est sansdoute l'une des plus brillantes du règne.
Sa célébrité tient cependant encore à une autre raison, puisque à la suitede déclarations fort imprudentes du légat romain qui y assistait, elle sonne l'heure du conflit de Frédéric, qui avaitété couronné empereur deux ans plus tôt, avec la Papauté.
La décennie 1158-1168 est sans doute la période cruciale du règne, dont l'unité tient d'abord à ce que l'actionimpériale fut dirigée par le chancelier Rainald de Dassel, archevêque de Cologne et archichancelier d'Italie depuis1159.
Caractère dur et entier, féru de tradition et de droit, Rainald porte la responsabilité du raidissement croissantde la politique de son martre.
Cette politique, d'autre part, est inspirée par une idée de l'Empire singulièrementvivante.
Elle puise au Droit romain, enseigné à l'Université de Bologne, qui donna à l'Empire son fondement théorique: celui d'être l'Empire romain universel et sacré dont le chef exerçait une souveraineté absolue et indépendante.
Laseconde source de l'idée d'Empire, c'est la tradition franque réveillant entre autres le souvenir de la tutelle que.
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