André Maurois (1886-1967), Soixante ans de ma vie littéraire.
Publié le 02/07/2020
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« Un trait frappant du monde moderne est la coexistence de deux cultures une culture de masse et ce qu'on a appelé une « culture cultivée». La culture de masse a été favorisée par les nouveaux moyens techniques de diffusion : livre de poche, radio, télévision, cinéma. Elle a besoin d'une audience immense et cherche a être universelle. Le plus étonnant est qu'elle y réussit. Un film excellent plaît à Rome comme à New York, à Tokyo comme à Dakar. Un livre est publié le même jour en trente langues. Les éditeurs travaillent à l'échelle planétaire. Jamais les chefs-d'oeuvre n'ont trouvé une telle audience. Pourtant cette gigantesque industrie culturelle a d'abord effrayé l'écrivain moderne. « Mes idées, disait-il, y seront filtrées par les producteurs, laminées par les techniciens. Qu'en restera-t-il?» Le miracle est qu'il en reste quelque chose. Il y a du déchet, sans doute, mais la culture de masse diffuse aussi de la beauté. Il le faut bien. Les besoins profonds des hommes n'ont pas changé. Pour attirer les spectateurs, pour les fixer, pour leur donner la ration de poésie et de grandeur, sans laquelle ils sont malheureux, les techniques de masse ne peuvent se passer longtemps de l'invention créatrice. On peut, par des spectacles vulgaires, occuper quelques hommes quelque temps, mais non tous les hommes tout le temps. Là aussi le choc demeure un élément nécessaire de l'oeuvre d'art. Un film de style neuf (La Strada, Hiroshima mon amour, Marienbad) aura plus de succès qu'un film banal, Les grands écrivains se vendent mieux, en livre de poche que les auteurs médiocres. La culture de masse donne à l'écrivain moderne une chance, jusqu'alors jamais égalée, de modeler les hommes. Le progrès technique accroît et accroîtra de plus en plus la durée des loisirs. Pour remplir ces heures de repos, la lecture et le spectacle vont coopérer. « La culture de masse, écrit Edgar Morin, s'étend dans la zone abandonnée par le travail, la fête, la famille... De la vacance des grandes valeurs naît la valeur des grandes vacances [...]. Ne gagnant plus son pain à la sueur de son front, une part croissante de l'humanité doit recourir aux activités de jeu». Des esprits innombrables, sur toute la planète, vont être transformés par le livre, la scène et l'écran. Dès maintenant l'influence de nos civilisations occidentales se fait sentir chez des peuples qui jusqu'alors nous étaient fermés. L'industrie culturelle s'adresse à toutes les classes, à tous les pays. De même que les grands magasins proposent du « prêt à porter» signé des noms les plus illustres de la couture, le génie est annexé par la culture de masse. Quelle chance pour nos écrivains ! Quelle chance, oui, si nous avons quelque chose de grand à leur apporter. [. ..]. Là est tout le problème de l'écrivain moderne. S'il n'a rien à offrir que le désespoir ou qu'un système de valeurs hédonistiques 1, alors des esprits avides chercheront ailleurs leur pâture. Mais il faut espérer qu'au-delà du dégoût, au-delà de l'angoisse, continuera de circuler dans une littérature mondiale, un courant de compréhension, de pitié et d'amour. Il n'est pas vrai que la jeunesse ne s'intéresse qu'aux plaisirs. Voyez le succès, en tous pays, du théâtre de Tchekov, d'Oncle Vania, des Trois soeurs, de La Mouette... Qui sait si, à la faveur de nos prodigieuses inventions, une « mutation inouïe n'est pas en train de produire un homme nouveau?». Il nous appartient, à nous écrivains, de l'aider à naître. Il nous appartient surtout de l'aider à voir, en tout homme, un homme. Les horreurs de ce qu'on a appelé l'univers concentrationnaire, cet enfer terrestre où fa cruauté, la torture, l'assassinat sont tenus pour légitimes, ces horreurs n'ont été possibles que dans la mesure où des doctrines brutales ont nié l'identité de la personne humaine chez les êtres de tous pays, de toutes classes et de toutes races. Le rôle du romancier, de l'auteur dramatique, du cinéaste, est de rendre perceptible cette humanité commune. Nos meilleurs lecteurs, ce sont de pauvres gens qui peinent, qui aiment, qui sont déçus et qui cherchent à comprendre. lis ne viennent pas au livre pour admirer une technique; ils y cherchent des valeurs; ils lui demandent des forces nouvelles pour continuer le combat. André Maurois (1886-1967), Soixante ans de ma vie littéraire. Dans une première partie, vous présenterez un résumé ou une analyse de ce texte, en indiquant nettement votre choix au début de la copie. Dans une deuxième partie, intitulée discussion, vous dégagerez du texte un problème auquel vous attachez un intérêt particulier; vous en préciserez les données et vous exposerez, en les justifiant, vos propres vues sur la question. ...»
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