Autonomie palestinienne (2002-2003): La «feuille de route» du «quartet»
Publié le 12/09/2020
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Autonomie palestinienne 2002-2003
La «feuille de route» du «quartet»
Poursuivant son exploitation de la «lutte contre le terrorisme intern
ational» engagée par les États-Unis à
la suite des attentats du 11 septembre 2001, le Premier ministre israé
lien Ariel Sharon est parvenu à
imposer son propre agenda à la communauté internationale en dép
it de timides admonestations.
Au nom
de la primauté de ses exigences sécuritaires, il avait placé ce
tte année, pour les Palestiniens, sous le signe
de l'enfermement et du refus de toute négociation diplomatique ; les
«réformes» exigées de l'Autorité
palestinienne par la communauté internationale comme condition de son
engagement se sont ainsi
exercées en l'absence de quelconques pressions visant à soumettre
Israël à la légalité internationale.
À l'image de Yasser Arafat, son président régulièrement é
lu en 1996 assiégé dans sa résidence de
Ramallah en ruine, la population est restée militairement confinée
dans les dizaines d'enclaves issues du
processus d'application des accords d'Oslo.
Tandis que la totalité de
s zones autonomes de Cisjordanie
(sauf Jéricho) était réoccupée par l'armée israélien
ne, la bande de Gaza faisait l'objet d'incursions
répétées.
La construction du mur censé protéger Israël
de la Cisjordanie, inaugurée en juin 2002, s'est
poursuivie ; ses 600 kilomètres devant amputer à terme la Cisjorda
nie de plus de 10 % de ses terres.
Éliminations «extra-judiciaires», arrestations, destructions de
maisons, arrachages d'arbres et de cultures
ont continué d'affecter une population en grande partie privée de
travail et vivant pour 60 % de ses
membres au-dessous du seuil de pauvreté.
Dès le mois de juin 2002, le président américain George W.
Bush
esquissait pour la Palestine sa politique
unilatérale de «modernisation et de démocratisation» du mond
e arabe qui allait être formulée quelques
mois plus tard à l'occasion de l'intervention anglo-américaine en
Irak (mars-avril 2003).
Mais dans ce
dossier, l'ONU, la Russie et l'Union européenne (UE) apportaient le
ur concours aux États-Unis dans le
cadre d'un «quartet» auteur d'une «feuille de route» censé
e régler le conflit israélo-palestinien en trois
étapes d'ici 2005.
La première phase enjoint les Palestiniens de m
ettre fin à toute violence et de réformer
toutes leurs institutions quand Israël est appelé à se retirer
des zones réoccupées depuis le début de la
seconde intifada (septembre 2000) et à geler ses activités de co
lonisation.
La deuxième phase verrait la
création d'un État palestinien provisoire et réformé aux con
tours inconnus.
La négociation internationale
sur les frontières, la question des réfugiés, le statut de Jé
rusalem, etc.
seraient, enfin, appelés à
déboucher sur la coexistence entre deux États dans un contexte de
paix israélo-arabe globale.
Conforme au modèle des accords d'Oslo, le processus, loin de s'inscri
re dans la légalité internationale en
faisant porter la négociation sur les seules conditions de sa mise en
œuvre, fait de cette légalité l'objet
même de la négociation (les frontières, les réfugiés, Jé
rusalem, etc.) ; certains des droits palestiniens
devenant ainsi des «récompenses» octroyées éventuellement
par Israël en échange de concessions
palestiniennes.
Au-delà de ces vices de fond, la «feuille de route
», acceptée telle quelle par les
Palestiniens mais considérée par Israël, et par certains hauts
responsables américains, comme de simples
propositions appelées à être amendées, a fait l'objet de lec
tures divergentes.
Les États-Unis, par ailleurs,
ont réussi à en bloquer durant de longs mois la publication, ne su
scitant chez leurs partenaires que de
discrètes réticences.
Rien ne laissait ainsi présager une volon
té américaine et internationale de rompre
avec son attentisme dont Israël a pu profiter au cours des années
précédentes.
Dès l'été 2002, l'Autorité palestinienne avait pourtant soum
is ses institutions à une série de réformes
imposées par la communauté internationale et souhaitées par la
population.
De fait, assurer la
transparence financière en remodelant les compétences du ministè
re des Finances tout en changeant son
titulaire (un ancien de la Banque mondiale), conforter la démocrati
e en rééquilibrant les pouvoirs au sein
même de l'exécutif avec la création d'un poste de Premier minis
tre (accordé à l'architecte des accords
d'Oslo, Mahmoud Abbas dit Abou Mazen), garantir la justice, réorgani
ser les services de sécurité ont été
autant de réformes qui ont suscité une approbation assez géné
rale.
Leur réussite ne pouvait néanmoins
s'envisager que dans le cadre d'un «règlement juste et durable»
du conflit israélo-palestinien que rien ne
laissait entrevoir.
La poursuite du cycle infernal des violences, dès
lors, demeure malheureusement
l'hypothèse la plus probable..
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