Barabbas
Publié le 17/05/2020
Extrait du document
«
G HËLDERODE
Michel de Ghelderode est le pseudonyme
d ' Adémar Martens (1898
-1962), qui fut un
modeste employ é d'orig ine flamande avant
d 'écrire des pièces en français.
Son œuvre
s'in spir e du folklore carnavales que de son
pays nata l, les Flandres, et met volontier s en
scè ne des s
ujets his toriques ou reli gie u x.
L 'es thétiq ue expressio nnis te de ses pièces,
qui revête nt so uve nt le caractè re des farces
macabres , lui a va lu le surn om de
« fils
d 'En sor
»o u de « Bo sch thé âtral ».
Peintures d e James Ensor
Barabbas
Une interprétation de l'Écriture sainte
B
arabbas, prince des vo leur s, ennemi de la soc ié t é,
e st enfermé dans les geôles d'Hérode , à
Jéru salem, en compagnie de deux de ses comparses
et d'
un homme muet, my stérieux, à l 'aura irrésistible :
Jé su
s.
Tou s deux doivent être jugé s par Pilate , que
pre ssent les prêtre s, tou s ho stile s à
l'homme de
Nazareth.
Pilate s'e n remet au jugement du peuple,
qui sera libre de gracier
l'un des deux homme s.
Manipulé par le clergé , le peuple gracie Barabba s et
condamne Jésu s à la crucifixion .
Dè s lors , Barabb as,
qui est un orateur capable de
s'a dapter à toute s le s
situation s, s'insurge contre cette iniquité.
Lui qui ne
se disa it d'aucun camp, qui revendiquait l'anarchie et
la loi du plus fort,
s'é lève en juge .
Il méprise les
apôtres, trop résigné s, et Juda s, qui a trahi sans
assumer la portée de son acte.
Dans Jérusalem , à
l'heure où Jésu s meurt , le bamum , propriétaire d'une
baraque foraine, propo se à Bara bba s un spectacle
relatant le Calvaire et la vie
du brigand devenu l'idole
du peuple.
C'e st le pitre qui tiendra le rôle du Chri s t.
Barabba s ne peut supporter la parodie d'un événe
ment qu'il
juge s i grave : il incendie les baraque s
foraines au nom de la
justice , se proclame roi des
gueux
et provoque une émeute pour venger le
Chri s
t.
Mais il est poignardé par le pitre et meurt en
s'a dre ssant à Jésu s, qu 'il appelle son frère.
Un théâtre des valeurs inversées
E
n empruntant aux Saintes Écritures
l 'hi stoire de la
Pa ssio n et en la
détournant , Michel de Ghelderode a moins
vo ulu dépeindre la fin de Jé su s que
le
déclin d'une idéolo gie et d'une société
vouées à l'échec .
En effet, dans
Barabbas ,
tout n'est qu'in ve rsio n.
Barabba s manie
le ver be avec une aisance que
l'on ne
pr êterait qu
'à Jésu s.
Il harc èle le s apôtres
en leur jetant
au visage leur lâc heté et leur
traîtrise.
Les se rv iteur s de Jésu s font figure de bien
tristes représentant s du message évangélique.
De
même , le clergé, tout entier voué à sa haine pour
l 'homme de Nazareth, est présenté comme une caste
redoutable à la solde du mal , une antithèse de la
religion.
Le peuple enfin, ici symbole de la
justice ,
libère un assassin et
livre à la mort celui qui aurait pu
rendre l'homme meilleur.
Michel
de Ghelderode nous propose
dans cette
pièce, à travers le portrait
et l'évolution du brigand Barabbas,
une nouvelle vision
de la Passion.
« Dans mon cervea u de clown ,
j 'ai conçu une scène superbe qui
fera accourir
les masses.
».
»
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