Australie (1995-1996): Les conservateurs au pouvoir
Publié le 12/09/2020
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Australie 1995-1996
Les conservateurs au pouvoir
Le 2 mars 1996, après treize ans de gestion travailliste du pays, les
électeurs australiens ont confié le
pouvoir à la coalition conservatrice Parti libéral-Parti national
et porté John Howard à la tête du
gouvernement.
L'ample victoire des conservateurs, qui ont remporté 95
des 148 sièges de la Chambre
des représentants, contre 49 pour le Parti travailliste (ALP), s'es
t traduite par un changement de cap
significatif dans certains domaines, alors qu'une certaine continuité
s'est manifestée ailleurs, en particulier
concernant les relations extérieures.
La défaite des travailleurs
s'explique en partie par l'usure consécutive
à treize ans de pouvoir, par l'impopularité personnelle de l'ancie
n Premier ministre Paul Keating, et par
une situation économique à certains égards préoccupante.
Une cure d'austérité
La victoire des conservateurs monarchistes pour la plupart à l'image
de J.
Howard - rendait peu probable
l'adoption d'un régime républicain d'ici l'an 2000 ou 2001.
La rei
ne Elizabeth II ouvrira-t-elle les jeux
Olympiques de Sydney, en 2000, ou ce privilège reviendra-t-il au gouv
erneur général, qui est citoyen
australien? Beaucoup d'Australiens semblaient préférer la seconde
solution, le débat restant ouvert.
Les gouvernements travaillistes avaient mené une politique inspiré
e de principes libéraux, qui les avait
conduits à démanteler les barrières douanières protégeant
les secteurs industriels les moins performants
(automobile, textiles, chaussures), à encourager la concurrence en
déréglementant le secteur bancaire et
en laissant flotter la monnaie nationale, à privatiser certaines entr
eprises publiques (compagnie aérienne
Qantas, Commonwealth Bank) et à donner plus de flexibilité au mar
ché de l'emploi.
Cette politique a
donné de bons résultats puisque sur l'année fiscale 1994-1995 l
e taux de croissance a été de 4,8 % et
que la part des exportations dans le PIB a pratiquement doublé depuis
le début des années quatre-vingt,
passant de 13 % en 1982 à 22 % en 1994.
De même, le taux d'inflati
on, qui avait atteint 9,3 % en 1986-
1987, a été ramené à 5,1 % en 1995.
Les produits agricoles (
laine, viande, céréales, sucre) et miniers
(charbon, fer, métaux précieux) ont continué de jouer un rô
le essentiel dans l'économie australienne,
notamment dans les exportations.
Mais la part des produits manufacturé
s élaborés a sensiblement
progressé (15 % des exportations vers l'Asie, contre 5 % dix ans plu
s tôt), de même que la part des
services.
Le tourisme, en particulier, a connu une forte progression.
Le
s échanges commerciaux se font
essentiellement avec l'Asie, qui absorbe près de 60 % des exportation
s du pays et fournit 40 % de ses
importations.
Mais de sérieux "points noirs" ont subsisté, liés au ralentisse
ment de l'activité économique en 1995.
Le
déficit des comptes courants a été de 5,9 % du PIB en 1994-1995
; le déficit budgétaire s'est elevé à 12
milliards de dollars australiens (le déficit pour l'année 1995-19
96 a été estimé à 5 milliards de dollars) et
la dette extérieure a atteint 11,2 % du PIB.
Le chômage, quoique e
n diminution, a atteint 8,1 %.
Enfin,
on a estimé qu'en 1995 près de deux millions d'Australiens (dont
un quart d'enfants de moins de quinze
ans), sur une population d'environ dix-huit millions, vivaient en desso
us du seuil de pauvreté.
Pour redresser la situation, J.
Howard a imposé au pays une cure d'au
stérité, avec pour objectif une
diminution des dépenses publiques de huit milliards de dollars d'ici
1998.
Tous les secteurs sont
concernés, à l'exception de celui de la défense.
Mais c'est dan
s le domaine social que le changement de
majorité a exercé ses effets les plus sensibles.
Certaines caté
gories de la population ont vu leurs
difficultés augmenter.
Les immigrés arrivés après le 1er avr
il 1996 allaient ainsi devoir attendre deux ans
(et non plus six mois) pour pouvoir bénéficier d'une couverture
sociale.
S'il n'a pas remis en cause la
politique de multiculturalisme, J.
Howard a souhaité en limiter les c
oûts.
Après avoir déclaré qu'il ne
réduirait pas le quota de réfugiés qu'accueille l'Australie (1
5 000 par an), le gouvernement a proposé de
diminuer ce plafond d'un tiers afin d'économiser quelque 64 millions
de dollars.
Les Aborigènes se sont eux aussi inquiétés de l'attitude du gou
vernement.
En 1992, et après dix ans de
procédure, le Tribunal suprême d'Australie (High Court of Austral
ia) avait reconnu à un groupe
d'Aborigènes vivant sur l'île Murray (parmi lesquels Eddie Mabo,
qui a donné son nom à l'affaire) leur.
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