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ARISTOTE ou Le langage de l'être par Philippe Casadebaig

Publié le 14/06/2020

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« L'oeuvre La très grande variété des sujets traités semble inviter à lire Aristote comme une belle encyclopédie. Mais il est besoin d'un ordre d'étude pour s'instruire du sens de termes comme « matière », « forme », « sujet », « puissance », «acte», « substance », qui commandent partout l'exposé, parce que le philosophe les emploie partout pour exprimer ce qui constitue la réalité du réel. Or cette difficulté, inévitable pour qui aborde Aristote, ne tient nullement aux accidents de la transmission de l'oeuvre, mais exprime l'énigme d'une présupposition capitale du langage : en tant qu'il vise à dire le réel, ou ce qui est, s'il se propose d'être véridique, tout langage présuppose la signification de ce qui « est » ; tout langage de vérité est langage de l'être, destiné à signifier notre reconnaissance de ce qui est. L'originalité extrême de la philosophie d'Aristote tient justement à la manière dont il a fait un problème de la présupposition de l'être par le langage, et dont il nous a donné à comprendre cette présupposition. On peut classer les oeuvres d'Aristote en les rapportant aux divers intérêts de l'homme, et en les ordonnant selon la dépendance des connaissances l'une à l'égard de l'autre. Relèvent de la production (poïèsis) les activités consistant dans la production par l'agent d'un effet distinct de lui-même, et propre à servir une fin dont la production n'est que le moyen, par exemple tous les arts et métiers utilitaires dont la découverte a dû précéder les commencements de la philosophie, en ménageant dans la vie la part de loisir indispensable pour la spéculation (Métaphysique, 981 b 1625). La Poétique, consacrée à énoncer les règles de la composition littéraire, et la Rhétorique, occupée des conditions de l'efficacité de l'éloquence, répondent ainsi à des intérêts techniques, de même que les Topiques, pour autant que ce dernier ouvrage enseigne un art de la discussion argumentée selon des règles. L'influence de ces oeuvres sur la conception de la culture scolaire et universitaire, comprise comme la maîtrise des arts du langage, a été immense au moins jusqu'à l'époqüe de la Renaissance ; et les règles de la Poétique ont servi de référence normale pour le théâtre classique de notre xviie siècle. Sont pratiques (relevant de la praxis) les activités dont la fin pour l'agent se confond avec leur exercice même, qui lui sont donc librement fins pour elles-mêmes, et ne servent à rien d'autre. Outre que, par l'expérience du plaisir, nous reconnaissons tous l'existence de fins libres de notre activité, elles sont présupposées par l'ensemble des autres activités laborieuses et serviles, qui n'auraient aucun sens si elles n'étaient pas, en définitive, bonnes à quelque fin qui soit bonne par elle-même, et soit au principe de nos choix (Ethique à Nicomaque 1094 a 1-26). Mais ce Souverain Bien est ce que tous s'accordent à désigner du nôm dé bonheur, quoique la discussion soit inévitable sur ce qui le réalise vraiment (1095 a 18-22). Le propos des Ethiques (à Nicomaque et à Eudème) est donc de mener à son terme la recherche rationnelle du bonheur, dont la vertu est condition nécessaire, sinon suffisante. La Politique, enfin, contribue à son rang à ensèigner le vrai sens des intérêts politiques, en conduisant à considérer quelles constitutions sont raisonnables, et quelle éducation peut former le vrai citoyen, qui est aussi le citoyen vertueux. L'homme, aux moments où l'affairement de sa vie lui laisse un répit, éprouve un plaisir simple et naturel à seulement contempler, gratuitement, le spectacle du monde donné à sa perception {Métaphysique, 980 a 21-27). De même encore, le plaisir qu'il trouve à toutes les imitations offertes par l'art du peintre ou du poète est avant tout un plaisir de la reconnaissance, plaisir de ressaisir en sa pensée ce dont il contemple en vérité l'image présente ; car sans cette satisfaction de la pensée exerçant son pouvoir on ne s'expliquerait pas que même l'image artistique d'une chose laide puisse plaire comme une belle image (Poétique, 1448 b 