ANDRÉ MALRAUX: un romancier de l'action

« Parisien, ancien élève du lycée Condorcet, ANDRÉ MALRAUX est chargé à vingt-deux ans d'une missionarchéologique au Cambodge.

Il participe à l'action révolutionnaire du mouvement Jeune-Annam, puis descommunistes chinois.

Ses équipées asiatiques lui fournissent la matière de trois romans, dont le troisième obtient, en1933, le prix Goncourt.

Membre du comité mondial antifasciste, il se met en 1936 au service des républicainsespagnols, dont il organise l'aviation.

Il est mobilisé en 1939 dans les chars.

Prisonnier, II s'évade.

Il joue un rôleactif dans la résistance et dans l'armée de la libération.Ministre de l'Information dans le premier gouvernement de Gaulle, puis délégué à la propagande dans le parti fondépar le général, il se retire, en 1950, de la vie politique.

Il redevient ministre avec le retour du général de Gaulle aupouvoir.

Il semble qu'il n'ait pas jugé compatibles ses fonctions officielles et la poursuite de son oeuvre romanesqueinterrompue depuis 1945 au profit de la critique d'art. PRINCIPALES ŒUVRES Les Conquérants (1928).C'est le drame d'un révolutionnaire qui ne croit pas au marxisme.

L'action se déroule à Canton, pendant une grèvegénérale. La Voie royale (1930).Un jeune orientaliste français, Claude Vannec, et un aventurier danois, Perken, traversent la forêt cambodgienneavec l'espoir de découvrir dans les temples en ruine des objets de valeur.

Ils sont abandonnés par leur guide et leursporteurs.

Sur le point de tomber entre les mains des Moïs et d'être réduits au plus humiliant des esclavages, ilsréussissent à négocier leur liberté.

Mais Perken, atteint d'une flèche, meurt de sa blessure.

Claude sera sauvé parune colonne de secours. La Condition humaine (1933).Ce roman a pour fondement historique l'insurrection déclenchée à Shanghai, le 21 mars 1927, par les communistes.

Ilmontre les révolutionnaires abandonnés par leurs chefs et victimes de la répression organisée par leur ancien alliéChang-Kaï-Shek. Le Temps du mépris (1935).Un chef tchécoslovaque tombé entre les mains des nazis est sauvé par le dévouement d'un inconnu qui se laisseexécuter à sa place. L'Espoir (1938).Images de la guerre civile espagnole agencées en roman.

Dans le personnage de Magnin, il est difficile de ne pasreconnaître Malraux lui-même. Les Noyers de l'Altenburg (1945) : fragment d'un grand roman La Lutte avec l'ange, dont le reste fut détruit par laGestapo. Les Voix du silence (1951), Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale (1953-1955), La Métamorphose des Dieux(1957) : essais d'histoire et de philosophie de l'art. UN ROMANCIER DE L'ACTION Romantique plus que Saint-Exupéry, auquel on le compare souvent, Malraux est angoissé par la solitude de l'homme,l'obsession de la mort, les menacesqu'il a senti peser sur notre civilisation.

Dans ses premiers ouvrages, l'aventure en elle-même lui paraît être unrefuge contre le néant.

A partir de La Condition humaine, son oeuvre est dominée par le thème de l'héroïsme.

Ilpense que l'homme peut assurer, à défaut de son bonheur, la dignité et la grandeur de sa condition enapprofondissant sa communion avec les autres hommes et en se sacrifiant pour une cause dans laquelle il n'a pasd'intérêt personnel.

Conformément à ce principe, Malraux considère l'action révolutionnaire comme le moyend'échapper à l'angoisse de la destinée.

Écrivain engagé, il l'est assurément.

Mais il cherche moins à propager unedoctrine qu'à faire participer intensément ses lecteurs à son expérience d'homme d'action. UNE TECHNIQUE ORIGINALE DU ROMAN Sa technique du roman est très moderne.

Ses procédés habituels de narration rappellent ceux du cinéma, sans quepeut-être il y ait là, plus qu'une Coïncidence.

Les scènes se substituent brusquement l'une à l'autre.Le décor n'est point posé à l'avance.

Il apparaît selon les nécessités de l'action et il est fait spécialement pour elle.Les descriptions sont remplacées par une série d'images rapides qui défilent sous nos yeux.

Mais ce qui est plusremarquable encore, c'est un foisonnement de détails, qui nous sont offerts en vrac et comme à l'état brut.

ChezMalraux, la part de la mise en forme est réduite au minimum.

Malgré cette absence d'arrangement, qui laisse accèsaux négligences, on voit surgir d'authentiques beautés, une poésie vraie, des sentiments poignants, des réflexionsprofondes.

Mais le rythme est si haletant, que l'on ne peut pas tout saisir.

Cet écrivain, disait Gide, est « rebutant àforce de richesse ».. »