Arachné
Publié le 03/04/2021
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Arachne
Dans le mythe d’Arachne, les deux informations cruciales qui nous sont données sur la jeune
fille sont celles-ci : elle est belle, et tisse avec une habileté exceptionnelle.
Ce premier détail
peut sembler insignifiant, mais il est en fait d’une très grande importance.
En effet, le thème
de la beauté intervient plusieurs fois au cours du mythe : d’abord à travers l’apparence
d’Arachne, puis avec la toile victorieuse.
Athéna reconnait elle-même que la création de la
jeune femme est meilleure que la sienne, et justement elle représente les comportements
honteux des dieux.
On peut donc dire que, d’une certaine manière, la toile d’Arachne est plus
honnête que celle d’Athéna.
Ici, un parallèle avec la censure peut-être fait.
Le gouvernement
au pouvoir, représenté par la déesse Athéna, décide de l’autorisation ou de l’interdiction de
publier les œuvres des artistes selon ce qu’il admet.
Athéna déchire d’ailleurs la création
d’Arachne avant de la transformer en araignée, détruisant ainsi les « preuves » pouvant ternir
sa réputation, en plus de punir Arachne pour son arrogance.
Cette dernière pourra continuer à
tisser, mais elle ne pourra plus créer des œuvres d’art ayant une signification et un impact sur
la société.
En un sens, ce châtiment est encore plus cruel que si Athéna l’avait tuée, car
Arachne est condamné à exercer son art sans aucune démarche artistique derrière : on peut
dire que ses toiles n’ont alors plus aucune valeur.
En devenant un animal, Arachne perd sa
conscience et sa capacité d’esprit critique, toutes des qualités qui font de l’être humain ce
qu’il est et le rend capable de faire de l’art.
Nous pouvons observer que l’animal en quel
Arachne se transforme n’est pas anodin : les araignées sont bien sûr des arachnides qui tissent
des toiles, mais elles sont aussi populairement considérées comme laides et même effrayantes.
Cette laideur est directement opposée à la beauté originelle d’Arachne, qui est dans ce mythe
porteuse de la vérité.
Ce thème de la beauté associée à la vérité remonte à très longtemps dans
l’histoire de nos civilisations, nous pouvons déjà en trouver un exemple dans la philosophie
de Platon.
L’allégorie de la caverne sert en effet à illustrer l’existence du « Monde des Idées ».
Dans ce plan ou cette partie du monde immuable, l’essence de toutes les choses resplendit,
c’est-à-dire la chose en soi, l’Idée de la chose.
C’est donc le monde du vrai, du beau et du
bien.
Les grecs anciens valorisaient énormément la beauté, particulièrement la beauté
masculine, svelte et athlétique.
Encore aujourd’hui, une grande importance est placée dans
l’apparence physique et nombreuses qualités morales et personnelles sont attachées à la
beauté extérieure, bien que cela n’est strictement aucune influence sur la personnalité d’un
individu.
Au contraire de cette tendance, l’araignée est un animal qui révulse beaucoup de
gens.
Nous allons voir pourquoi cela est le cas..
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