Arabie saoudite (1994-1995): Un régime toujours opportuniste
Publié le 12/09/2020
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Arabie saoudite 1994-1995
Un régime toujours opportuniste
Quatre ans après la fin de la guerre du Golfe (1991), l'Arabie saou
dite était loin d'avoir surmonté les
difficultés nées de l'occupation du Koweït par l'Irak et de l'o
pération Tempête du désert (bombardements
intensifs entrepris par la coalition anti-irakienne).
Pour échapper au reproche d'avoir appuyé un régime guère plu
s démocratique que celui de Bagdad dans
le seul but de préserver leurs intérêts économiques dans la
région, les grandes puissances occidentales,
têtes de file de la coalition anti-irakienne, avaient réclamé d
e Riyad un geste et obtenu formellement
satisfaction avec la création, le 1er mars 1992, d'un Majlis al-Shour
a.
Mis en place le 28 décembre 1993
seulement, ce Conseil consultatif, réunissant 60 membres nommés, a
rapidement montré ses limites:
dépourvu d'initiative, il s'est contenté de donner son avis sur le
s seuls sujets soumis à sa réflexion par le
gouvernement.
Considéré cependant par les religieux comme un "prem
ier pas vers un système
démocratique inconnu de l'Islam", il a fourni un sujet supplémenta
ire d'acrimonie aux islamistes radicaux.
L'arrestation d'un prédicateur contestataire, Safar Al-Hawali, a susc
ité, le 26 septembre 1994, dans la
province centrale du Qassim (berceau du wahhabisme), un violent mouvem
ent de protestation, dirigé par
un autre activiste notoire, Cheikh Salman Al-Awda, qui n'a pu être ré
duit que par une action résolue de la
Garde nationale et par des arrestations massives.
Intervenant après les pétitions des milieux ultra-orthodoxes contr
e la présence de soldats non musulmans
dans le pays (1991) et après la publication d'un "mémorandum de
conseil" signé de plus de cent religieux
pour réclamer des "réformes profondes" (1992), cette affaire a c
ontraint le roi Fahd à sortir de son
attentisme.
A quelques jours d'intervalle ont été créés un H
aut Conseil pour les affaires religieuses (5
octobre 1994), chargé de contrôler l'affectation des sommes colle
ctées par les associations caritatives
auprès des particuliers, et un Haut Conseil pour l'orientation islami
que (9 octobre), ayant pour mission
d'encadrer de manière plus stricte la formation et l'activité des
prédicateurs.
De Londres et Khartoum,
deux organisations islamistes interdites, le Comité de défense des
droits légitimes du Dr al-Massari (créé
le 7 mai 1993) et l'Organisation pour le conseil et la défense des d
roits légitimes (créée le 25 avril 1994)
d'Oussama ben Laden, l'un des principaux financiers des "Afghans arabes"
, ont inondé le royaume de
tracts dénonçant la gestion calamiteuse de la famille royale.
Priv
ée de liberté d'expression et
d'organisation politique, la population a trouvé un exutoire dans la
diffusion sous le manteau de cette
littérature condamnée par les autorités religieuses.
Une situation économique plus fragile
Gravement affectée par le coût de la guerre du Golfe (entre 55 et
60 milliards de dollars) et par les
dépenses d'armement et de sécurité engagées par le pays pour
remercier ses alliés (30 milliards de
dollars pour les seuls États-Unis), l'économie a connu en 1994 un
début d'amélioration: de 10,1% en
1993, le déficit budgétaire a été ramené à 5,6% du PIB
.
Ce résultat aurait pu être meilleur si une
gesticulation militaire irakienne en direction du sud, début octobre
1994, n'avait fourni aux États-Unis le
prétexte d'une dramatisation et d'un déploiement de troupes auxque
ls Riyad a dû apporter son appui
politique et son soutien financier (330 millions de dollars).
Si le royaume a décidé de poursuivre en 1995 sa politique de dé
flation des dépenses publiques, pour les
ramener de 42,6 à 40 milliards de dollars (3% du PIB), il a égal
ement entrepris d'acquitter les factures
des prestataires de services de l'État, dont la suspension, parfois d
urant dix-huit mois, avait contribué à
l'embellie des résultats, mais avait aussi mis en péril ses entrep
rises à l'intérieur du pays et sa réputation
à l'extérieur.
Afin de porter dans le même temps ses recettes d
e 32 à 36 milliards de dollars, et à défaut
d'entamer la privatisation ou d'instaurer la fiscalité directe réc
lamée par le FMI, mais rejetée par les
religieux, le royaume a relevé certains tarifs et créé quelques
taxes, espérant retirer 3,2 milliards de
dollars de ces diverses mesures.
C'est cependant bien entendu d'abord sur le maintien de l'Irak de Saddam
Hussein au banc des nations
que le pays a tablé, en 1994 et 1995, pour surmonter ses difficulté
s de trésorerie.
Il a été conforté dans.
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