Autrui dans la vie sociale et politique
Publié le 17/06/2020
Extrait du document
«
L'homme, animal politique?
Aristote définit l'homme comme << animal politique)),
indiquant par là une sociabilité* innée.
Pour ce dernier en
effet, la société, le rassemblement des hommes dans le
cadre d'une communauté politique réglée par des lois,
s'inscrit dans une logique naturelle et spontanée: on trouve
d'abord, dans la cellule familiale, la réunion des sexes
en vue de la conservation de l'espèce, puis le village comme
union de plusieurs foyers, et enfin la Cité comme rassemblement
de bourgades autour d'un centre administratif
commun.
Comme on le voit, pour Aristote ce procès de concentration
a l'allure d'une croissance organique: c'est une disposition
naturelle qui fait que l'homme rencontre son semblable
et s'unit à lui.
58
On opposera à cette conception la thèse de Rousseau
pour lequel l'homme naturel n'est pas fait pour vivre en
société.
Seul un cataclysme extraordinaire a pu avoir la force
d'obliger à ces regroupements artificiels, contraignants
et aliénants que sont les sociétés humaines:« Supposez
un printemps perpétuel sur la terre; supposez partout de
l'eau, du bétail, des pâturages: supposez les hommes sortant
des mains de la nature une fois dispersés parmi tout
cela : je n'imagine pas comment ils auraient jamais renoncé
à leur liberté primitive et quitté la vie isolée et pastorale
si convenable à leu'r indolence naturelle, pour s'imposer
sans nécessité l'esclavage, les travaux, les misères inséparables
de l'état social.
Celui qui voulut que l'homme fût
sociable toucha du doigt l'axe du globe et l'inclina sur l'axe
de l'univers.
À ce léger mouvement je vois changer la face
de la terre et décider la vocation du genre humain: j'entends
au loin les cris de joie d'une multitude insensée; je
vois édifier les Palais et les Villes; je vois naître les arts,
les lois, le commerce; je vois les peuples se former,
s'étendre, se dissoudre, se succéder comme les flots de
la mer: je vois les hommes rassemblés sur quelques
points de leur demeure pour s'y dévorer mutuellement et
faire un affreux désert du reste du monde, digne monument
de l'union sociale et de l'utilité des arts1.
»
La coexistence pacifique
ou la guerre perpétuelle?
Mais cette naturalité de la société n'entraîne pas pour
autant une cohésion sociale spontanée et harmonieuse· le
rapprochement des homme entre eux soulève vite des
tensions, développe des conflits: les risques de désordre
sont immédiats.
Autrui dès lors peut vite devenir un objet
de haine, d'envie, la victime de violences.
C'est pourquoi
la société devra s'attacher à développer en son sein des
vertus telles l'altruisme ou le respect du bien d'autrui afin
de garantir son intégrité naturelle.
.../...
La sociabilité de l'homme semble être une disposition de
nature : l'homme est naturellement pour l'homme le plus utile et
le plus précieux des biens.
La société des hommes ne se réduit
donc jamais à la simple juxtaposition d'individus, mais forme au
contraire une communauté vivante.
C'est au respect absolu de
cette communauté humaine qu'en appelle Cicéron dans sa défense
des vertus altruistes.
Dépouiller autrui et augmenter ses aises aux dépens des
autres, voilà qui est contraire à la nature, bien plus encore
que la mort, la pauvreté, la douleur, que tous les accidents qui
peuvent arriver à notre corps ou à nos biens extérieurs; car
c'est là supprimer la vie commune et la société des hommes.
Si nous sommes disposés à dépouiller et à léser autrui à notre
profit, la société du genre humain, qui est par-dessus tout
conforme à la nature, doit nécessairement se rompre.
Si
chaque membre avait le sentiment qu'il peut se bien porter en
faisant passer en lui la santé du membre voisin, le corps tout
entier s'affaiblirait et périrait nécessairement: de même, si
chacun de nous tirait à lui tout ce qui sert aux autres et enlevait
à chacun tout ce qu'il peut pour en tirer profit, la société
et la communauté des hommes seraient nécessairement ruinées.
Que l'on préfère acquérir pour soi plutôt que pour les
autres ce qui se rapporte à l'usage de la vie, je l'accorde et la
nature n'y répugne pas; ce qu'elle ne peut souffrir, c'est que
nous augmentions notre fortune, nos ressources, notre richesse
avec les dépouilles des autres..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Georg Morris Cahen Brandès1842-1927Disciple de Heiberg, influencé par faine et Stuart Mill, il introduit l'esthétique à l'Université etexerce comme critique une influence considérable sur la vie littéraire, sociale et politique detoute la Scandinavie.
- « Un homme sans vie sociale est soit une bête soit un dieu » ARISTOTE
- montrerez que les sondages ont des effets sur la vie politique, notamment sur les gouvernants et les électeurs
- Les oeuvres littéraires ont-elles le pouvoir d'améliorer la vie des hommes, tant dans le domaine privé, en les rendant davantage et durablement heureux, que dans le domaine politique et social.
- La critique sociale et politique dans Bel-Ami.