ARTICLE DE PRESSE: L'erreur
Publié le 10/12/2021
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5 septembre 1995 - " Une France heureuse... " En terminant par ces trois mots son entretien télévisé, mardi 5 septembre, le président de la République a légitimement placé haut son ambition pour le pays. Ce serait lui faire injure que de ne pas juger ses premiers mois à l'Elysée à cette aune généreuse. Qu'est-ce donc qu'une France heureuse ? Une France heureuse, ce serait évidemment un pays sans chômeurs, sans pauvreté ni misère sociale. Sur ce terrain, Jacques Chirac a beaucoup promis, suscitant, notamment chez les jeunes, beaucoup d'espoir durant la campagne présidentielle. Pour l'heure, il n'a pas beaucoup tenu et c'est sans doute dans cette déception, bien plus que dans le feuilleton estival des essais nucléaires, qu'il faut chercher la cause de sa chute sans précédent dans l'opinion. Les fortes paroles ayant accompagné l'éviction du libéral Alain Madelin ne suffisent pas. Les actes sont encore attendus, d'autant plus que certains membres du gouvernement en matière d'exclusion, de mendicité ou d'immigration ont semblé contredire l'ambition sociale du président. Une France heureuse, ce serait aussi un pays fier des valeurs qu'il défend hors de ses frontières, modèle d'universalité et exemple de fraternité. En ce domaine, Jacques Chirac a fait un pas en avant et deux pas en arrière. Un pas en avant : la Bosnie où il a su, avec clarté et courage, rompre avec les atermoimements de son prédécesseur, désigner l'agresseur serbe, plaider pour l'agressé bosniaque. Deux pas en arrière : l'annonce de la reprise des essais nucléaires, non maîtrisée et sans anticipation de la protestation internationale, au point qu'ici et là, on affirme que le président avait oublié que 1995 était l'année du cinquantenaire d'Hiroshima. La France a ici donné d'elle-même l'image d'une nation orgueilleuse, oublieuse de ses alliances, ignorant l'opinion mondiale, marchant à rebours des aspirations au désarmement. Officiellement dictée par l'obsession qu'ont tous les présidents depuis de Gaulle du niveau de la dissuasion française, alors que celui-ci ne paraît pas menacé, participant en fait d'une pure logique de politique intérieure marquer symboliquement la rupture, à défaut de pouvoir conduire une autre politique économique et sociale, avec François Mitterrand et Edouard Balladur la décision présidentielle contrarie l'intérêt du pays : elle l'isole, et surtout divise l'Europe. Pour tenter de corriger cette erreur, le pouvoir s'est opportunément converti à un argumentaire européen : la force de frappe française serait au service de l'Europe politique à construire. Fort bien ! Mais la méritoire retenue solidaire du chancelier Kohl, à la tête, qui plus est, du pays le plus écologiste de l'Union, n'est pas éternelle. Viendra bien un moment où les meilleurs amis de la France ne pourront plus rien face à cette contradiction qui la voit prétendre construire l'Europe, et donner tous les signes d'une volonté de repli national. Même si elle décide d'élargir le sanctuaire à l'Europe, encore lui faudra-t-il l'accord de tous. Pour mettre sa dissuasion au service de l'Union, la France proposera à ses partenaires de déployer l'avion Rafale, équipé d'une tête nucléaire. Mais celui-ci ne sera opérationnel qu'en... 2002 ! C'est-à-dire à un moment où la France disposera des moyens de la simulation, lesquels rendent obsolètes les essais souterrains. Il n'y avait donc aucune urgence. Le président avait le temps de consulter nos partenaires, plutôt que de les froisser. Les proclamations européennes de la France seraient en outre plus crédibles si l'Europe n'était pas prise pour cible et désignée, comme s'il fallait se défausser de nos propres carences, comme la cause de tous nos malheurs : M. Chirac a laissé entendre en effet que la sécurité des Français serait menacée par le manque de vigilance de nos partenaires. Au contraire : la lutte contre le terrorisme mériterait une étroite coopération européenne, dont les accords de Schengen qui établissent une frontière extérieure commune sont un des éléments. Laisser entendre que d'autres malheurs pourraient être la conséquence de la mise en oeuvre de ces accords ne peut qu'alimenter l'euroscepticisme. Assurément, la France aura une chance d'être plus heureuse lorque Jacques Chirac mettra son énergie, que l'on sait grande, à retrouver une grande ambition européenne, loin de la tentation du repli ou de la posture orgueilleuse. JEAN-MARIE COLOMBANI Le Monde du 7 septembre 1995
