analyse zone de Guillaume Apollinaire
Publié le 30/12/2021
Extrait du document
«
Lecture linéaire : Zone
Guillaume Apollinaire incarne « l’esprit nouveau » selon l’expression qu’il utilisera lors
d’une conférence en 1917.
Dans son recueil Alcools , initialement nommé Eau-de-vie , ce
vent de modernité est palpable puisqu’il s’inspire de la ville, du rythme du jazz et de la
peinture cubiste, supprimant la ponctuation de tous ses poèmes.
Toutefois, Apollinaire
respecte une certaine tradition poétique.
Effectivement, selon Pierre Brunel, il est :
« entre deux mondes ».
C’est justement cette posture particulière, entre tradition et
modernité, que nous retrouvons dans le poème « Zone », qui fait l’objet de notre étude.
Placé en tête du recueil, ce texte est, pourtant, le dernier poème rédigé par Apollinaire
avant la publication en 1913.
Toutefois, en ouvrant Alcools avec ce texte, l’auteur affirme
la modernité de son écriture et de ses inspirations.
Il évoque, dans un poème dépourvu
de versification, un espace urbain où se mêle passé et présent.
Ainsi, nous nous demanderons en quoi ce poème célèbre-t-il la modernité ?
Pour cela, nous relèverons deux mouvements dans ce texte : tout d’abord la
confrontation du passé et du présent des vers 1 à 14 et l’évocation d’un monde
moderne des vers 15 à 24.
I/ La confrontation du passé et du présent (v 1 à 10)
a/ La lassitude vis-à-vis du passé (v 1 à 3)
Nous pouvons constater que les trois premières strophes, qui ouvrent « Zone », sont
des monostiches (strophes d’un vers) et rendent palpables la lassitude d’Apollinaire
quant au passé.
Le premier vers est déroutant : « A la fin tu es las de ce monde
ancien » dans la mesure où il s’agit d’un vers classique, d’un alexandrin plus
précisément, répondant à une certaine tradition poétique.
Cependant, il s’agit déjà, pour
le poète, d’annoncer un renouveau poétique.
Effectivement, il est intéressant de noter
que la diérèse sur le mot « ancien » concourt à donner l’impression que l’adjectif se
brise : « anc-i-en » et donc que le passé s’efface.
Cette décomposition du mot évoque
aussi la peinture cubiste.
La présence de l’attribut du sujet : « las » qui met en
évidence le désir de rupture d’Apollinaire.
Le poète nous surprend en utilisant
le pronom personnel « tu » pour se désigner.
Le lyrisme (= évocation des sentiments
personnels.
Registre énormément utilisé par le romantisme mouvement littéraire du
début du XIXème siècle) est, de la sorte, mis à distance.
Pourtant, ce choix permet au
lecteur de devenir, au même titre qu’Apollinaire, le destinataire du poème.
Le vers 3
insiste plus encore sur cette envie de modernité.
Une formule assez familière : « Tu en
as assez de l’antiquité grecque et romaine » exprime la lassitude à l’égard de l’Antiquité,
considérée comme une inspiration et un modèle absolus au cours des siècles
précédents.
Enfin, le vers 2 est également à observer.
Apollinaire abandonne
l’alexandrin au profit d’un vers libre de 16 syllabes et inscrit, de la sorte, la modernité.
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