Argentine (1999-2000): Alternance et austérité
Publié le 12/09/2020
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Argentine 1999-2000
Alternance et austérité
La campagne pour les élections générales du 24 octobre 1999 s'e
st déroulée sur fond de crise
économique et d'agitation sociale, notamment dans les provinces en qu
asi-cessation de paiement.
L'Alliance pour le travail, la justice et l'éducation, réunion des
deux principaux partis d'opposition, l'Union
civique radicale (UCR) et le Front pour un pays solidaire (Frepaso),
a toutefois bien plus attaqué le style
de gouvernement et le bilan social du président Carlos Menem que sa p
olitique économique.
Bien que se
réclamant de la tradition péroniste de défense des intérê
ts des classes populaires, celui-ci a avant tout
incarné les transformations économiques opérées sous ses deu
x mandats (1989-1999).
Le nouveau
modèle, d'inspiration néolibérale, s'est en effet construit sur
une très sévère cure d'austérité et sur
l'intégration au sein du Mercosur (Marché commun du sud de l'Amé
rique), union douanière avec le Brésil,
l'Uruguay et le Paraguay entrée en vigueur en 1995.
En dix ans, l'É
tat argentin, lourdement endetté et
confronté en 1989 à une crise d'hyperinflation, a renoncé à
l'indépendance monétaire (la valeur du peso
est fixée à un dollar des États-Unis), réduit ses dépens
es, privatisé les entreprises publiques et abaissé
ses barrières douanières.
L'Alliance, persuadée de l'absence d'
alternative à la politique d'excédents
budgétaires visant à desserrer l'étau de la dette extérieure
, s'est portée garante de sa continuité et s'est
engagée à remédier à ses dramatiques conséquences sociale
s.
Dans son entreprise de conquête du pouvoir sans rupture, la coalition
d'opposition a su focaliser la
campagne électorale sur le rejet par l'opinion publique de la frivoli
té du président Menem et de la
corruption de son entourage.
Son candidat à la Présidence, le radi
cal Fernando de la Rúa, a joué sur ses
succès comme maire de la capitale Buenos Aires et sur les railleries
de ses rivaux au sujet de son
caractère "terne".
Son rival péroniste, Eduardo Duhalde, gouverneu
r sortant de la province de Buenos
Aires, a été doublement handicapé par l'héritage social lais
sé par C.
Menem et par l'absence de soutien
de ses camarades gouverneurs et du Parti justicialiste (PJ), contrô
lé par le président sortant (décidé à se
représenter en 2003).
Ses promesses populistes n'ont pu ranimer les
réflexes identitaires des électeurs
péronistes.
F.
de la Rúa et son colistier Carlos Alvarez du Frepas
o ont ainsi été élus à la Présidence et à la
vice-présidence dès le premier tour avec 48,5 % des voix, devanç
ant de dix points les péronistes E.
Duhalde et Ramón Ortega.
La surprise n'est pas tant venue de la bonne
tenue du PJ aux élections de
gouverneurs des provinces, dont certaines avaient précédé les é
lections générales, que du score national
de 10 % réalisé par le candidat de l'Action pour la république
(AR), Domingo Cavallo, principal artisan des
réformes sous le premier mandat Menem, représentant la droite libé
rale.
Autre fait majeur, dans la
province de Buenos Aires, où vit le tiers de l'électorat et qui es
t traditionnellement acquise au péronisme,
F.
de la Rúa a devancé E.
Duhalde.
Mais le poste de gouverneur est
allé au péroniste Carlos Ruckauf, qui
avait explicitement appelé les électeurs à distinguer les deux
élections.
Au scrutin simultané pour le renouvellement de 130 des 257 député
s fédéraux, l'Alliance est arrivée en
tête avec la même avance.
Elle est devenue le principal groupe par
lementaire, avec 124 sièges, contre
101 au PJ et 12 à l'AR, dont le soutien lui devenait dès lors né
cessaire à 130.
Candidat à l'élection
municipale de Buenos Aires laissée vacante par F.
de la Ruá, D.
Ca
vallo a été battu par Anibal Ibarra, de
l'Alliance.
La nomination aux ministères de l'Économie, des Affaires étrang
ères, de l'Éducation et de la Défense,
d'économistes partisans de la rigueur et de la relance du Mercosur a
caractérisé le gouvernement entré
en fonction le 10 décembre 1999 avec sa tête F.
de la Rúa.
Les
radicaux y ont obtenu 8 des 10
ministères, tandis que les portefeuilles du Travail et de l'Action so
ciale sont allés au Frepaso, la gauche de
l'Alliance.
La contraction des exportations, due à la baisse des cours des matiè
res premières puis à la dévaluation
de la monnaie en janvier 1999, a fait chuter le PIB de 3,1 % entre 1998
et 1999 et porté le taux de
chômage à 14 % en 1999.
Le creusement du déficit de l'État e
t des provinces (3,8 % du PIB contre 2 %
en 1998) a conduit à l'adoption de mesures d'urgence en début d'a
nnée puis en mai 2000 : nouvelles
coupes budgétaires, augmentation des impôts, baisse des transferts
vers les provinces.
La dette
extérieure a atteint 145 milliards de dollars au premier trimestre 20
00, soit 50 % du PIB, mais l'accord
conclu avec le FMI en début d'année a rassuré les marchés fi
nanciers.
Face à l'absolue nécessité de.
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