Auguste Piccard
Publié le 16/05/2020
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Auguste Piccard
Auguste Piccard et son frère jumeau sont nés à Bâle, où leur père, issu d'une ancienne famille vaudoise, intellectuelle et scientifique, étaitprofesseur de chimie.
Formé au Polytechnicum de Zurich, diplômé ingénieur mécanicien, Auguste Piccard fut reçu docteur en sciences naturelles, devint assistantde physique, puis lui-même professeur de physique dans cette grande école.
Parmi ses activités, il a étudié spécialement lesmouvements des glaciers et créa le "cryocinémètre" pour l'étude du régime d'écoulement des glaces.
D'autre part, avec Alfred deQuervain, météorologiste et chef de la Sismologie fédérale, il étudia les tremblements de terre en Suisse, ce qui conduisit à la création dugrand sismographe de Degenried, à Zurich.
Cet appareil a servi de modèle aux différents sismographes géants, dont celui de Neuchâtel,où la masse stationnaire atteignait 18 tonnes.
En 1910, Piccard fut nommé professeur de physique à l'Institut polytechnique de Bruxelles, chaire qu'il occupa jusqu'en 1939, puis de1946 à 1947.
Ayant accompli des ascensions scientifiques avec A.
de Quervain, devenu pilote de ballon libre, il participa à la Coupe Gordon-Bennett de1925, puis, pour l'étude des rayons cosmiques ; il fut amené à concevoir un système doublement nouveau afin d'atteindre les altitudessupérieures à 15 000 mètres et à séjourner en stratosphère.
Il décida d'employer un ballon sphérique de très grand volume,extrêmement léger, car il ne devait être chargé que de très peu de lest et ne recevoir qu'un dixième environ de son cube en hydrogène.La dilatation du gaz lui permettait d'atteindre sans délestage 16 000 mètres à sa zone de plénitude.
Ce système était complété par unenacelle close, sphérique, en aluminium.
L'un et l'autre de ces dispositifs étaient alors révolutionnaires.
Après une tentative infructueuse en 1930, et en dépit des opinions défavorables de toutes les compétences, Piccard et son assistant Kipfers'élevèrent d'Augsbourg, où le ballon avait été construit, le 27 mai 1931.
Ils atteignirent l'altitude de 15 785 mètres et recueillirent denombreuses observations, mais cette sensationnelle ascension, qui eut un retentissement mondial, fut très périlleuse, la nacelle-cabineayant une fuite, difficilement colmatée, et le séjour s'étant prolongé en l'air pendant 16 heures par suite d'un défaut, puis de la rupture dela corde de soupape.
L'expédition se termina de nuit, au hasard, sur un glacier du Tyrol autrichien.
Le 18 août 1932, Piccard et Max Cosyns, partis de Dubendorf, près de Zurich, s'élevèrent à 16 003 mètres et terminèrent facilement cetteascension aux environs du Lac de Garde.
Ces expériences furent subventionnées par le Fonds national de la Recherche Scientifique deBelgique.
La double méthode de Piccard fut immédiatement adoptée par des chercheurs des États-Unis, d'URSS, de Belgique et dePologne.
Dès ce moment sont apparues les qualités exceptionnelles de cet ingénieur et physicien qui savait tout calculer avec une connaissancecomplète des matériaux, de leurs efforts, et qui, d'autre part, possédait une intuition et un jugement absolument sûrs, un bon sens étayésur les connaissances les plus étendues, un don de la réalisation.
Il disait volontiers que les détails valaient autant que la conceptiongénérale, et ne laissait à personne le soin des ultimes vérifications.
Ce qui lui a permis de mettre en Oeuvre et expérimenter lui-mêmeavec un plein succès ses conceptions les plus audacieuses.
Pour lui, l'expérience et sa réussite devaient être "la consécration d'une étudescientifique, le résultat pratique de longs mois de calculs et de recherches de laboratoire."
La même double méthode, également révolutionnaire, devait se reproduire lorsque "le professeur", revenant à une idée de sa jeunesse,décida d'explorer les mers aux plus grandes profondeurs.
Il créa et réalisa à cet effet le "bathyscaphe", basé, dans l'eau, sur le principed'un ballon libre dans l'atmosphère.
En fait, c'était une cabine sphérique étanche travaillant à l'inverse de la cabine stratosphérique, c'est-à-dire résistant à la pression extérieure considérable, liée à un flotteur libre, réservoir d'essence caréné, pouvant plonger, se délester etremonter.
Là encore, les problèmes à résoudre étaient sans devancier : par exemple, constitution de la cabine, établissement du flotteur, systèmede billes d'acier retenues par électroaimants et leur largage comme lest, hublots étanches...
Une première tentative, avec un flotteur économiquement établi, fut faite avec le concours de la Marine française dans les eaux des îlesdu Cap Vert en octobre 1948.
Une plongée limitée de Piccard avec le professeur Monod fut suivie d'une descente à vide jusqu'à 1 380mètres.
Devant les défauts du flotteur mal adapté au remorquage, on confia le "FNRS III" à la Marine française pour le munir d'unnouveau flotteur, mais sans changer ni la cabine ni les principes de Piccard.
Des divergences dans la réalisation amenèrent l'inventeur àabandonner cette collaboration et à construire par ailleurs à Trieste, avec des participations italiennes et suisses, un nouvel engin, le"Trieste".
Établi avec toutes les meilleures conditions de sécurité et d'efficacité, le "Trieste" comportait une cabine sphérique en acier forgé et unflotteur cylindrique avec étraves en tôle d'acier, l'une et l'autre capables de résister aux plus hautes pressions sous l'eau.
Dirigé parAuguste Piccard et son fils Jacques, devenu son intime collaborateur et son disciple, l'engin descendit le 25 août 1953, devant Capri, à 1080 mètres, puis le 30 septembre, toucha le fond de la Méditerranée, au large de Ponza, par 3 150 mètres.
Ainsi Auguste Piccard devenaitl'homme qui s'était le plus éloigné du centre de la Terre et celui qui s'en était le plus rapproché.
Dans toutes ses explorations, leprofesseur n'avait aucun sentiment de record sportif, son but unique étant la recherche scientifique.
C'est pour l'étude de la constitutiondes grands fonds et de leur faune qu'il a entrepris différents bathyscaphes.
A sa mort, survenue le 25 mars 1962, il étudiait un nouvel appareil, le "mésoscaphe", hélicoptère sous-marin pour l'exploration des zonesde 2 000 mètres de profondeur.
Les expériences aérostatiques d'Auguste Piccard ont été poursuivies en Amérique par son frère Jean, et, en France, c'est sous soninspiration que l'astronome Audouin Dollfus a entrepris des ascensions avec nacelle close et des grappes de ballons.
Le "Trieste", cédéaux États-Unis, devait y réaliser avec Jacques Piccard, de nombreuses plongées, dont une jusqu'à un fond de 11 500 mètres dans lePacifique.
Auguste Piccard, par son originalité d'esprit, qui apparaissait largement dans son allure physique, sa haute taille et son ample chevelure,figure légendaire, était le type du "savant" d'autrefois, mais au fait des techniques les plus modernes et visionnaire de l'avenir.
Il payaitde sa personne avec une indépendance, un courage basé sur des certitudes, résultant de son génie.
S'il n'avait pas le goût du risque, il savait l'admettre, plus que tout autre, vers le haut et vers le bas, pour procéder en personne à sesrecherches et pour ouvrir des voies absolument nouvelles..
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