ATTILA JOZSEF

« ATTILA J6ZSEF 1905- 1931 DEPUIS sa mort, à l'âge de 32 ans, la réputation du poète hongrois Attila Jozsef (1) n'a fait que grandir.

En Hongrie, il est unanimement reconnu, aimé, il est vraiment un poète populaire; les gens les plus simples connaissent, lisent, récitent ses poèmes.

Sa gloire s'étend maintenant à l'étranger, il est un des rares poètes hongrois qui aient pu franchir l'obstacle de cette langue si peu répandue et réputée si difficile qu'elle enferme la plupart des poètes hongrois dans une sorte d'île.

Des traductions ou des adaptations de ses poèmes ont paru en France, en Italie, en Union Soviétique, en Allemagne notamment.

« Quel admirable poète}>, me disait Ungaretti il y a peu.

En France, il est sans doute peu connu du public (restreint) amateur de poésie, mais il commence à être admis par les poètes parmi leurs frères.

Belle revanche pour ce « poète maudit », s'il en fut.

Car il est difficile de trouver dans l'histoire de la poésie plus douloureux destin de poète.

Attila Jozsef est né à Budapest, dans le quartier populeux de Ferencvâros.

Son père était ouvrier savonnier, sa mère domestique.

En 1907, le père émigre comme beaucoup d'autres; il est on ne sait où; en fait, il a abandonné sa famille; la mère se fait blanchisseuse, se tue au travail, nourrit mal ses deux filles et son fils; en 1910, Attila est placé dans un village par l'intermédiaire de l'Assistance Publique; en 1918, à 13 ans, il revient à Budapest, tâche de contribuer à l'entretien de la famille; sa mère meurt en décembre 1919; il est placé sous la tutelle de son beau-frère, un avocat.

Il s'est essayé très jeune à écrire; les premiers vers connus sont de 1916; en 1920, il com­ mence à publier.

En même temps, il fréquente diverses écoles de province (école complémen­ taire, lycée ...

) et fait divers « métiers }} : mousse sur des vapeurs danubiens, gardien d'un champ de maïs, vendeur à la sauvette, précepteur.

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Il a fait la connaissance du grand poète Gyula Juhâsz qui le soutiendra.

Attila Jozsef a été très fortement marqué par son enfance d'orphelin misérable, de pauvre honteux, frustré, besogneux.

Son premier poème exprime ses rêves (il a 11 ans) : avoir de beaux habits, manger« une fois }} de l'oie, s'acheter des flans.

Plus tard, la faim, les besoins élémentaires et violents du nécessiteux se retrouvent dans nombre de ses poèmes.

Remarquons aussi que son adolescence est marquée par deux tentatives de suicide, par des amours comme désespérées et citons le poème Maman, écrit en 1934, qui est surtout un autoportrait : ( 1) J 6zsef se prononce Yojef.

430 MAMAN Voilà huit jours que je pense à maman, A chaque pas son image m'arrête.

Elle portait un grand panier grinçant Et montait, leste, au-dessus de ma tête.

]'étais, en ce temps-là, tout d'une pièce, Je ne cessais de hurler, de piaffer; Que ce linge à d'autres maman le laisse, Que ce soit moi qu'elle emporte au grenier.

PHOTO COMMUNIQUÉE PAR L'INSTITUT HONGROIS, PARIS.. »