Azerbaïdjan 1999-2000 Au-delà du mirage pétrolier
Publié le 12/09/2020
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Azerbaïdjan 1999-2000
Au-delà du mirage pétrolier
L'Azerbaïdjan, longtemps le symbole de l'or noir, a été frappé
de plein fouet par une crise sans précédent
: au cœur du rude hiver, des régions entières ont été plo
ngées dans le noir.
La capitale, Bakou,
traditionnellement épargnée par les pénuries énergétiques
, n'a pas échappé à cette "grande panne",
humiliant retour à des réalités qui semblaient relever du passé
soviétique.
Confronté à l'exacerbation des
attentes d'une population entretenue dans l'illusion de vivre dans un "n
ouveau Koweït", le président Aliev
avait sévèrement pointé du doigt une "bureaucratie incapable et
corrompue".
De janvier à avril 2000, les
autorités avaient dû réduire fortement les exportations de pé
trole afin de satisfaire les besoins du marché
intérieur.
Malgré le volontarisme des autorités azerbaïdjanaises et les en
gagements pris par les État-Unis et la
Turquie au sommet de l'OSCE - Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe (Istanbul, 18-19
novembre 1999) -, la réalisation de l'oléoduc Bakou-Ceyhan devant
transporter le "nouveau pétrole" sur
la côte méditerranéenne de la Turquie est restée probléma
tique.
David Woodworth, président de l'AIOC
(Azerbaidjan International Oil Consortium), le consortium internationa
l chargé de la prospection et de
l'exploration des gisements de Chirag et Azeri, a ouvertement exprimé
ses doutes et ses réticences.
Les
réserves de la mer Caspienne, estimées de 3,6 à 12,5 milliards
de barils, restent très en deçà de celles de
l'Arabie saoudite (260 milliards), le coût du "nouveau pétrole"
demeure très élevé, y compris avec un baril
à 30 dollars.
La concurrence de Transneft, un nouveau tube chargé
de transporter le pétrole de la
Caspienne vers le port russe de Novorossiisk, et les réticences du Ka
zakhstan ont semblé devoir freiner
durablement la réalisation de ce projet coûteux.
En fait, le mirage pétrolier n'a plus suffi à masquer la réalit
é : l'économie azerbaïdjanaise est au bord de
la ruine, l'industrie sinistrée, et l'agriculture, coupée de ses m
archés traditionnels (la Russie), pâtit par
ailleurs d'un exode rural massif.
La production de naphte, malgré l'e
nvolée des cours mondiaux, n'est pas
à la hauteur des attentes : l'extraction de l'"ancien pétrole" est
en déclin, celle du "nouveau pétrole", dont
la compagnie nationale, la SOCAR (State Oil Company of Azerbaidjan), n
e détient que 10 %, reste
modeste et est réservée à l'exportation.
Dans un pays où les
hydrocarbures fournissent 75 % des
recettes budgétaires, le rêve pétrolier a induit des comporteme
nts pernicieux : l'Azerbaïdjan - et en
particulier sa capitale Bakou - a cru pouvoir vivre sur une rente pét
rolière virtuelle sur fond de corruption
endémique.
Les effets de la crise sont multiples, en particulier dans
le domaine de l'éducation : plus de la
moitié des enfants en âge d'être scolarisés ne prennent plus
le chemin de l'école.
La question du Haut-Karabakh est restée comme une épée de Damoc
lès suspendue au-dessus des
autorités de Bakou.
Les contacts réguliers entre les présidents
azerbaïdjanais et arménien n'ont pas
débouché, malgré les efforts de la communauté internationale
.
L'ébauche de compromis qui semblait se
profiler à l'automne 1999 n'a pas résisté à la crise armé
nienne et aux résistances qui se manifestaient à
Bakou.
Tandis que l'opposition dénonçait l'"abandon du Karabakh",
grèves de la faim et démonstrations
de force à l'appui, le doute s'insinuait au sein même du pouvoir.
Après la démission du "conseiller spécial
du président", Vafa Goulizadé, c'était au tour du ministre des
Affaires étrangères, Tofik Zoulfougarov, de
se retirer, le 24 octobre.
Violations des droits de l'homme et entorses répétées à la l
iberté de la presse ont continué à marquer les
pratiques du régime autoritaire du président Aliev, un homme âg
é de 77 ans.
L'Azerbaïdjan, seul État de
Transcaucasie à ne pas abriter de bases russes, a observé avec inq
uiétude l'évolution de la situation au
Caucase du Nord, en particulier en Tchétchénie.
Bakou a semblé
désireux d'améliorer ses relations avec
Moscou, comme pour exorciser le danger d'un retour de la Russie..
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