Bangladesh (2003-2004): La lutte contre la corruption, enjeu prioritaire
Publié le 12/09/2020
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Bangladesh 2003-2004
La lutte contre la corruption, enjeu prioritaire
L’indépendance de la justice et la lutte contre la corruption é
taient au centre du débat public en 2003-
2004.
Mais la réforme, réclamée par la Cour suprême, d’un
système judiciaire engorgé et politisé a été
une nouvelle fois reportée par le gouvernement BNP (Parti nationalis
te du Bangladesh, majoritaire,
présidé par le Premier ministre, Khaleda Zia).
La séparation e
ntre pouvoirs exécutif et judiciaire serait
pourtant indispensable dans un pays figurant parmi les plus touchés p
ar la corruption, selon un rapport
de l’organisation non gouvernementale Transparency International (ma
rs 2004).
Le gouvernement a,
certes, fait voter en février 2004 une loi instituant une Commission
anticorruption, mais ce nouvel organe
souffre d’un manque d’indépendance et se révèle moins cri
tique que des commissions parlementaires
enquêtant sur le (dys)fonctionnement des ministères gérant le
s projets de développement.
Ce sont
surtout la presse écrite et des syndicats comme l’Association du b
arreau qui ont contribué à dénoncer les
magistrats corrompus.
2004 a aussi vu l’émergence d’une «troisième force» co
nstituée autour de l’ancien président de la
République Badruddoza Chowdhury et d’autres dissidents du BNP, bap
tisée «Courant alternatif».
Ce
nouveau parti clame sa proximité avec les organisations de la socié
té civile et fait de la lutte contre la
corruption son thème favori.
Ses critiques du népotisme régnant
dans le BNP ont créé un électrochoc au
sein d’une formation contrôlée d’une main de fer par Tareq R
ahman, fils de Khaleda Zia.
Le
gouvernement, ainsi que la League Awami (AL), jalouse de son statut de
principal courant d’opposition,
se sont efforcés d’affaiblir ou d’absorber ce mouvement gêna
nt.
Démocratisation ralentie et conflits récurrents
À la suite du boycottage du Parlement par l’AL à partir de juin
2003, la stratégie de confrontation a repris
entre l’opposition et le BNP.
L’AL a eu recours, à partir de fé
vrier 2004, aux hartal, combinaisons de
manifestations provocatrices et de grèves générales paralysant
les zones urbaines.
Cette tactique visait à
faire démissionner le gouvernement et à organiser des élections
anticipées, mais l’ultimatum d’abandon
du pouvoir fixé au 30 avril n’a finalement pas abouti pour deux ra
isons : les ambassades occidentales ont
désavoué une stratégie perçue comme antidémocratique, et
le gouvernement s’est attaché, par une
répression à grande échelle (15 000 arrestations à Dacca en
une semaine), à réduire cette menace.
D’autres types de conflits sont réapparus pendant l’année.
D
es groupes musulmans fondamentalistes
proches d’un parti au pouvoir, Islami Oikkyo Jote, s’en sont viole
mment pris à la minorité ahmadi (issue
d'un courant réformateur musulman née au Pendjab à la fin du xi
xe siècle et comptant plus de 100 000
membres) et ont exigé du gouvernement qu’il la déclare «non
musulmane».
Le Bangladesh,
contrairement au Pakistan, n’a jamais cédé sur ce point ; mais,
cette fois, le Premier ministre a décidé le
8 janvier 2004 d’interdire les publications ahmadi les plus hété
rodoxes.
Par ailleurs, la situation dans les
Chittagong Hill Tracts restait volatile sept ans après la signature d
’un traité de paix entre le
gouvernement et le PCJSS (Parbattya Chattogram Jana Samhati Samiti, Par
ti uni du peuple des collines
de Chittagong), représentant les minorités ethniques.
La non-appl
ication des accords par le BNP et les
opérations armées d’organisations radicales tribales et bengali
ont remis en question le précaire équilibre
atteint après vingt ans de conflit.
L’instabilité de cette ré
gion la rend aussi propice à tous les trafics,
comme l’a illustré la saisie historique d’armes dans le port de
Chittagong le 2 avril 2004 ; elle alimente
surtout les tensions avec l’Inde, qui continue à dénoncer la pr
ésence sur le territoire bangladais de
militants indépendantistes du Nord-Est indien soutenus, selon New Del
hi, par le Pakistan, mais Dacca
dément tout soutien à des «terroristes».
Espoirs et craintes à l’aube d’une nouvelle ère libérale
Les autres points de contentieux avec l’Inde demeuraient irrésolus
(inégalité du commerce bilatéral et
craintes par rapport au mégaprojet fluvial d’irrigation du Sud ind
ien), même si la défaite du BJP aux.
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