Avons-nous un monde commun ?
Publié le 14/12/2023
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Avons-nous un monde commun ?
“Le monde commun est ce qui nous accueille à notre naissance, ce que nous
laissons derrière nous en mourant.
Il transcende notre vie aussi bien dans le passé que
dans l’avenir ; il était là avant nous, il survivra au bref séjour que nous y faisons.
Il est ce
que nous avons en commun non seulement avec nos contemporains, mais aussi avec
ceux qui sont passés et avec ceux qui viendront après nous.” Ces paroles diffusées par
Hannah Arendt dans son ouvrage Condition de l’homme moderne peuvent être
comprises comme étant une définition complète de ce qu’est le monde commun, afin de
traiter du sujet suivant : “Avons-nous un monde commun?”.
Le monde serait alors compris comme « totalité englobante supposant un certain ordre
organisé autour d'un principe commun d'intelligibilité », selon la définition du Dictionnaire
des concepts philosophiques.
Le caractère commun du monde résiderait alors dans le
fait que tout homme a conscience à la fois de faire partie de l’espèce humaine, et que
tout Homme partage le monde avec les autres.
Il est nécessaire d’établir les modalités
du verbe « avoir » dans ce cas là, qui se rapporterait à se demander si nous vivons tous
la même expérience humaine dans notre monde.
Il est alors nécessaire de se demander si le sentiment originel de coexistence chez les
Hommes permet d’affirmer que nous vivons une expérience humaine commune au sein
d’un monde commun ? Pour répondre à cette problématique nous traiterons dans un
premier temps du sentiment d’intersubjectivité, né de l’Homme, qui prend part à la
création d’un monde commun (I), puis nous verrons que l’Homme est comme un
microcosme, que son égocentrisme et le solipsisme empêche la création de ce monde
commun(II).
I- Le sentiments d’intersubjectivité, né de l’Homme, qui prend par à la création d’un
monde commun
Des phénoménologues tels que Husserl soutiennent que la condition de base
pour être humain est d’avoir un esprit ouvert à l’esprit des autres et de voir l’autre
comme fondamentalement pareil à soi.
Au-delà des différences culturelles ou autres,
lorsqu’il s’agit de comment on expérimente le monde, nous sommes effectivement à peu
près les mêmes, et donc nous évoluons dans un monde commun.
De plus, notre
expérience est celle d'un être dont le rapport à soi, au monde, à la vérité est toujours
déjà médiatisé par les autres.
En ce sens, Descartes lorsqu’il disjoint radicalement le
moi et autrui ne prend pas en compte qu'il a eu besoin des autres pour apprendre à
parler et à penser, en utilisant les mêmes mécanismes que ses semblables : le langage
requiert l’intersubjectivité, tout comme la conscience réflexive requiert l’intersubjectivité.
L'expérience de la conscience de soi et du monde n'est donc pas expérience solitaire.
Autrui est toujours présent à ma conscience et il faut renoncer à l'idée que la subjectivité
se construit de manière autonome du monde qui l’entoure.
Le sujet se constitue et
constitue son monde dans et par sa relation aux autres.
L'intersubjectivité est la
condition d’un monde commun à tous.
Chez Merleau-Ponty, l’intersubjectivité est ce par quoi un monde commun est
possible.
En effet, notre expérience est celle d'un être pour qui l'existence d'autrui est
l'objet d'une certitude immédiate, préréflexive.
Il est faux de prétendre qu'il faille passer
par un raisonnement par analogie pour s'assurer de l'existence d'autres consciences.
Ce sentiment d’intersubjectivité et de coexistence provient donc de l’Homme en
lui-même.
Cette réalité intérieure fait naître en l’Homme sa conscience de partager un
monde commun avec les autres êtres qui l’entourent, conscience émanant directement
des êtres et de leur représentation du monde.
Dans l'esprit de sa philosophie, Arthur
Schopenhauer voit le monde comme la manifestation « d'une volonté aveugle, unique
pour tous les êtres, et qui produit sans raison et sans but ».
Le monde en tant qu'objet,
n'est ainsi, comme l'a vu Kant, que notre représentation.
Le monde commun n’est donc
pas quelque chose d’extérieur à l’homme, qui serait là de toute éternité et dans lequel
nous évoluerions.
Le monde commun naît de l’homme, il n’existe que parce que
l’homme existe ou, pour être plus juste, il n’existe que lorsque l’homme le crée.
Par la
parole et l’action communes, les hommes établissent un espace qui s’étend partout où
ils se trouvent.
Nous touchons là au point nodal du concept : le monde commun n’est toujours
qu’un potentiel à réaliser.
Puisque la représentation et la création d’un monde commun
est directement inhérente au sujet, il est important de constater que le sentiment
d’intersubjectivité qui l’habite ne suffit pas à l’établissement d’un monde commun, et qu’il
faut également prendre en compte le microcosme, l’égocentrisme et le solipsisme
propre à l’Homme.
II - L’Homme comme microcosme, son égocentrisme et le solipsisme empêche la
création de ce monde commun
En philosophie, un microcosme est une représentation de l'homme considéré
comme un petit monde en soi, comme un résumé de la création, une synthèse à....
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