Appel (Karel)

« 1 / 2 1•• mars 1967 Série c-18 Fiche N• 1644 Appel (Karel) 1.

Selon le critique anglais Herbert Read, le peintre hollandais Karel Appel a décou­ vert le monde de l'expressionnisme abstrait que Van Gogh aurait cherché en vain.

Le style fougueux de ses œuvres, célèbres dans le monde entier, s'est affirmé surtout à travers le mouvement Cobra dont il fut l'un des fondateurs ..

2.

Né à Amsterdam en 1921, Appel, fils de coiffeur, délaisse à 18 ans la boutique paternelle et veut devenir artiste.

Après diverses pérégrinations (il travaille notamment dans les mines belges), il entreprend de 1940 à 1943 des études à l'Académie des beaux-arts d'Amsterdam.

En 1946, ses œuvres attirent l'attention dans un salon d'ensemble au Stedelijk Museum.

Suivent deux expositions personnelles, l'une à Groningue, l'autre à Amsterdam qui consacrent sa valeur.

Entre-temps, Appel participe activement à l'avant-garde, collabore à la revue " Cobra » et témoigne d'un grand intérêt pour l'art des enfants.

En 1949, une peinture murale pour le réfectoire de l'Amsterdam City Hall est jugée si scandaleuse que les autorités la font recouvrir de papier peint.

Appel ne renonce pourtant pas aux décors muraux.

En 1951, il en donne un au Stedelijk Museum.

En 1955, Rotterdam lui commande une grande ,fresque («The Wall of Energy »).

Fixé depuis 1950 à Paris, Appel a participé aux biennales de Sâo Paulo et de Venise.

En 1960, le Prix Guggenheim vint consacrer le succès d'un peintre dont la rétrospective, au Palais des beaux-arts de Bruxelles (1965), devait confirmer l'importance croissante.

3.

Influencé par Van Gogh et Soutine mais aussi par Dubuffet, Asger Jorn et les dessins d'enfants, Appel a créé un style original où l'expressionnisme nordique se marie à une sensualité confuse et ardente.

Bien que séduit par l'expressionnisme américain et par De Kooning, il a gardé un lyrisme coloré et une violence très per­ sonnels.

Des reliefs polychromes de 1948 («Enfants questionnant») au "Nu bleu" (1960), la même profusion de signes frénétiques s'étale vigoureusement en taches rouges, bleues, jaunes, en reliefs d'un noir incisif.

Appel considère la peinture comme un combat.

Il déclare volontiers qu'il est Intéressé par la force, non par l'esthétique.

Son amour du jazz (il a peint les portraits de Sarah Vaughan et de Dizzy Gillespie) ne semble pas étranger à la puissance de choc de son art.

4.

Enclin au style monumental, Appel en vient à réclamer la collaboration de l'archi­ tecte afin d'intégrer à la composition picturale des décors muraux des éléments tels que portes, balcons, fenêtres.

De cet esprit, issu en partie des critiques adressées par Cobra au Bauhaus, naquirent certaines réalisations communes avec les architectes Bart van Kasteel (église moderne à Geleen) et Bakena (mur du pavillon hollandais à l'Exposition universelle de Bruxelles).

5.

La vivacité des tons et la solidité des volumes traduisent chez Appel un respect de la matière et une vitalité caractéristiques des peintres de Cobra.

Le souvenir de l'art expérimental pratiqué dans les années 50, estiment ses admirateurs, a préservé sa peinture de tout poncif. 2 / 2. »