Bachelard, La formation de l'esprit scientifique: La connaissance scientifique a-t-elle des limites ?
Publié le 27/08/2021
Extrait du document
«
La connaissance scientifique a-t-elle des limites ?
HK3 DS 2020-2021
La " connaissance scientifique " désigne l'activité qui vise à la détermination des propriétés
d’un phénomène de manière universelle et vérifiable .
Elle procède à l’aide de méthodes
rigoureuses et aboutissant à l’établissement de lois a priori invariables (comme la géométrie
ou l'arithmétique), ou, à défaut, d'hypothèses et de théories cohérentes .
Les " limites " sont,
au sens propre, des bornes, des barrières, des frontières, mais ici, au sens figuré, elles
représentent des obstacles, des seuils de développement que ne peut dépasser une activité,
contre lesquels elle viendrait buter.
Le sujet présuppose que la connaissance scientifique ne cesse de progresser (que ce
progrès est même impressionnant, au sens où l'on dit parfois : "Mais où s'arrêtera-t-il ?"), et il
ne reste plus ici qu’à savoir si cette progression admet des limites susceptibles de la
circonscrire.
L'effort et les résultats des chercheurs semblent plutôt a priori illimités , sinon
cette question ne se poserait pas.
Il est incontestable que la connaissance scientifique suit
un progrès notable depuis l’Antiquité et que ce progrès a même vu son rythme s’accélérer
vertigineusement durant notre modernité : les grandes découvertes se sont accumulées , tant
à propos de la structure de l'infiniment grand que de celle de l'infiniment petit (astrophysique,
microphysique, etc.), aussi bien sur les propriétés de la matière que sur les phénomènes de
la nature (botanique, médecine, génétique, etc.), et sur d'autres objets d'étude tels que les
chiffres ou les hommes eux-mêmes (il n'est qu'à considérer les travaux des sciences exactes
ou des sciences humaines, à l'essor exponentiel depuis 150 ans).
Lorsque le savoir
scientifique se contente d'hypothèses, donc de théories incertaines, celles-ci sont
cohérentes, fortes et audacieuses (comme la théorie du big bang ou la théorie de
l'évolution) : ce ne sont certes pas des connaissances certaines et définitives, mais elles
méritent pleinement le nom de connaissances par leur validité et leur cohérence, et par le
nombre d'arguments qui plaident en leur faveur.
Toutefois, cette progression semblent rencontrer des limites susceptibles de restreindre
son effort et son essor : des théories butent sur des contradictions ou sont régulièrement
contestées et abandonnées , certaines connaissances sont relativisées et considérées
comme incomplètes ou imprécises .
Même les mathématiques, longtemps jugées
inébranlables, ont été paradoxalement remises en question par la mise en doute de leurs
axiomes que l'on croyait éternels.
De surcroît, même si leurs apports et leurs conceptions
sont à prendre en compte, certains thèmes et problèmes semblent hors des prises des
savants, à commencer par les questions métaphysiques telles que l'existence de Dieu,
l'origine première de la société, du langage ou de l'art, voire de l'homme, le processus
synthétique la vie, etc.
Alors (problématique sous forme d'une contradiction), le savoir scientifique peut-il
indéfiniment progresser ? Ou force est-il de concevoir un terme à cet essor ? A-t-il les
moyens d'atteindre l’absolu, autrement dit une compréhension intégrale et parfaite du monde
et de l'homme, un savoir total du réel ? Ou bien la science rencontre-t-elle des obstacles
indépassables ? L’homme peut-il espérer tout savoir un jour grâce à la recherche
scientifique ? Ou bien existe-t-il des éléments de la réalité définitivement inexplicables, des
problèmes en soi impossibles à résoudre, qui dépassent absolument et résolument les
capacités de la raison ?
Ou (problématique sous forme d'un paradoxe) : comment la connaissance scientifique
pourrait-elle se heurter à des limites alors que son progrès semble illimité et triomphal, et
qu'elle accumule les découvertes et les théories, dans une pleine santé épistémologique ?
I) La science n’offre-t-elle pas a priori l’impression d’un progrès continu, paisible et
illimité ? = réinterrogation du présupposé
1) L’accumulation des connaissances .
La science bute régulièrement sur des limites,
certes, mais provisoires et sans cesse repoussées .
Toutefois, gardons-nous de confondre
l’inconnu et l’inconnaissable : ce n'est pas parce que les modalités d'un phénomène n'ont 1.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Bachelard, La Formation de l’esprit scientifique , p. 15-16 (« Quand on cherche... » à « Contredire un passé. »)
- BACHELARD, Gaston (1884-1962)Philosophe, il analyse les conditions de la connaissance scientifique : le Nouvel Esprit scientifique (1934), L'Eau et les Rêves (1941).
- GASTON BACHELARD : LA FORMATION DE L'ESPRIT SCIENTIFIQUE (Résumé & Analyse)
- "L'opinion a, en droit, toujours tort." Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique, 1938. Commentez cette citation.
- BACHELARD: l'hétérogénéité de la connaissance scientifique à la perception naïve