Autriche (1999-2000): Au ban de l'Union européenne
Publié le 12/09/2020
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Autriche 1999-2000
Au ban de l'Union européenne
Les élections générales au Conseil national (Parlement) du 3
octobre 1999 ont consolidé le Parti libéral
d'Autriche (FPÖ de Jörg Haider), perçu comme se situant trè
s à droite de la scène politique.
Les deux
partis de la coalition gouvernementale, le Parti social-démocrate d'A
utriche (SPÖ, centre gauche) et le
Parti populaire d'Autriche (ÖVP, centre droit), ont reculé en su
ffrages et en sièges.
Tout en conservant sa
position de premier parti d'Autriche, le SPÖ n'est parvenu à recue
illir que 33,2 % des voix, réalisant le
plus mauvais score de son histoire.
L'ÖVP a également atteint son
plancher, avec des pertes toutefois
moindres que le SPÖ (26,9 %).
Le FPÖ a atteint le même pource
ntage, mais avec quelques centaines de
voix supplémentaires, devenant ainsi pour la première fois le deux
ième plus important parti du pays.
Les
Verts, deuxième parti d'opposition (centre gauche), ont gagné du
terrain, en passant de 4,8 % à 7,4 %
des voix.
Le Forum libéral (parti d'opposition centriste) a manqué
de peu les 4 %, perdant sa
représentation (10 sièges) au Parlement.
Les 183 sièges de ce
lui-ci se répartissaient ainsi : 65 au SPÖ (-
6), 52 à l'ÖVP (- 1), 52 au FPÖ (+ 12) et 14 aux Verts (+
5).
Le verdict des urnes surprenait toutefois moins une fois rapproché de
s évolutions du premier semestre
1999.
Aux régionales, le FPÖ avait obtenu de très bons résul
tats.
Ainsi est-il devenu le premier parti de
Carinthie.
Le SPÖ et l'ÖVP n'ont pas pu (ou pas voulu) associer
leurs forces pour empêcher J.
Haider
d'accéder au poste de gouverneur du Land.
Les partis gouvernementaux
ont échoué à tirer profit, à la
fois, de l'évolution économique favorable et de la forte visibilit
é qu'ils avaient acquise durant le second
semestre 1998 où l'Autriche présidait l'Union européenne (UE)
.
Les scores des élections d'octobre 1999 permettaient d'envisager troi
s configurations gouvernementales.
Les Verts n'étant pas assez puissants pour former une majorité ave
c l'un des plus grands partis, toute
alliance entre le SPÖ, le FPÖ et l'ÖVP constituait une possibil
ité, mais le SPÖ avait clairement exclu la
perspective d'un accord avec le FPÖ.
Cette situation a placé l'Ö
VP en position de pivot : il lui revenait de
décider qui serait à la tête du pays : lui-même en partenari
at avec le SPÖ ou lui-même et le FPÖ.
Après avoir envisagé de rester dans l'opposition, l'ÖVP a ouver
t une négociation avec le SPÖ pour le
renouvellement de l'ancienne "grande coalition" SPÖ-ÖVP.
Fortement
encouragés par le président de la
République Thomas Klestil, le SPÖ (représenté par le chance
lier et président du parti Viktor Klima) et
l'ÖVP (représenté par le vice-chancelier et président du pa
rti Wolfgang Schüssel) sont parvenus à un
accord en janvier 2000, mais les négociations ont fini par achopper s
ur la question des nominations
gouvernementales.
Bravant les mises en garde de T.
Klestil et des gouver
nements européens, W.
Schüssel est entré en pourparlers avec le FPÖ.
Et, le 3 févr
ier, il a signé avec Jörg Haider un accord de
coalition.
T.
Klestil, après avoir insisté sur le fait que ce choi
x ne servirait pas au mieux les intérêts de
l'Autriche, a formé un nouveau gouvernement, avec à sa tête W.
Schüssel (chancelier) et Susanne Riess-
Passer (FPÖ, vice-chancelier).
Les gouvernements des quatorze autres États membres de l'UE ont ré
agi en déclarant qu'ils
déclasseraient leurs relations bilatérales avec l'Autriche.
Leurs
sanctions ont, dès lors, isolé l'Autriche au
sein de l'Union, devenant par là la prima causa (dossier de premier
plan) de la vie politique autrichienne
en 2000.
La motivation de ces sanctions réside dans la prise de consc
ience que le FPÖ est un parti
d'extrême droite et dans le refus de créer un précédent pouv
ant avoir des conséquences négatives sur
l'évolution de l'UE.
Le passé politique du FPÖ (fondé par d
'anciens membres du Parti national-socialiste),
tout comme ses prises de position récentes (assombries par les campa
gnes xénophobes et son
"europhobie") étaient à la base de ce choix.
En dépit de ses bons résultats (le chômage (3,6 %) s'est sit
ué largement en deçà de la moyenne
européenne, l'inflation était quasi inexistante (0,5 %) et la cr
oissance a atteint le taux 2,0 %), l'économie
autrichienne a révélé un point faible, sa balance budgétaire
.
Début 2000, le Conseil des ministres des
Finances de l'UE (Ecofin) a clairement fait savoir que le budget de l'
Autriche devait être repris en main
pour satisfaire aux critères de convergence de Maastricht, concernant
l'appartenance à la Zone euro
(entrée en vigueur le 1er janvier 1999).
Ainsi la rigueur budgét
aire allait-elle faire partie des priorités du
nouveau gouvernement.
Celui-ci ayant envisagé des coupes claires dans
certains domaines de politique.
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