Analyse Poème Marie Apollinaire
Publié le 02/02/2022
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MARIE (poème de Guillaume Apollinaire)
Au travers du poème « Marie », Guillaume Apollinaire va à la fois illustrer la tradition de ce genre littéraire tout
en y apposant une touche originale et moderne.
Le thème de l’amour, thème lyrique traditionnel, est le thème maître de ce poème car Marie Laurencin avec qui
Guillaume Apollinaire a entretenu une relation de 1907 à 1912, est sans doute l’inspiratrice de ce poème.
L’amour revient également dans le titre car Marie est une anagramme du verbe « aimer ».
Plus précisément, le thème de l’amour est abordé sous un angle mélancolique car le texte revient sur sa rupture
avec elle, la douleur ressentie, leurs chemins qui se séparent.
Par exemple l’auteur fait allusion à leur séparation
au vers « sais-je ou s’en iront tes cheveux » (vers 16) Il met en rapport des souvenirs heureux, comme celui où
sa bien-aimée danse la maclotte (1 ère
strophe) et la tristesse de sa situation présente (Vers 23 « Le fleuve est
pareil à ma peine »).
Le choix de la « maclotte » au vers 3, danse traditionnelle qui est la déformation wallone
du mot matelote, désignant les danses que les marins exécutaient sur le bateau pour se distraire, renforce le
thème de la tradition.
Le caractère mélancolique est accentué particulièrement dans la dernière strophe grâce à un autre thème
lyrique traditionnel présent chez bien d’autres poètes comme Ronsard ou bien Ovide : celui du temps qui
s’écoule inéluctablement autrement dit la fuite du temps.
V23 « Le fleuve est pareil à ma peine, il s’écoule et ne
tarit pas » Le poète représente alors le passage du temps comme de l'eau qui coule.
Cette fuite du temps est aussi caractérisée par l’usage des temps dans le poème : le premier vers est au passé
« vous y dansiez » le dernier vers est au futur « quand donc finira » et entre les deux, il y a un mélange de
verbes au futur et au présent.
Une autre manière d’évoquer le temps et son caractère mélancolique est aussi de décrire la saison automnale
dans le vers 19.
C’est d’ailleurs la saison dominante dans le recueil « Alcools ».
Couramment utilisée avec l’hiver
pour illustrer la tristesse, la saison automnale renforce l’idée de la tradition, le rituel des feuilles qui tombent et
du froid qui s'installe revenant chaque année, et fait aussi référence à la mélancolie amoureuse que ressent
l’auteur.
Apollinaire évoque toutefois l’immanence de son amour toujours présent (vers 9 « Oui je veux vous aimer »)
même si celui-ci doit lui coûter (« mais vous aimer à peine Et mon mal est délicieux »), caressant encore l’espoir
de reconquérir Marie « quand donc reviendrez vous » (vers 5).
C’est avec cette même idée qu’il se demande si
Marie dansera à nouveau la maclotte après avoir enfanté (vers 2 « Y danserez-vous mère-grand ») ?
Comme nous venons de la voir, le poème « Marie » de Guillaume Apollinaire est centré sur le thème intemporel
de l’amour mais son auteur l’agrémente de touches de modernité nouvelle à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, il utilise particulièrement des images insolites qui vont susciter la surprise du lecteur, ce qui
amène un esprit nouveau et donc de la modernité au poème.
C’est ce qu’on peut appeler l’esthétique de la
surprise.
On peut citer à titre d’illustration les vers 11 et 12 « Les brebis s'en vont dans la neige flocons de laine et ceux
d'argent ».
Ou bien encore les vers 16 et 17 qui poursuivent l’image ovine et produisant presque un effet
comique « tes cheveux crépus comme mer qui moutonne ».
Ou bien enfin, le vers 19 défiant tout lien logique
avec les « mains feuille de l’automne ».
Au niveau de la forme du poème, Guillaume Apollinaire va innover à plusieurs niveaux.
Structurellement, il
utilise 5 quintils ce qui ne correspond pas à une forme fixe comme le sonnet.
Les Rimes sont relativement
régulières dans le poème, et correspondant à la double rime traditionnelle des quintils : de la 2ème strophe à la
dernière il y a une structure A-B-A-B-A.
Seulement, la première strophe ne suit pas ce schéma : 4 rimes
différentes, et pas de modèle.
Le vers utilisé est l’octosyllabe mais un alexandrin vient casser cette régularité au
vers 9.
Ce vers irrégulier pour le poème sert à mettre en avant l’amour de l’auteur pour Marie car il y a une
répétition de « vous aimer », ce qui crée également un effet de surprise.
Guillaume Apollinaire revient toutefois vers la tradition comme au vers 11 et 13 ou Il utilise une forme
médiévale avec une rime équivoquée avec « neige » et « que n’ai je » reprise du poète Marot, un poète.
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