Appalaches

« 1 / 2 25 novembre 1964 Série N• 20 Fiche N• 229 Appalaches 1.

Le sous-développement économique, avec son cortège de misères matérielles et morales, existe aussi aux Etats-Unis.

Au cœur du pays le plus riche du monde, la régipn montagneuse des Appalaches (quelque 430 000 km 2 s'étendant sur dix Etats, de la Pennsylvanie à l'Alabama) montre une telle pauvreté que le Gouvernement améri­ cain a décidé de consacrer 4 milliards de dollars à son aménagement.

2.

Plus de la moitié des 15 300 000 habitants des Appalaches vivent dans des zones rurales (moyenne des Etats-Unis: 32 %).

En dehors des grandes villes: Pittsburgh, Knoxville, qui sont prospères, sévit un chômage touchant en certains endroits jusqu'à 35 Ofo de la main-d'œuvre.

La majeure partie de la population vit de secours.

Plus d'un million de personnes ne se nourrissent qu'avec les surplus agricoles distribués par les autorités.

De nombreux vieillards et enfants présentent les signes caractéristiques de la sous-alimentation et du manque de soins médicaux.

3.

Peuplées d'Américains de vieille souche, les Appalaches ont commencé à dépérir avec la reconversion de l'industrie charbonnière.

Beaucoup de mines furent fermées; les plus rentables reçurent un équipement automatique qui entraîna le licenciement de nombreux mineurs (60 Ofo des effectifs entre 1950 et 1960).

Experts dans leur métier mais sans autre spécialité, ceux-ci n'ont pu trouver un emploi dans les autres secteurs de l'économie.

Les plus jeunes ont quitté la région; les autres sont devenus des Indigents.

4.

La pauvreté agricole des Appalaches aggrave la crise sociale.

Les exploitations sont rares et tendent, elles aussi, à réduire leur main-d'œuvre.

L'Insuffisance des moyens de communication et le mauvais état des routes existantes n'incitent guère aux investissements.

Au total, depuis dix ans, le nombre d'emplois dans la zone des Appalaches a diminué de 640 000.

5.

Le programme d'assistance (partie essentielle du plan de lutte contre la pauvreté lancé par le président Johnson) s'étendra sur cinq ans.

Il prévoit la construction de 3700 km.

de nouvelles routes, la restauration des pâturages, afin de permettre le développement de l'élevage, et de la forêt, la remise en marche d'un certain nombre de mines (le charbon devant trouver de nouvelles utilisations chimiques) et un effort considérable de formation professionnelle.

Un crédit de 228 millions de dollars a été demandé au Congrès pour la seule année 1964.

6.

Contrairement à ce qui se produit dans les régions sous-développées à l'extérieur des Etats-Unis, aux Appalaches la pauvreté n'engendre aucune tension politique, mais plutôt une résignation et un abandon à la charité publique.

Très minoritaires au sein d'une société opulente, les habitants des Appalaches constituent beaucoup moins un prolétariat qu'une collectivité en voie de « clochardisation "· 2 / 2. »