Australie 1981-1982 Morosité et récession
Publié le 12/09/2020
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Australie 1981-1982
Morosité et récession
Aux yeux du reste du monde, l'Australie est souvent perçue comme un p
ays riche et prospère, apte plus
que tout autre à relever le défi des années quatre-vingt et, à
court terme, à éviter les retombées de la
dépression mondiale en cours.
Elle est bien pourvue en ressources min
érales, en sources d'énergie et en
terres inexploitées, son peuple habite un continent sous-peuplé où
il mène une vie agréable et quelque
peu ennuyeuse.
Cette image correspond en grande partie à la vérité
.
Avec un peu plus de 0,3% de la
population mondiale, l'Australie détient plus de 10% des réserves
mondiales d'uranium, environ 8% des
réserves de charbon et 2 à 3% des réserves de gaz naturel.
Elle
est l'un des pays qui exportent le plus de
produits alimentaires par habitant.
L'Australie dispose d'un capital industriel très diversifié et d'u
ne main-d'œuvre qualifiée, ce qui la rend
indépendante des importations de produits manufacturés.
Dans le do
maine social, elle est loin de
connaître certains des problèmes chroniques de la civilisation occ
identale, comme le surpeuplement des
villes, le délabrement et la pauvreté dans les centres urbains, le
crime ou le vandalisme.
Le problème
social principal reste la condition faite aux Aborigènes, pris dans u
n no man's land, à mi-chemin entre une
société tribale de chasse et de cueillette et un capitalisme indus
triel tardif.
Pourtant, malgré ses atouts l'Australie s'enfonce elle aussi dans la
crise.
Au début de 1982, l'inflation, les
taux d'intérêt et le chômage étaient en hausse, la productio
n industrielle en baisse, et la balance des
paiements n'évitait le déficit chronique que par les importations
de capitaux destinés au secteur minier.
Faute d'une réponse adaptée aux changements économiques mondiau
x de la part du gouvernement et
des milieux d'affaires, le contraste est donc total entre les potentiali
tés du pays et sa situation réelle.
Le
taux d'inflation était de 11,3% pour l'année 1981, soit une augmen
tation de deux points, les taux
d'intérêt atteignaient 14,5% et tendaient à augmenter, le nombr
e des chômeurs enregistrés
représentaient officiellement 7% de la population active, et devait ê
tre en réalité plus proche de 10%.
Selon la Confédération australienne de l'industrie, les anticipati
ons d'activité des chefs d'entreprises
étaient au plus bas depuis huit ans, du fait de la baisse des command
es et des stocks provoquée par les
taux d'intérêt élevés.
La balance des paiements courants a a
ccusé un déficit de 5,5 milliards de dollars
australiens, résultat non d'un déficit commercial mais d'une dé
pendance chronique à l'égard des
importations "invisibles" (fret et transports, assurances et services f
inanciers).
Située dans le peloton de
tête des pays de l'OCDE pour ses performances économiques jusqu'au
début des années soixante-dix,
l'Australie fait partie désormais du peloton de queue...
Le secteur minier, qui joue un rôle essentiel dans l'économie, est
largement dominé par des sociétés
multinationales.
Il demande beaucoup de capital et ne crée que trè
s peu d'emplois.
Les profits sont
réexportés et le niveau des royalties est souvent si faible qu'il
ferait honte à n'importe quel gouvernement
du tiers monde.
Aussi n'est-il pas surprenant que l'amélioration du n
iveau de vie qu'est censée apporter
l'exploitation minière n'ait été que fort modeste.
L'opposition
travailliste réclame donc une augmentation
des royalties, mais on voit mal comment cette politique pourrait être
imposée contre la volonté des États
non-travaillistes de la fédération (Australie occidentale, Queens
land et Territoire du Nord), où sont situés
la plupart des projets miniers.
La coalition au pouvoir - libéraux et
National Country Party (NCP) - est
d'autant moins susceptible de suivre un tel cours que le dernier venu, l
e NCP, dont dépend l'équilibre
gouvernemental, s'est de plus en plus affirmé en 1981 comme le parti
des intérêts miniers.
Le secteur manufacturier, qui est le plus gros employeur, souffre de tro
is maux: d'un marché intérieur
trop étroit, de la part élevée d'équipements obsolètes, e
t de l'héritage de décennies de protectionnisme.
De plus, au cours des années soixante-dix, l'introduction de quotas d
'importation est venue s'ajouter à
des barrières douanières déjà élevées.
Cela n'a pas em
pêché l'augmentation des importations de produits
manufacturés et la chute de la production locale, entraînant stagn
ation, chômage et dégradation du
niveau de vie, avec toutes les conséquences sociales qui s'ensuivent.
Depuis son retour au pouvoir en 1975, le gouvernement Fraser a suivi une
politique de restriction
monétaire et de déflation.
Disciple de Milton Friedman, il a greff
é un monétarisme bâtardisé sur une.
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