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Arafat, Yasser

Publié le 06/12/2021

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1   PRÉSENTATION

Arafat, Yasser (1929-2004), homme politique et militant palestinien, chef de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) de 1969 à 2004 et président de l’Autorité palestinienne de 1996 à 2004.

Se réclamant tout à la fois du marxisme, du nationalisme arabe et de l’islam, ancien activiste terroriste devenu prix Nobel de la paix, Yasser Arafat apparaît comme une personnalité politique contrastée et contestée. Il n’en reste pas moins qu’il a considérablement contribué à donner une véritable identité au peuple palestinien, dont il a incarné la cause pendant plusieurs décennies.

2   LE FONDATEUR DU FATAH

Yasser Arafat est très vraisemblablement né au Caire, même si ses origines, à l’instar d’autres aspects de sa vie, ont fait l’objet de nombreuses rumeurs et légendes, le faisant naître en particulier à Jérusalem, la capitale revendiquée de la Palestine. De son vrai nom Abel Rauf Arafat al-Qudwa, il est le fils d’un commerçant en épices originaire de Jérusalem. Après la mort de sa mère, en 1933, il est envoyé vivre quelques années à Jérusalem et assiste à la révolte arabe de 1936 contre l’impérialisme britannique et l’immigration juive. De retour en Égypte trois ans plus tard, il y demeure jusqu’à l’âge adulte.

Parallèlement à ses études d’ingénieur, il s’engage dès 1950 dans la lutte contre le jeune État d’Israël, milite auprès des Frères musulmans, une confrérie islamiste qui prône la guerre sainte contre l’État juif, et suit l’entraînement des combattants palestiniens, les fedayin. C’est là qu’il rencontre ses futurs compagnons d’armes, dont Khalil al-Wazir et Salah Khalaf, lequel l’introduit dans le milieu nationaliste de Gaza.

En 1957, il s’installe au Koweït. Convaincu de la nécessité d’organiser la résistance palestinienne sous la forme d’un mouvement national révolutionnaire autonome (indépendant des pays arabes), il y fonde en 1959 le Mouvement de libération de la Palestine ou Fatah (« conquête «). Dotés de noms de guerre — Yasser Arafat devient Abou Ammar, Khalil al-Wazir, Abou Jihad, Salah Khalaf, Abou Iyad —, les membres du Fatah mènent leur première opération commando le 1er janvier 1965 et multiplient par la suite les raids en territoire israélien. Arborant treillis et keffieh, Yasser Arafat incarne dès lors la lutte du peuple palestinien.

3   LE CHEF DE L’OLP

Fort de ses succès militaires, Yasser Arafat est élu en 1969 à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Créée en 1964 sur l’initiative du président égyptien Nasser pour canaliser le nationalisme palestinien, l’OLP a intégré le Fatah en 1968. Le nouveau chef de l’OLP met l’accent sur les aspirations palestiniennes, reléguant au second plan les visées panarabes de l’organisation. Après l’expulsion sanglante des résistants palestiniens de Jordanie vers le Liban, en septembre 1970, il cautionne une série d’opérations de terrorisme international sanglantes (voir Septembre noir).

Sa stratégie terroriste s’infléchit à partir de 1974 alors qu’il entreprend d’obtenir une reconnaissance internationale de la cause palestinienne. Il limite les activités terroristes à Israël et aux territoires occupés, et fait adopter par l’OLP le principe de la création d’une autorité nationale sur les territoires « libérés « de la Palestine (voir bande de Gaza et Cisjordanie). Au mois de novembre 1974, il est convié à la tribune de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), devenant ainsi le premier représentant d’une organisation non gouvernementale à intervenir à l’ONU. Dans ce discours devenu célèbre, il appelle à une solution pacifique : « Je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire, ne laissez pas tomber le rameau de ma main «.

