Bangladesh (1993-1994: Affrontements communalistes
Publié le 12/09/2020
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Bangladesh 1993-1994
Affrontements communalistes
Ce n'est qu'en 1991, après vingt ans de régimes autoritaires, que
le pouvoir est revenu à un
gouvernement affichant des aspirations démocratiques.
Cette premiè
re période d'apprentissage
démocratique engagée par le gouvernement de la bégum Khaleda Zi
a, veuve du chef de l'État Zia-ur
Rahman assassiné en 1981, a présenté un bilan très éloign
é des espérances d'une population dotée de
convictions nationalistes et de traditions politiques historiquement trè
s fortes.
Le libéralisme économique promu par le gouvernement n'a tout d'abo
rd pas abouti aux résultats
escomptés.
La volonté d'attirer les investissements étrangers a
conduit à l'ouverture de zones franches
restant quasiment vides, tandis que l'on déplorait toujours l'absence
d'investissements locaux.
Sous la
pression du FMI et de la Banque mondiale, l'ajustement structurel de l'é
conomie a débouché sur des
programmes de privatisation du secteur public impliquant des licenciemen
ts dans l'industrie du jute, dans
les chemins de fer et l'électricité.
L'absence de politique social
e pour accompagner ces mesures
économiques a entraîné une aggravation du chômage et une dim
inution du pouvoir d'achat des couches
populaires et des classes moyennes.
En dépit de bonnes récoltes ay
ant eu pour conséquence une baisse
des prix des produits agricoles, les classes rurales n'ont pas davantage
vu leur situation s'améliorer
véritablement.
Des grèves extrêmement fréquentes ont à no
uveau ébranlé tous les secteurs de
l'économie.
Dans les universités, l'ampleur a été telle que
l'enseignement et la délivrance des diplômes
ont pu être jugés menacés.
Un Jamaat-I-Islami particulièrement courtisé
Le crédit du gouvernement s'est trouvé également largement enta
mé dans le domaine politique.
Le Parti
national du Bangladesh (BNP, au pouvoir) a perdu les deux grandes vill
es de Dhaka et Chittagong,
passées à la Ligue Awami, parti de Sheikh Hassinah, fille de Sheik
h Mujibur Rhaman, chef de file de
l'indépendance nationale et premier chef d'État à l'indépend
ance, assassiné en 1975.
Des élections
truquées au profit du BNP pour le renouvellement d'un siège parlem
entaire dans un fief de la Ligue
Awami, fortement contesté, ont débouché sur une série de man
ifestations politiques violentes, durement
réprimées, avec pour solde des morts et de nombreux blessés.
En
avril 1994, le parti d'opposition a
appelé à trois jours de grève générale; cette forme de co
mbat politique paralysant complètement le pays
par son radicalisme a été particulièrement prisée pendant la
longue période de pouvoir du général
Hussein Mohammad Ershad (1982-1990), toujours en prison.
Ce contexte a placé le Jamaat-I-Islami dans une position particuliè
re.
L'alliance réussie du parti islamiste
avec le BNP en 1991 pour promouvoir la bégum Zia à la tête du g
ouvernement a, depuis, fait figure de
modèle tactique.
Ainsi l'électorat du Jamaat-I-Islami est-il deven
u l'objet des convoitises de la Ligue
Awami dans ses efforts pour se hisser au pouvoir, au prix du reniement,
pour ce parti de la "libération",
de ses idéaux de toujours: laïcité et démocratie.
Déjà
présent au sein du gouvernement, le parti islamiste,
autorisé pour la première fois en 1991, a ainsi vu son audience s'
accroître relativement.
Bien que
d'importantes dissensions existent en son sein, ses actions publiques on
t tendu à se multiplier, obligeant
chacun à se déterminer sur la question de l'intégration de l'is
lam dans la vie sociale, morale et politique,
selon des formes nouvelles en regard des traditions intellectuelles de l
a nation, très attachée à une
grande tolérance religieuse.
Le chef du Jamaat-I-Islami, le professeur Golam Azam avait été un
collaborateur notoire du
gouvernement pakistanais (avant l'indépendance acquise en 1971 au te
rme d'une guerre de libération, le
Bangladesh constituait le "Pakistan oriental").
Incarcéré en 1992
, mais libéré un an plus tard et devenu
officiellement titulaire de la nationalité bangladeshie, il n'étai
t plus, en 1994, au centre des conflits.
Le
comité qui avait été le fer de lance du combat contre le chef i
slamiste s'est lui-même scindé; sa faction de
"gauche" demeurée active dans la lutte contre les "anciens collaborat
eurs" de l'État pakistanais (dont
certains ont été intégrés au gouvernement de la bégum Zia
), s'est cependant majoritairement consacrée
à l'éducation des jeunes générations concernant la mémoir
e de la guerre de libération..
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