5 septembre 1995 - " Une France heureuse... " En terminant par ces trois mots son entretien télévisé, mardi 5 septembre, le président de la République a légitimement placé haut son ambition pour le pays. Ce serait lui faire injure que de ne pas juger ses premiers mois à l'Elysée à cette aune généreuse. Qu'est-ce donc qu'une France heureuse ? Une France heureuse, ce serait évidemment un pays sans chômeurs, sans pauvreté ni misère sociale. Sur ce terrain, Jacques Chirac a beaucoup promis, suscitant, notamment chez les jeunes, beaucoup d'espoir durant la campagne présidentielle. Pour l'heure, il n'a pas beaucoup tenu et c'est sans doute dans cette déception, bien plus que dans le feuilleton estival des essais nucléaires, qu'il faut chercher la cause de sa chute sans précédent dans l'opinion. Les fortes paroles ayant accompagné l'éviction du libéral Alain Madelin ne suffisent pas. Les actes sont encore attendus, d'autant plus que certains membres du gouvernement en matière d'exclusion, de mendicité ou d'immigration ont semblé contredire l'ambition sociale du président. Une France heureuse, ce serait aussi un pays fier des valeurs qu'il défend hors de ses frontières, modèle d'universalité et exemple de fraternité. En ce domaine, Jacques Chirac a fait un pas en avant et deux pas en arrière. Un pas en avant : la Bosnie où il a su, avec clarté et courage, rompre avec les atermoimements de son prédécesseur, désigner l'agresseur serbe, plaider pour l'agressé bosniaque. Deux pas en arrière : l'annonce de la reprise des essais nucléaires, non maîtrisée et sans anticipation de la protestation internationale, au point qu'ici et là, on affirme que le président avait oublié que 1995 était l'année du cinquantenaire d'Hiroshima. La France a ici donné d'elle-même l'image d'une nation orgueilleuse, oublieuse de ses alliances, ignorant l'opinion mondiale, marchant à rebours des aspirations au désarmement. Officiellement dictée par l'obsession qu'ont tous les présidents depuis de Gaulle du niveau de la dissuasion française, alors que celui-ci ne paraît pas menacé, participant en fait d'une pure logique de politique intérieure marquer symboliquement la rupture, à défaut de pouvoir conduire une autre politique économique et sociale, avec François Mitterrand et Edouard Balladur la décision présidentielle contrarie l'intérêt du pays : elle l'isole, et surtout divise l'Europe. Pour tenter de corriger cette erreur, le pouvoir s'est opportunément converti à un argumentaire européen : la force de frappe française serait au service de l'Europe politique à construire. Fort bien ! Mais la méritoire retenue solidaire du chancelier Kohl, à la tête, qui plus est, du pays le plus écologiste de l'Union, n'est pas éternelle. Viendra bien un moment où les meilleurs amis de la France ne pourront plus rien face à cette contradiction qui la voit prétendre construire l'Europe, et donner tous les signes d'une volonté de repli national. Même si elle décide d'élargir le sanctuaire à l'Europe, encore lui faudra-t-il l'accord de tous. Pour mettre sa dissuasion au service de l'Union, la France proposera à ses partenaires de déployer l'avion Rafale, équipé d'une tête nucléaire. Mais celui-ci ne sera opérationnel qu'en... 2002 ! C'est-à-dire à un moment où la France disposera des moyens de la simulation, lesquels rendent obsolètes les essais souterrains. Il n'y avait donc aucune urgence. Le président avait le temps de consulter nos partenaires, plutôt que de les froisser. Les proclamations européennes de la France seraient en outre plus crédibles si l'Europe n'était pas prise pour cible et désignée, comme s'il fallait se défausser de nos propres carences, comme la cause de tous nos malheurs : M. Chirac a laissé entendre en effet que la sécurité des Français serait menacée par le manque de vigilance de nos partenaires. Au contraire : la lutte contre le terrorisme mériterait une étroite coopération européenne, dont les accords de Schengen qui établissent une frontière extérieure commune sont un des éléments. Laisser entendre que d'autres malheurs pourraient être la conséquence de la mise en oeuvre de ces accords ne peut qu'alimenter l'euroscepticisme. Assurément, la France aura une chance d'être plus heureuse lorque Jacques Chirac mettra son énergie, que l'on sait grande, à retrouver une grande ambition européenne, loin de la tentation du repli ou de la posture orgueilleuse. JEAN-MARIE COLOMBANI Le Monde du 7 septembre 1995
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