« Au bois dormant » Paul Valéry
Publié le 02/12/2021
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Avec quelques comparaisons à « la belle au bois dormant «
Brève Biographie :
Valery traverse 2 guerres => Ses textes prennent des allures différentes.
Mauvais élève à l’école. Il découvre les symbolistes : Verlaine et Mallarmé. Lecteur d’André Gide qu’il rencontre, ils écrivent « l’album des vers anciens« en 1920.
Valery rentre à l’académie française en 1925. Conception poésie : « fête de l’intellect « => précurseur du mouvement « L’OuLiPo « (ouvroir de littérature potentielle). Raymond Queneau, Italo Calvino ou Georges Perec . Les membres de l'OuLiPo se réunissent régulièrement pour réfléchir autour de la notion de « contrainte « et produire de nouvelles structures destinées à encourager la création.
=> héritage du structuralisme linguistique ( c.à.d. « trouver le sens dans la structure cachée du texte « ). Les éminents structuralistes sont Saussure et Lévi-Strauss(ethnologue décédé récemment).
Il faut pas oublier que Valery est scientifique (la physique…)=> ami de Albert Einstein, Paul Langevin. (cf sur le site de l’école normale supérieure (ENSavoir) la vidéo « Valery : scientifique «)
Situation du poème :
« Au bois dormant « est inspiré du conte de la belle au bois dormant de Charles Perrault (1628-1703) qui était un homme de lettre français. C’est un conte populaire publié en 1667. Il relate l’histoire d’une jeune princesse touchée par la malédiction de la fée carabosse en se piquant à un fuseau à l’âge de 15 ans. Celle-ci s’endort pour 100 ans. La venue hasardeuse d’un prince lors d’une partie de chasse mettra fin à la malédiction en l’embrassant. On peut déjà voir que Valery a essayé de rassembler tout le conte en un seul sonnet. Ceci est le fruit de plusieurs essais. Valery avait déjà écrit un Poème « la belle au bois dormant «. 30 ans avant où sa quête à la perfection ne fut atteinte car il ne réussit pas à poser tout le compte en un seul sonnet
Analyse du texte :
1. Création d’un monde merveilleux
Par rapport au premier poème, le pluriel de « roses « au Q1V1 est annulé. Valery joue sur la consubstantialité Objet/ Matière : Roses/rose => rapprochement métaphysique donné par le symbolisme. Ici, c’est un jeu d’imagination => Monde merveilleux.
Q1V3 : « parole obscure « => confusion des sens entre l’ouï et la vue.
Q1V1 : « la princesse, dans un palais de rose pure «, il y a un hypallage, c’est la princesse qui est « pure « ainsi, la princesse ne vieillit pas et est étrangère au temps => conte merveilleux.
2. L’environnement est dense et hostile
Q1V2 : répétition anaphorique « sous ; sous « => le château est surpassé par quelque chose.
Q1V2 : « la mobile ombre « indique le manque de luminosité => Q1 (V2,V3) : Champ lexical de l’obscurité « ombre « et « obscure «.
La végétation finalement citée au Q2V3 « Foret « et T1V2 « liane « ;
Q1V4 « les oiseaux perdus « imprime un caractère sauvage du lieu.
Q1V4 « les oiseaux mordent « => la violence de la nature, l’hostilité => incongruité
Relation au conte : Au moment de la malédiction tout les gens dans le château s’endorment, le village s’endort et la végétation recouvre tout.
3. Le manque d’Humanitude(ça existe ! cf Google ) est une réalité physique
Le champ lexical du sommeil « Dort, murmure, rendormie« => la morosité du paysage
Q2V1 : Négation « elle n’écoute « => emphase du sommeil => sommeil « profond «
Pourtant les sons existent bel et bien : au Q2V1 la paronomase qui a pour but de faire un écho « écOUte ni les gOUttes «. => les lois de la nature (physique) sont ici.
Q2V2 : l’oxymore « siècle vide « => vide la période de toute action du type humain car le « siècle « est une référence temporelle inventé par l’homme.
Relation au conte : Tout le monde est endormie, château et village.
4. l’importance du temps
Dans tout le poème, le temps dominant est le présent => partagé entre généralisant coté scientifique (vérité générale) et actualisant.
Q2V1 « ni les gouttes, dans leur chute « => allégorie. Le temps est matérialisé par ces « chutes de gouttes « . Galilée procédait de cette manière pour connaitre le temps.
Q2V2 : « au lointain le trésor « est une prolepse qui accélère considérablement le temps un moyen d’accélérer le rythme à l’approche du prince.