Au Liban, Yasser Arafat fait cependant prospérer l’OLP, qui devient une entreprise florissante (hôpitaux, usines, écoles, journaux, etc.). Si l’OLP fournit des services sociaux aux réfugiés palestiniens, elle arme et organise aussi les groupes terroristes. En 1982, à la suite de l’invasion israélienne au Liban, il est de nouveau contraint à l’exil et installe son quartier général à Tunis, tandis que ses troupes sont dispersées. À la tête d’une OLP extrêmement affaiblie et divisée, il doit abandonner la stratégie militaire pour l’option politique.

Yasser Arafat parvient à renforcer son leadership à la faveur de l’Intifada (« guerre des pierres «), lancée en décembre 1987 dans les territoires occupés de la bande de Gaza et de Cisjordanie. Alors que l’OLP est confortée dans son rôle de seule représentante du peuple palestinien, Yasser Arafat s’engage activement dans la voie diplomatique. Il renonce à la lutte armée et reconnaît l’existence d’Israël : l’une des principales conditions imposées par les États-Unis à l’instauration d’un dialogue avec l’OLP est ainsi remplie. Le soutien qu’il apporte à Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe en 1990-1991 stoppe toutefois ses efforts de paix et nuit à son image internationale.

4   LE PRÉSIDENT DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE

Après de longues négociations secrètes tenues à Oslo, Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin signent à Washington, en septembre 1993, un accord de paix historique (voir accord de Washington) ouvrant la voie à une autonomie palestinienne dans la bande Gaza et en Cisjordanie. Le leader palestinien reçoit le prix Nobel de la paix 1994, en même temps qu’Yitzhak Rabin et Shimon Peres. Accueilli par une foule immense à son retour en Palestine, il est élu à la tête de la nouvelle Autorité palestinienne en janvier 1996.

L’assassinat de Yitzhak Rabin puis l’élection du leader du Likoud Benyamin Netanyahou à la tête du gouvernement israélien, en mai 1996, conduisent à une remise en cause de l’esprit des accords d’Oslo. En mai 1999, date prévue pour un accord sur le statut définitif des territoires occupés, Yasser Arafat, notamment sous la pression des États-Unis et de l’Union européenne, diffère la déclaration unilatérale d’un État palestinien. En Israël, l’élection concomitante du travailliste Ehoud Barak au poste de Premier ministre fait renaître l’espoir dans le camp de la paix. Le sommet de Camp David II organisé en juillet 2000 sur l’initiative du président Bill Clinton afin d’aboutir à un accord de paix global se solde toutefois par un échec. La visite d’Ariel Sharon, chef du Likoud, sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem, conjuguée à la poursuite de la colonisation déclenche à l’automne 2000 une deuxième Intifada.

Soutenu par les pays arabes, Yasser Arafat se trouve de plus en plus isolé entre un gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon, moins que jamais disposé à faire des concessions, et les mouvements extrémistes (tel le Hamas) qui se développent dans les Territoires palestiniens — le propre mouvement de Yasser Arafat, le Fatah, prenant part à l’escalade militaire. Divisant son entourage pour mieux asseoir son pouvoir, Yasser Arafat fait l’objet de critiques concernant la corruption du régime et le déficit démocratique.

Affaibli tant sur la scène internationale que sur le plan intérieur — il est assiégé par l’armée israélienne dans son quartier général de Ramallah (Cisjordanie) à partir du mois de décembre 2001 —, Yasser Arafat n’est plus un « interlocuteur valable « pour des négociations de paix, aux yeux d’Israël et des États-Unis. Il se voit ainsi contraint d’abandonner une partie de ses prérogatives en instituant un poste de Premier ministre au sein de l’Autorité palestinienne, en mesure de conduire les négociations. Au printemps 2003, il nomme à ce poste son bras droit, le numéro deux de l’OLP, Mahmoud Abbas. La démission de ce dernier, quelques mois seulement après sa nomination, en raison notamment de ses désaccords avec Yasser Arafat, montre cependant la place incontournable que le leader historique palestinien veut continuer d’occuper sur la scène politique nationale et dans la résolution du conflit avec Israël. Sa succession n’est pas préparée lorsque, gravement malade, il est autorisé à quitter Ramallah en octobre 2004 pour être soigné en France. Il décède à Paris le 11 novembre 2004 et est inhumé à Ramallah.

 

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