Argentine (2000-2001): Crise de l'État
Publié le 12/09/2020
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Argentine 2000-2001
Crise de l'État
L'Alliance pour le travail, la justice et l'éducation, formée par
l'Union civique radicale (UCR) et le Front
pour un pays solidaire (Frepaso) pour les élections générales
de 1999, n'a pas survécu à l'épreuve du
pouvoir.
Les révélations d'août 2000 concernant l'achat, sur le
s fonds réservés du gouvernement, de
votes de parlementaires de tous bords pour l'adoption, en avril 2000, de
la réforme supprimant la tutelle
des syndicats sur les régimes d'assurance sociale, ont constitué l
e point de départ de la crise politique.
En
l'absence de sanctions contre les parlementaires et ministres de la majo
rité impliqués, Carlos "Chacho"
Alvarez (Frepaso), vice-président et, à ce titre, président d
u Sénat, a présenté sa démission le 6 octobre
2000, au lendemain d'un remaniement ministériel éclair censé co
nforter la position du ministre de
l'Économie José Luis Machinea, déstabilisé par les ultra-lib
éraux proches du président radical Fernando de
la Rúa.
Du fait des pénibles tractations avec le FMI, C.
Alvarez a d'abord ad
opté une position de semi-retrait,
encourageant le maintien au gouvernement des ministres du Frepaso.
Les i
ncertitudes politiques ayant eu
raison du "blindage" financier accordé par le FMI et le gouvernement
espagnol en décembre 2000, J.
L.
Machinea a présenté à son tour sa démission le 2 mars 2001.
La crise a atteint son point culminant à la
mi-mars avec l'annonce du renforcement de l'austérité par le nouve
au ministre de l'Économie Ricardo
López Murphy, fidèle du président et jusque-là ministre de l
a Défense.
Devant la poussée de panique
financière, le président a rappelé aux affaires Domingo Cavallo
(ministre de l'Économie de Carlos Menem
entre 1990 et 1995), en dépit de la faible représentation parleme
ntaire de son parti, Action pour la
République, et du soutien accordé en octobre 1999 à l'électi
on du péroniste Carlos Ruckauf au poste de
gouverneur de la province de Buenos Aires.
L'aile gauche du radicalisme,
majoritaire dans les instances
de l'UCR mais opposée au président de la Rúa, a adopté une p
osition très critique, après avoir renoncé à
tout portefeuille significatif.
Juan Pablo Cafiero n'a accepté l'uniq
ue portefeuille ministériel attribué au
Frepaso (Développement social) que fin avril 2001, tandis que C.
Al
varez renonçait à la direction du parti.
Privé du soutien actif des piliers de l'Alliance, le président s'e
st rapidement effacé derrière le charisme de
son ministre de l'Économie, qui s'est montré capable d'obtenir des
parlementaires d'opposition une large
délégation de pouvoirs pour la réduction du périmètre de
l'État.
L'inculpation, le 7 juin 2001, de l'ancien président péroniste Car
los Menem (et président du Parti
justicialiste jusqu'en 2003) dans l'affaire des ventes d'armes illicite
s à la Croatie et à l'Équateur en 1991 et
1995, ainsi que l'opération du cœur subie par Fernando de la Rú
a le lendemain ont accentué le
pessimisme ambiant.
Les chances de l'Alliance, qui n'était plus que n
ominale, pour les élections
législatives et sénatoriales d'octobre 2001 semblaient d'autant pl
us réduites que le Sénat allait être
renouvelé en totalité et au suffrage universel direct, conformé
ment à la Constitution de 1994.
Alors que le
Congrès résistait à toute modernisation du système politique
, le pouvoir réel semblait détenu
conjointement par D.
Cavallo, aux ambitions présidentielles non dissi
mulées, et par les quatre
gouverneurs péronistes les plus influents (à la tête des provi
nces les plus significatives au plan
économique), tous candidats potentiels à l'investiture pour la pr
ésidentielle de 2003.
Ainsi l'Alliance ne
survivait-elle plus que dans son bastion de Buenos Aires.
Un train de réformes trop sévères
La difficulté de l'Argentine à sortir de la récession durant de
puis 1999 provient de la perte de moyens
d'actions de l'État, consécutive aux réformes drastiques de D.
Cavallo entre 1990 et 1995.
La Loi de
convertibilité de 1991, établissant la parité de 1 peso pour 1
dollar américain, a abouti à interdire de fait
toute dévaluation compétitive, alors que le Brésil a laissé
flotter sa monnaie dès fin janvier 1999, attirant
plus facilement les investisseurs étrangers.
Dès le troisième t
rimestre 2000, les recettes fiscales ont
manqué pour honorer les échéances de la dette extérieure (p
rès de 157 milliards de dollars fin 2000).
En dépit du discours de "réactivation" de D.
Cavallo, diverses mes
ures fiscales d'urgence ont été adoptées
en avril 2001 (impôt sur les transactions financières) et le bud
get de l'État a été encore ajusté à la baisse.
Le risque de cessation de paiement, qu'auraient dû éloigner les 40
milliards de dollars accordés fin 2000.
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