4-17). Tels sont les signes d'une aspiration à connaître et à comprendre non par souci de l'utilité, mais pour le contentement que réalise l'acte même de connaître ou de comprendre. La théorie, ou contemplation, d'autant plus admirable qu'elle n'a d'intérêt que pour elle-même, est donc en l'homme l'espèce la plus haute de son activité, puisqu'il se distingue des autres vivants, grâce au langage, par son aptitude au savoir rationnel. A l'intérêt pour la théorie correspondent alors tous ces traités d'Aristote dont l'immense ambition semble être la connaissance de toutes les choses naturelles. Le Moyen Age, chrétien et musulman, pensa y trouver son encyclopédie. Le traité Du Ciel offre une cosmologie ; De la génération et de la corruption élabore la doctrine des changements élémentaires à la base des transformations des corps ; les traités de biologie, enfin, depuis l'anatomie (Des parties des animaux) jusqu'à la spéculation sur l'unité essentielle de l'individu vivant (De l'âme), ne se lassent pas de recueillir les observations sur les animaux et d'en rechercher l'explication à partir des concepts fondamentaux de l'organisation vivante, méthodiquement définis pour la première fois. On objecte à ces études minutieuses qu'elles ne sauraient satisfaire un homme de goût, parce qu'elles considèrent des choses trop peu relevées, voire répugnantes : ainsi, l'anatomiste ne doit-il pas ouvrir des cadavres pour en scruter les viscères, ou encore observer la décomposition des tissus ? Mais le prétendu homme de goût, en l'occurrence, n'est pas vraiment philosophe, incapable qu'il est de s'émerveiller du vrai compris par ses causes. On se plaît aux oeuvres des artistes, qui imitent les êtres naturels ; il serait donc « contraire à la raison, et absurde, que nous prenions plaisir à contempler les images de ces êtres pour ce que nous admirons aussi en elles le savoir-faire manuel de leur producteur, par exemple d'un peintre ou d'un sculpteur, et que nous ne nous plaisions pas davantage à contempler ces êtres mêmes dans leur propre constitution de nature, quand du moins nous sommes capables d'en discerner les causes » (Parties des animaux, 645 a 10-15). La compréhension du vrai par les causes distingue la connaissance scientifique ; la vérité de l'opinion n'est que probable, parce qu'il n'est pas contradictoire de penser que l'objet sur lequel elle porte puisse être autrement qu'on ne se l'est représenté dans une circonstance donnée ; l'opinion (doxa) ne touche que l'apparence des choses, tandis que la science proprement dite (épistèmè) conçoit une vérité dont on puisse répondre, une vérité définitivement fixée, parce qu'elle saisit l'objet comme ne pouvant pas être autrement qu'il n'est connu : il n'y a science que du nécessaire. Mais il n'y a de cause assignable à un fait qu'à la condition qu'il puisse être pensé, c'est-à-dire reconnu, dans sa relation avec un autre ; toute assignation d'une cause renvoie donc à la pensée de l'universel, de ce qui est le même dans une multitude définissable de cas, alors que de ce qui est unique et incomparable pour nous, comme de telle sensation qui nous échoit pour la première fois, il n'y a pas d'explication possible pour en rendre raison. Les différentes puissances de la pensée peuvent donc être ordonnées selon les différents rapports qu'elles supposent de l'objet à sa connaissance : dans la sensation, la pensée s'aperçoit du fait qu'elle distingue et détaille comme isolément, par exemple de la fièvre d'un certain individu ; par l'expérience la pensée relie le fait à d'autres par une relation qui a elle-même seulement valeur de fait, que l'on ne comprend pas : ainsi procède le médecin empirique appliquant le remède qu'on a déjà trouvé le plus souvent efficace. La science enfin est connaissance des causes, connaissance du fait par sa nécessité propre : par exemple, si l'on sait conclure de la nature de la maladie à la nécessité du remède. Quoique la production de tel effet précis soit souvent plus efficace à ne suivre que le savoir-faire inspiré par l'expérience, puisqu'au médecin nous demandons avant tout de guérir tel malade individuel, qu'il sache ou non expliquer sa maladie, l'art .. .»

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