ANF
Publié le 16/05/2020
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10 février 1965 Série N• 30 Fiche N• 351
ANF
1.
Le projet de force nucléaire multilatérale (MLF) conçu par le Gouvernement amé
ricain semble désormais difficilement réalisable, du moins dans les délais très courts
souhaités par Washington.
Tenant compte des obstacles imprévus qui
se dressent
devant la MLF (le principal étant le souci allemand de ne pas rompre avec la France),
le Gouvernement britannique a élaboré
un projet de remplacement: la force atlantique
nucléaire (Atlantic Nuclear Force - ANF).
2.
L'ANF constituerait un ensemble Intégré comprenant d'une part la MLF telle
qu'elle était envisagée initialement, et d'autre part la totalité des forces stratégiques
de la Grande-Bretagne (bombardiers V et trois sous-marins atomiques en construc
tion), une partie de la flotte américaine de sous-marins atomiques, et enfin un certain
nombre de fusées balistiques américaines du type Minuteman (intercontinentales, à ogives thermonucléaires).
3.
Le projet a été présenté au Conseil de l'OTAN en décembre 1964.
Son étude se poursuit actuellement au sein d'une commission extérieure à l'OTAN, où sont repré
sentés les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Allemagne fédérale, l'Italie et les Pays-Bas.
Outre la France, aussi hostile à l'ANF qu'à la MLF, le Canada, la Belgique et le Portugal ont pris position contre le nouveau projet, estimant que sa mise en œuvre
détruirait ce qui subsiste de l'organisation militaire atlantique et qu'elle n'aurait guère
d'autre effet que de donner à l'Allemagne un droit de regard (souvent contesté) sur
l'arsenal nucléaire de l'OTAN.
4.
L'état-major américain est lui-même peu enthousiaste.
Il préférerait sans doute l'ANF à rien du tout, mais il s'inquiète de la complexité des mécanismes envisagés.
L'emploi de l'ANF dépendrait, en effet, d'un vote pondéré des pays membres.
Le droit
de veto serait accordé à la fois aux Etats-Unis et à l'ensemble des autres participants.
Et la Grande-Bretagne disposerait d'un veto supplémentaire pour ce qui concerne
ses propres forces.
Dans ces conditions, estiment certains stratèges américains, seule
la France pourrait décider pratiquement d'engager l'OTAN dans une guerre nucléaire
puisque seule elle pourrait utiliser librement son armement nucléaire.
5.
On reproche aussi à l'ANF de ne constituer qu'un pool des moyens existants.
Elle entrainerait inévitablement une réduction du nombre des unités mises à la disposition
de la MLF et l'URSS aurait moins de difficulté à surveiller celle-ci (25 bâtiments de la MLF doivent immobiliser théoriquement 250 bombardiers patrouilleurs et 50 sous
marins atomiques soviétiques).
6.
En raison de ces critiques et bien que le secrétaire américain à la Défense, M.
MacNamara, soutienne le projet comme un pis-aller, il est peu probable que les premières décisions concernant l'ANF puissent être prises avant que soient connus les résultats des élections allemandes du prochain automne..
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