Par rapport au premier sonnet, le temps n’est en aucun cas accéléré d’où le poème inachevé. Référence à la relativité restreinte d’Einstein(1905) qui désacralise le temps affirmant que celui-ci est élastique => rigueur scientifique de Valery.
5. l’arrivée du prince : un trésor
Q2V2 « le trésor «, en référence au conte de Perrault, le Prince est métaphorisé sous forme de trésor => L’importance du personnage, un caractère noble
⇨ Valery se passe de la langue prosaïque => il fait un petit retour à la préciosité du 17ème siècle fondée par des aristocrates (madame de la Fayette, etc…).
Dans le premier sonnet, le prince n’est pas évoqué. Le temps en était le problème majeur.
6. La musicalité, un clin d’œil à Tchaïkovski
Q2V3V4 : « un vent fondu de flutes « et « phrase de cor « sont des phrases directement ancrées dans le registre de la musique symphonique.
En 1888 Tchaïkovski, musicien russe compose le ballet « la belle au bois dormant «. Celui-ci est réputé pour le « trémolo des flutes « que l’on retrouve dans le poème de Valery. Chronologiquement, c’est concordant avec le premier poème de Valery qui fait déjà apparaitre les instruments.
Une forme de musicalité avec les allitération en « L « au T1V1, T1V2,T1V3 et deux diérèse « li-ane « et « di-ane « au T1V1V2.
Relation au conte : Le prince effectue une partie de chasse, les instruments sont des « appeaux « pour attirer le gibier. Le prince aperçoit le château et va voir la princesse.
7. l’appel du prince
Q2V4 : « déchirer la rumeur « métaphore => confirmation de l’arrivée du sauveur
T1V1 : « rendormir la diane « paradoxe => le seul fait d’émettre du bruit avec les « instruments du prince (la diane) « ne permet pas le réveil de la princesse alors que théoriquement cela suffirait. Il faut donc autre chose(cf le baiser)
8. Le rapprochement prince/princesse/lecteur/narrateur
T1V1 : « laisse « apparition de phrases injonctives => réduction des distances avec le narrateur et les personnages.
T1V3/ T2V1 apparition du tutoiement « Tes, ta « => la deuxième personne est employée dans le but de supprimer la barrière entre le réel du lecteur et l’imaginaire du conte.
Le sens tactile est invoqué : « délice, sensible « => suppression du caractère privé.
T2V3 : « secrètement sensible « oxymore=> supprime la notion de secret.
9. Le baisé « libérateur « et dénouement final
T2V2 « de plis « est une métonymie signifiant les lèvres de la princesse : une forme de bienséance ? en tout cas Valéry se refuse à donner l’image psychique au sens direct : il symbolise. De même, « rayon « signifie les lèvres du prince.
Le prince est métaphorisé comme étant le soleil, supprimant le caractère obscure du poème.
Relation au conte : La princesse peut s’identifier à la « rose endormie « et le prince au « soleil « pas encore levé. Il y a apparition d’une condition sine qua non. Sans le prince la princesse ne peut se réveiller et idem pour la rose.
10. Une erreur scientifique : référence à Freud et la psychanalyse
Le premier poème est écrit avant la découverte de l’inconscient, influencé par « Die traumdeutung « (l’interprétation des rêves en 1905, S.freud) . Le rêve devient la voie royale pour accéder à l’inconscient.
⇨ « elle dit en rêvant « au Q1V3 du premier poème est une erreur. Car « dire « relève de la conscience et « rêver « de l’inconscient. Valery rectifie cette erreur dans « au bois dormant « en 1920.
En effet au Q1V3 « et de corail ébauche une parole obscure « par rapport au conte de Perrault « corail « est une métonymie des lèvres de la princesse, ainsi la parole est assignée à la bouche de la princesse et non à son moi. C’est l’inconscient qui parle.
Toujours dans le même principe, la négation au Q2V1 « n’écoute « qui est conservée marque l’indifférence et l’état inconscient de la princesse. Leibniz avait déjà remarqué qu’en approchant d’un cascade au départ, le son gène mais ensuite on ne l’entend plus. Ceci est une conséquence de l’inconscient.
⇨ Pour Valery, ses poèmes doivent répondre aux vérités scientifiques dans un contexte imaginaire. Valery tend à « naturaliser « la littérature. Un peu comme Descartes qui a tenté sans succès de relier la science et la métaphysique. (cf « Descartes, inutile et incertain « ,jean François Revel.)
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