autoportrait (art)1PRÉSENTATIONautoportrait (art), représentation figurative de l'artiste par lui-même ; par extension, nom du genre pictural formé par ce type d'oeuvres.
Publié le 18/05/2020
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1 PRÉSENTATION
autoportrait (art) , représentation figurative de l’artiste par lui-même ; par extension, nom du genre pictural formé par ce type d’œuvres.
2 NAISSANCE D’UN GENRE
2. 1 Le Moyen Âge
Jusqu’au début du XVe siècle, le peintre — qui ne possède alors que le statut d’un artisan exécutant une commande — ne se représente que rarement dans ses œuvres.
Si au cours du Moyen Âge quelques enlumineurs n’hésitent pas à se montrer
attelés à leur tâche au sein de vignettes ornant des manuscrits, il faut attendre Jan Van Eyck pour qu’un grand maître de la peinture représente explicitement sa propre image au sein d’une de ses œuvres.
Cette représentation est discrète et se devine
dans le reflet du miroir convexe situé entre les deux protagonistes principaux des Époux Arnolfini (1434, The National Gallery, Londres).
Le premier autoportrait individuel, quant à lui, est dû au peintre français Jean Fouquet qui peint son effigie dans
un médaillon de cuivre destiné à prendre place sur la bordure du Diptyque de Melun (1451, musée du Louvre, Paris).
Il donne ainsi naissance à un tout nouveau genre pictural, dont le développement se trouve bientôt accéléré par le perfectionnement
de la qualité des miroirs de verre (objets apparus dès le XIIIe siècle), permettant à l’artiste d’avoir une vision plus précise de ses propres traits.
2. 2 La Renaissance
C’est en Italie, durant la Renaissance, que la pratique de l’autoportrait se développe plus franchement.
Cette tendance, sans doute favorisée par l’épanouissement de la pensée humaniste qui porte un grand intérêt à la valeur de l’individu en tant que
tel, est également l’illustration de la plus grande importance sociale que prennent à cette époque les artistes.
Tandis que la peinture quitte le rang des arts mécaniques pour atteindre le statut d’art libéral, les peintres mettent tout en œuvre pour
exalter la gloire et la puissance des plus grands personnages de leur temps, et leur renommée s’amplifie en fonction du prestige de leurs commanditaires .
2.2. 1 Des insertions répétées d’autoportrait
Dans un premier temps, les autoportraits ne sont pas le sujet unique de l’œuvre.
L’artiste peut mettre en avant son image de manière explicite comme dans la peinture intitulée Cinq Maîtres de la Renaissance florentine (entre 1500 et 1550, musée du
Louvre, Paris), attribuée à Paolo Uccello et qui montre un autoportrait de l’artiste entouré des portraits de Giotto, Donatello, Antonio Manetti et Filippo Brunelleschi.
Plus souvent, le visage du peintre s’intègre à une composition religieuse.
Outre la
forme de « signature » que cela représente pour le peintre, c’est également une manière pour lui de montrer son appartenance à un milieu brillant.
Dans l’Adoration des Mages (1474, galerie des Offices, Florence), Sandro Botticelli se représente ainsi
parmi les membres de la famille Médicis, tandis que dans l’École d’Athènes (1509-1511, musées du Vatican), Raphaël glisse son image parmi celles des autres protagonistes, tout en donnant les traits de Léonard de Vinci, Michel-Ange et Bramante à
certains de ses personnages.
Ces exemples montrent à quel point l’artiste occupe une place nouvelle, d’une grande valeur, dans la société de son temps.
Par l’autoportrait, il revendique à la fois son talent et son statut.
2.2. 2 L’apparition de l’autoportrait individuel
Les premiers autoportraits individuels de la Renaissance sont le fait d’Albrecht Dürer et de Titien.
Ces deux artistes provoquent, chacun à leur manière, une évolution du genre.
Albrecht Dürer se met en scène de manière flatteuse dans deux célèbres autoportraits : dans le premier tableau, il se figure vêtu d’un riche vêtement, insistant de ce fait sur le caractère privilégié de sa condition et témoignant de son succès
(Autoportrait, 1498, musée du Prado, Madrid) ; deux ans plus tard, il se représente dans une pose évoquant directement la figure du Christ ( Autoportrait au col de fourrure, 1500, Alte Pinakothek, Munich).
L’artiste livre ainsi sa vision du pouvoir
créatif, qu’il considère être un don de Dieu s’exprimant par l’intermédiaire de sa main.
Une fois encore l’image même de l’artiste s’en trouve magnifiée.
Au cours des décennies suivantes, il est courant pour les peintres de se représenter au travail ou,
du moins, munis des attributs propres à leur activité (palette et / ou pinceaux), mais nul ne pousse aussi loin que Dürer cette exaltation de sa propre valeur.
À l’inverse de l’ostentation montrée par les toiles de Dürer, l’œuvre de Titien se distingue par l’attention portée à l’introspection.
Dans deux autoportraits réalisés vers la fin de sa vie, le peintre se montre sensible à la dimension psychologique que
renferme ce type d’auto-observation ( Autoportrait, non daté, Gemäldegalerie, Berlin ; Autoportrait, non daté, musée du Prado, Madrid) et propose, au travers de ces toiles, une forme de méditation sur l’avancée en âge et l’approche de la mort.
On
peut rapprocher de cette tendance le célèbre Autoportrait de Léonard de Vinci dans lequel le peintre vieillissant s’observe avec grande minutie et prend note sans concession des changements physiques qui le touchent.
3 AUX XV E-XVII E SIÈCLES
Au fil des années, la pratique de l’autoportrait devient de plus en plus fréquente.
La qualité des miroirs, à présent parfaite, permet une approche des plus réalistes.
La mode est à la figuration de trois quart et, dans la plupart des cas, les peintres se
représentent à mi-corps, leur silhouette se détachant sur des fonds très dépouillés ou même totalement nus.
L’art du portrait frappe alors souvent les esprits par sa force d’évocation, laquelle repose dans la puissance des regards dépeints.
3. 1 Autoportrait et maniérisme
Pratiqué par des peintres appartenant à toutes les sensibilités artistiques, l’autoportrait est à cette époque peu fréquemment le lieu d’expérimentations picturales.
Cependant, l’art maniériste — qui contourne, voire manipule, les règles et les motifs
traditionnels, et n’hésite pas à procéder à la décomposition de la perspective généralement admise — fait exception à la règle.
Ainsi, le Parmesan marque l’histoire du genre en réalisant l’autoportrait le plus célèbre du maniérisme, dans lequel il livre
l’image de son visage déformé par un miroir convexe ( Autoportrait au miroir convexe, 1534, Kunsthistoriches Museum, Vienne).
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