Andromaque, Acte III, scène 8 (v.992-1011) Le dilemme tragique & le registre pathétique
Publié le 25/04/2022
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Andromaque, Acte III, scène 8 (v.992-1011)
Le dilemme tragique & le registre pathétique
Situation du passage : A l’acte I (scène 4), Pyrrhus, amoureux fou d’Andromaque l’avertit du danger
qui repose sur Astyanax (la venue de l’ambassade d’Oreste).
Il lui affirme qu’il protègera l’enfant si elle
l’épouse.
Andromaque, toujours dans le souvenir de son défunt Hector refuse.
Le spectateur découvre
le personnage d’Andromaque dans une disposition d’esprit intraitable : elle est résolue à mourir et à
voir mourir son fils, plutôt que de céder aux avances de Pyrrhus.
Cependant, l’acte III présente une
Andromaque très différente face à la mort imminente d’Astyanax.
A la scène 4, elle demande de l’aide
à Hermione pour faire protéger son fils… qui refuse cruellement.
A la scène 6, Elle s’humilie aux pieds
de Pyrrhus qui réitère son chantage (la vie de son fils contre… mariage).
Dans cette scène, tiraillée
entre son amour maternel et le dégoût que Pyrrhus lui inspire, Andromaque se confie à Céphise et
tente de prendre une décision face à ce dilemme tragique.
Céphise lui conseille d’épouser Pyrrhus désigné par « un roi victorieux ».
Il s’agit d’une périphrase
(=figure qui exprime en plusieurs mots ce que l’on pourrait dire en un seul).
Elle permet de désigner
Pyrrhus de manière valorisante et élogieuse.
La périphrase est un moyen détourné d’évoquer Pyrrhus
sous le jour qui lui est le plus favorable, et ce, sans le nommer, afin de ménager les sentiments
d’Andromaque
Lecture linéaire de l’extrait v.
992-1011 : Andromaque évoque un événement traumatisant pour elle
: la prise de Troie.
Elle force ainsi Céphise à se souvenir de l’horreur de cette nuit au cours de laquelle
périrent tous les proches d’Andromaque et à comprendre la douleur vive qui en découle.
Type de texte : Il s’agit d’un récit, celui d’un événement passé par rapport à la situation d’énonciation
(Andromaque raconte son souvenir de la prise de Troie).
De plus, il aurait été interdit pour un
dramaturge classique de montrer sur scène cet événement en raison du respect des bienséances (pas
de scènes sanglantes).
Enjeu : En quoi le récit de ce funeste épisode de la Guerre de Troie devient pour Andromaque un ultime
acte de fidélité à son camp?
Son argumentation repose sur le souvenir de la prise de Troie et du rôle que le roi d’Epire y a joué
: elle garde en souvenir le spectacle de désolation auquel elle a assisté avant d’être faite prisonnière.
Pyrrhus, on vient de le voir, par amour pour Andromaque, semble tout oublier (v.
990).
Au contraire,
Andromaque marque son refus d’oublier : « Dois-je les oublier, s’il ne s’en souvient plus ? ».
L’opposition radicale de ces deux réactions est accentuée par leur position dans le vers (l’un et l’autre
dans un hémistiche).
Les procédés accentuent sa volonté de ne pas oublier : emploi de questions
rhétoriques (= fausse question dont la réponse est évidente) : « Dois-je oublier… ? » (v.
992-96).
Emploi de l’anaphore « Dois-je oublier » (= répétition du même mot ou groupe de mots en tête de
phrase)= Désir inébranlable de se souvenir, que cela reste présent à l’esprit
Elle pousse Céphise à visualiser le plus concrètement possible ce que fut cette nuit d’horreur, comme
le soulignent les impératifs d’exhortation appartenant au champ lexical de la vue : « Songe, songe »
(v.
997 & 1003) ; « figure-toi » (v.999) ; « Peins-toi » (v.
1005).
Cette figure de rhétorique qui vise à.
»
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